Gouverner c’est prévoir, dit-on. Mais le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, semble ignorer cette théorie universelle. Et du coup, ce principe devient la seule règle de gouvernance au Mali. La preuve ? En mars dernier, lorsque les autorités guinéennes ont annoncé les premiers tests positifs au virus Ebola, la nouvelle a suscité des inquiétudes dans la sous région ouest africaine. Dès lors les pays voisins de la Guinée, dont le Mali, étaient tenus de prendre des dispositions afin de se protéger et de protéger leurs populations. Dans ce cadre, certains pays limitrophes n’ont guère hésité à fermer leurs frontières avec la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria, tous touchés par le virus. Mais, les autorités maliennes ont surpris tout le monde en décidant d’aller à contre courant de la mesure de fermeture de nos frontières avec la Guinée.
A partir de ce moment, toutes les dispositions devraient être prises par nos autorités afin de protéger les populations maliennes. Mais le constat est révoltant. De Sébénicoro à Kourémalé (poste frontalier guinéen) aucun dispositif (sérieux) de contrôle n’a été mis en place. La frontière commune entre les deux pays est demeurée une véritable passoire. Seuls deux hangars ont été respectivement installés à Sébénicoro et à Kourémalé. Ici et là, le spectacle est affligeant. Des agents sanitaires affectés au niveau de ces deux postes passent leur temps à prendre du thé, s’ils ne sont pas entrain de dormir à poings fermés. Voilà comment le gouvernement malien lutte contre le virus Ebola. C’est fort logiquement, qu’un premier cas confirmé (une petite fille) a, sans problème, passé cette frontière pour Bamako, avant de se rendre à Kayes, où elle décéda.
Après ce premier cas, où étaient les autorités maliennes ? Le président IBK, au lieu de se rendre à Kayes, au lieu de tester le dispositif sanitaire de Bamako à Kourémalé, s’est envolé, le 31 octobre à destination de Conakry et de Monrovia. Dans ces deux capitales touchées par Ebola, le chef de l’Etat était là pour « témoigner de sa solidarité à l’adresse des Guinéens et des Libériens ». Drôle de solidarité qui ne commence pas par ses propres populations !
Le pilotage à vue ! Il a fallu le dernier cas (celui de la clinique Pasteur) pour que le chef de l’Etat, le Premier ministre, bref toute la République, se mobilisent. Une mobilisation autour d’Ebola qui frise parfois le folklore.
De Kourémalé à Bamako, chacun arrive avec ses déclarations et ses initiatives, comme pour convaincre les Maliens que leurs gouvernants n’ont qu’une seule préoccupation : les protéger contre Ebola, et assurer leur santé. La réalité ? Ce régime excelle dans le pilotage à vue.
CH Sylla