La police congolaise a annoncé mardi avoir expulsé vers le Mali la journaliste Sadio Kanté pour défaut de titre de séjour. L’intéressée affirme être congolaise et crie à un complot visant à l’éloigner
Mme Kanté est l’une des premières à avoir alerté l’opinion sur l’agression dont a été victime au début du mois le journaliste camerounais Elie Smith, attaqué de nuit à son domicile de Brazzaville par des hommes armés, qui ont violé sa sœur.
Ces violences ont été dénoncées ensuite par Reporters sans frontières (RSF), pour qui « le scénario du braquage cacherait en réalité une expédition punitive » pour faire taire un journaliste dont la liberté de ton dérangerait le pouvoir, du président Sassou Nguesso, à la tête de l’Etat depuis 1997. Aujourd’hui journaliste indépendante, Mme Kanté a collaboré quelque temps avec l’agence de presse Reuters comme vidéaste.
En vertu de la loi congolaise, toute personne née au Congo a droit à la nationalité de ce pays. Mme Kanté dit être entrée la dernière fois au Congo en 2012 avec un sauf-conduit délivré par le consulat du Congo au Mali, étant donné qu’elle avait perdu son passeport.
Affirmant avoir été brutalisée ou intimidée à plusieurs reprises par les forces de l’ordre depuis un an, Mme Kanté affirme avoir demandé il y a « plusieurs mois » sa carte d’identité congolaise mais que celle-ci ne lui a jamais été délivrée. « Je reviendrai chez moi, je n’ai pas besoin de visa », dit-elle.
La République du Congo occupe la 82e place, sur 180 pays, dans le classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par RSF.