Conformément aux exigences du FMI, le président Ibrahim Boubacar Keïta, ne dispose plus que d’une petite dizaine de jours pour prendre des sanctions contre tous ceux qui sont trempés dans les magouilles décelées dans l’achat de l’avion de commandement et le contrat d’achat d’équipements militaires. Mais le chef de l’Etat donne la nette impression d’être pris à la gorge. Il est coincé entre le FMI et ses proches.
Rappel : Par rapport au contrat d’armement, les investigations du FMI ont décelé une surfacturation de 29 milliards de F CFA sur les 69 milliards, objet dudit contrat. Sur ce montant magouillé, 10 milliards auraient servi à différents intervenants (intermédiaires ?) dans le marché en guise de pots de vin. Et 19 milliards auraient pris diverses destinations douteuses. Le FMI est formel : c’est un contrat signé de gré à gré, de manière opaque.
Pour l’achat de l’avion d’IBK, les investigations révèlent que le montant de 20 milliards de F CFA, avancé par certaines autorités maliennes est largement supérieur au prix d’un avion de cette nature fourni par les intermédiaires spécialisés cités par le Bureau du vérificateur général. Les audits effectués ont également décelé des transactions exécutées par l’Etat en dehors de la loi. Que dire de l’implication douteuse dans ces transactions d’un homme sulfureux de la trempe de Tomi Michel, parrain de la mafia corse, actuellement poursuivi par la justice française ?
En plus des constats faits par le FMI, la section des comptes de la cour suprême et le Bureau du vérificateur général ont produit deux rapports d’audits. Il a été établi que le Mali fait face à deux gros scandales financiers qui ont permis à des gens peu scrupuleux de piller le trésor public.
Malgré ce flagrant délit de dilapidation des deniers publics, le FMI décide d’abréger le supplice des Maliens avec un (éventuel) décaissement des fonds dans le cadre de l’aide budgétaire.
En attendant le conseil d’administration du FMI…
Mais cette levée des sanctions est soumise à des conditions. D’abord, le gouvernement a accepté de publier les audits sur les sites de la Primature, du Vérificateur général et de la Cour suprême. Ensuite, le gouvernement malien a accepté d’informer l’opinion publique nationale et le FMI sur les sanctions qui devront être appliquées aux agents impliqués dans les deux affaires. En clair, le président Ibrahim Boubacar Keïta, devrait sévir contre tous ceux (ministres, proches, conseillers…) qui sont trempés dans les magouilles.
Enfin, le FMI s’est mis d’accord avec le gouvernement sur les nouvelles procédures. «Beaucoup plus rigoureuses pour les achats de types secret défense ». «L’appel d’offre sera restreint et les autorités devront solliciter des opérateurs ayant la capacité technique et financière pour mener à bien le contrat», avait précisé Christian Josz le chef de mission du FMI au Mali.
Plus concrètement, le FMI exige que tous les acteurs (magouilleurs) impliqués dans les scandales (avion et armement) soient poursuivis. Et que le président IBK s’engage à lutter efficacement contre la corruption qui gangrène son régime. Le chef de l’Etat a promis de prendre des sanctions. Jusqu’ici, aucune sanction n’a été prise. Au contraire, certains présumés auteurs de magouilles narguent les Maliens. Ils ont certainement eu le temps de planquer leur butin, dans des banques maliennes et à l’extérieur. Des noms de hautes personnalités et des opérateurs économiques sont cités. Tous bénéficient d’une impunité totale. Or, c’est le 1er décembre prochain (dans une dizaine de jours) que le FMI statuera sur le dossier, malien, lors de son conseil d’administration. Au cours de cette réunion, les administrateurs de l’institution devront décider si les sanctions prises contre notre pays doivent être définitivement levées ou maintenues.
Ch Sylla