Une fois n’est pas coutume : je trouve enfin un point commun avec mon cousin. Il aime la France et la langue française, comme moi. Il en fait cependant trop, mon cousin. Au point de vouloir dispenser des leçons aux sortants de la deuxième promotion de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Par ricochet, à tous les Maliens. Au passage, il s’est étalé sur l’histoire de l’ENA de France. N’en soyez pas étonnés, mon cousin est un Français à la peau noire.

Là où je ne comprends pas mon cousin, c’est qu’il veut nous faire croire que la maîtrise parfaite de la langue française est synonyme d’intelligence extraordinaire. Cousin, si tu parles très bien cette langue, ne crois surtout pas que tu es super intelligent. Un petit Keïta ne peut nullement l’être. À ce propos, je n’oserais jamais écrire dans ces lignes ce que beaucoup de Maliens disent de toi. Enfin, je vais le dire : que tu es Malinké…

Et puis, cousin, tu sais, les Maliens attendent beaucoup plus de toi que des cours dans la langue de Molière. Ce dont ils ont besoin, venant de toi, ce sont des messages d’espoir ; ce sont des actes qui tendent à améliorer leur quotidien et leur assurer le bien-être tant souhaité. Cela serait-il hors de tes capacités au point que tu t’attardes sur des détails superflus et superfétatoires ? J’aime la langue française et je m’efforce de la parler correctement. Mais je n’en fais pas un fétichisme.

Pour ta gouverne, je connais des Maliens qui parlent moins bien que toi la langue française, qui sont pourtant mille fois plus utiles au Mali qu’un certain Keïta qui se la raconte à longueur de journée. Ce petit Keïta qui veut imiter Molière au point de lui ressembler. Lui qui n’est pas un petit nègre, mais un Grand Nègre, qui n’est pas fâché avec le subjonctif. Alors qu’on est en droit de l’entendre parler un malinké pur jus.

Cousin, les Maliens voudraient que tu puisses combler leurs aspirations et leurs attentes. Le lyrisme n’y changera rien. Il n’est que vanité !

Issiaka SISSOKO 

Source: Le Reporter