À l’occasion de la journée Internationale de l’enfant africain célébrée chaque 16 juin de l’année, le Samusocial Mali a tenu ce lundi à la maison de la presse une conférence de presse sur « les réalités du phénomène des enfants et jeunes vivant en rue et les violences et violations de droits dont ils sont victimes ».
Animée par Alou Coulibaly, Directeur du Samusocial Mali ; cette journée a été une opportunité pour les acteurs de la protection de l’enfant d’évoquer la situation générale des droits de l’enfant sur notre continent ainsi qu’au Mali.
Pour cette 34ème édition de la journée de l’enfant africain, le Samusocial Mali, en partenariat avec la COMADE, a sensibilisé les médias sur le phénomène des enfants et jeunes vivant dans la rue, et particulièrement sur les violences et violations de droits, dont sont victimes ces enfants et jeunes, victimes d’exclusion sociale vivant dans la très grande précarité.
Comparativement aux chiffres qu’affichent l’UNICEF dont la survie actuelle de plus de 120 millions d’enfants dans les rues à travers le monde, dont 30 millions en Afrique, soit 25% de cette population ; le Samusocial Mali estime que notre pays (qui est à défaut de chiffres officiel) compte plus de 10 000 enfants vivant dans la rue, seulement dans la ville de Bamako.
Intervenant depuis 25 ans dans la protection des enfants et jeunes vivants dans les rues (EJVR), le Chef de la structure Samusocial Mali indique que ces EJVR sont exposés à de multiples risques et dangers, notamment ; les risques sanitaires ; la précarité des conditions de vie, le manque d’hygiène, le manque d’information en santé, la faible couverture vaccinale.
Alou COULIBALY avance que les pathologies les plus fréquentes chez les garçons, sont les blessures, le paludisme, les infections cutanées. Et pour les jeunes filles et jeunes mères, les maladies les plus fréquentes sont liées aux infections sexuellement transmissibles (dont le VIH/Sida) et uro- génitales.
Selon les données recueillies par le Samusocial Mali auprès des EJVR, ces derniers sont victimes d’insultes à 99%; de menaces à 99%; d’extorsion d’argent à 100%; de travail forcé à 91%; de coups et blessures physiques à 100%; de viols ou tentatives de viol à 96% pour les filles, a indiqué le Directeur.
En plus de cela, explique-t-il, ces EJVR sont aussi exposés à la consommation de la drogue, dont environ 8 enfants et jeunes vivant en rue sur 10, consomment régulièrement au moins une substance psychoactive.
« Les produits couramment utilisés sont l’alcool, le tabac, les drogues comme le cannabis, la cocaïne, l’héroïne, les amphétamines, les solvants », a-t-il souligné.
Cependant, le Directeur du Samusocial Mali a fait savoir que la structure a pris en charge en 2024, 2 437 enfants et jeunes vivant en rue dans la capitale et ses environs.
En effet, ses équipes ont réalisé, selon le directeur, 1 628 soins en ambulatoire, 620 référencements vers les soins spécialisés et 141 dépistages du VIH, une action s’inscrivant dans la promotion du droit à la santé des EJVR, a exposé M. COULIBALY.
Puis, il a ajouté que 17 cas de violences basées sur le genre (VBG) ont été orientés vers des partenaires droits à la protection contre les violences, 230 EJVR ont été orientés dans des centres d’hébergement partenaires pour la mise à l’abri, participant au droit à la survie des EJVR.
Dans leur volet consacré au programme d’insertion socioprofessionnelle et économique des EJVR, le directeur a souligné qu’en 2024, 83 EJVR, dont 53 jeunes filles et jeunes mères, ont bénéficié de projets de formation et d’insertion socioprofessionnelle et que 40 enfants en situation de rue ou à risque ont bénéficié de scolarisation.
« Une action qui s’inscrit dans le cadre de la promotion du droit à l’éducation et à au développement des EJSR » a-t-il précisé.
De ce fait, Alou COULIBALY a révélé que 121 pièces d’état civil ont été délivrées aux EJVR pour leur droit à l’identité, et que 180 enfants et jeunes ont bénéficié d’un retour en famille, dont 78 filles et jeunes mères, favorisant le droit à vivre en famille pour ces enfants.
Le dernier volet concerne l’ouverture d’un centre d’hébergement d’urgence avec soins infirmiers et psychologiques (CHUSIP) en 2024, dédié à la prise en charge des EJVR les plus en dangers ou en situation de grande vulnérabilité dans la rue (enfants vivant avec une maladie chronique, filles enceintes, garçons mineurs) a relaté le directeur de Samusocial Mali.
PAR AMINA SISSOKO
