C’est sans excès que le chef de file de l’opposition et parrain de l’URD, Soumaïla Cissé, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013, s’est adressé aux hommes de média, hier mercredi 19 novembre dernier au CICB. A cette occasion, il s’est prononcé sur les grands sujets brûlants de l’actualité dans notre pays: «achat de l’avion présidentiel et des matériels militaires, l’état des négociations entre le Gouvernement et les groupes armés, la dérive mafieuse de certains marchés d’Etat dont celui du ministère de la Défense, la politisation ostentatoire de l’administration et la gestion chaotique de l’épidémie».
Il avait à ses côtés ses camarades membres du Bureau politique national de l’URD dont le président du groupe parlementaire VRD, Mody N’Diaye, la Vice-présidente, Coulibaly Kadiatou Samaké et la première Vice-présidente du Mouvement national du parti de la poignée de mains. C’est la première sortie médiatique du parrain de l’URD après l’épilogue de l’élection. Soumi s’est montré très démocrate, en dénonçant les choses telles qu’elles sont, sans mettre de l’huile sur le feu. Donnant, du coup, une belle leçon à certains qui cherchent à se faire une santé politique dans la presse en insultant le pouvoir actuel.
«Les défis à relever, multiples et complexes, sont si essentiels pour la survie du pays qu’ils ne peuvent plus supporter le mensonge, le maquillage médiatique et la fuite en avant. Seul le «parler vrai» et le «faire juste» peuvent créer les conditions d’une bonne et réelle gouvernance au service unique du peuple. Les généreuses promesses d’hier ne sont nullement concrétisées aujourd’hui. La corruption et la concussion se propagent, le népotisme, le clientélisme et le favoritisme s’accélèrent, la gabegie financière et le gaspillage des ressources prospèrent. La spirale des perversions et malversations en tous genres et en tous lieux semblent cyclonique», a déploré le fondateur de l’URD. Avant de regretter que «les problèmes et crises s’accumulent et des drames couvent sournoisement, minant plus encore le pays, le moral des populations, l’esprit patriotique et la crédibilité internationale de nos institutions».
Concernant la maladie à virus Ebola, Soumi a dénoncé une gestion chaotique de ce fléau. «C’est la panique partout dans tous les quartiers», a-t-il déclaré, en proposant la fermeture de la frontière avec la Guinée pendant un mois. Pendant ce temps, a-t-il expliqué, les agents de la santé doivent être équipés en moyens adéquats pour circonscrire le fléau. S’agissant de la sécurité, le chef de file de l’opposition estime qu’elle est mal maîtrisée. «Ce sont les vols de voitures et de bétail, les attaques terroristes, ça et là, et les attaques à mains armées au nord, au sud les vols de motos sont fréquents», a-t-il relevé. C’est pourquoi, Soumi a affirmé avoir l’impression que le Président IBK peine à prendre des mesures fermes. Dans ce sens, il a rappelé une promesse de campagne d’IBK qui lui tient beaucoup à cœur. Il s’agit de l’adoption d’une loi de programmation militaire. Car, pour lui, il faut doter l’armée malienne des moyens de sa défense. Au sujet de la réconciliation nationale, à ses yeux, ce processus traine de manière incompréhensible. Dans la même optique, il a déploré le fait que la « Commission, Vérité, Justice et Réconciliation », créée en urgence depuis mars 2014, n’est pas encore opérationnelle. Selon Soumi, la réconciliation nationale ne doit pas occulter les besoins de justice des populations victimes. Il a également soutenu qu’elle ne doit pas non plus épargner les populations refugiées dans les pays voisins.
Au chapitre des négociations avec les groupes armés, il réaffirmé que «l’URD soutient et soutiendra toujours le Mali un et indivisible». Mais le parti de Soumaïla Cissé rejette le document proposé par la médiation. Car, selon le parti de la poignée de mains, il comporte de nombreuses insuffisances. En effet, l’URD voit dans ledit document des notions inacceptables. Il s’agit notamment «de zone de développement des régions du nord» et celle de «région intégrée».
Youssouf Diallo