Un avion d’air Algérie s’est écrasé, le 24 juillet dernier, dans la zone de Gossi, au Mali, faisant plusieurs morts de plusieurs nationalités. Suite à ce crash d’avion, le Mali avait constitué une commission d’enquête composée d’experts maliens, burkinabé, algériens et français. Le premier rapport d’enquête de cette commission a été rendu public, samedi dernier, au Centre international de conférence de Bamako, en présence des ministres des Transports et du Désenclavement, de la Sécurité Intérieure, de la Justice et des droits de l’Homme, celui de la Santé et de l’Hygiène publique et l’Ambassadeur de France au Mali. Un rapport qui semble être loin de convaincre les parents des victimes du Burkina- Faso.
Le rapport d’enquête a été présenté par N’Faly Cissé, président de la Commission d’enquête et Boudaille Bernard, enquêteur au Bureau d’étude et d’analyse de France (BEA), également membre de la commission d’enquête.
Il ressort de ce rapport d’enquête que l’équipage a respecté tous les plans de vol ; qu’il n’y a pas eu de pression sur l’équipage et qu’il n y a pas eu, non plus, de turbulences significatives enregistrées durant le vol, cela, malgré la présence de l’orage. Aussi, tous les papiers de l’avion étaient valables.
Mais les enquêteurs reconnaissent que l’auto manette de l’avion a été déconnectée quelques instants avant le crash. S’y ajoutent, les boites noires et l’enregistreur vocal qui ne fonctionnaient pas normalement avant le vol. Mais le problème de l’enregistreur vocal, a expliqué M. Boudaille, n’est pas et peut être consécutif à l’accident.
L’accident a-t-il été provoqué par un acte terroriste ou y a-t-il des pistes à prioriser ?
Pour l’expert du BEA, Boudaille Bernard, rien ne permet d’affirmer ou d’infirmer un acte terroriste, puisque l’avion est tombé entier au sol et les débris éparpillés sur une réunion de 300 m2. Il assure que la commission d’enquête entend, dans les prochains mois, orienter l’enquête sur les performances de l’avion et de ses moteurs, sur l’origine de la diminution de la vitesse de l’avion au cours du vol ainsi que sur la perte et le changement d’altitude de l’avion, afin de comprendre les causes réelles de l’accident de l’avion.
Ces explications ne semblent pas convaincre les parents des victimes du Burkina-Faso lesquels, qui n’ont pas caché leur insatisfaction lors de la présentation du rapport d’enquête.
Selon Me Halidou Ouédraogo, membre de l’association des victimes du crash au Burkina- Faso, il y a beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire. Comment utiliser un avion avec des pannes connues avant le vol ? S’interroge Me Ouedrago. Il fait allusion aux problèmes des boites noires et à l’enregistreur vocal de l’avion qui n’étaient pas, a-t-il dit, en bon état. Pour lui, la négligence de ces problèmes ne doit pas être exclue des causes du crash. Le fonctionnement normal de ces appareils pouvait permettre aujourd’hui, pense- t-il, d’avoir plus de renseignements sur l’accident de l’avion.
Par ailleurs, il se trouve que la société Air Algérie a licencié trois de ses directeurs centraux quelques semaines avant le crash de l’avion. Aussi, les parents des victimes tentent de faire un lien entre ces licenciements et l’accident de l’avion. Les parents des victimes ne comprennent pas non plus pourquoi les restes des passagers qui se trouvaient à bord ne sont pas toujours remis à leur famille.
Le ministre de la Justice et des droits de l’homme, Me Bathily, a tenté de les convaincre que l’identification des restes est en cours. En vain.
L’enquête sur le crash du vol Air d’Algérie se poursuit et les parents des victimes jurent de se battre pour la manifestation de la vérité, toute la vérité sur cette affaire.
Rappelons que le crash de cet avion a coûté la vie à 116 passagers de plusieurs nationalités qui se trouvaient à bord. Il s’agit de 54 Français, 23 Burkinabès, 8 Libanais, 6 Algériens et d’un Malien. Les six membres de l’équipage étaient des Espagnols. Il n’y a pas eu de survivants.
Abou BERTHE