Une exposition d’art plastique intitulée : «The Crow», c’est-à-dire la couronne en anglais, se tient, depuis la semaine dernière à la Galerie Médina. Une dizaine de tableaux, conçus dans un style original et dans des formats divers, restituent à travers une série de visages et de portraits géants, la coiffure afro des années 60. Les tableaux sont vendus entre 500.000 et 2 millions de Fcfa.
Un peu d’explication s’impose pour mieux comprendre le sens des œuvres de Eolia (une artiste à la double nationalité nigérienne et béninoise) qui représentent une riposte à la ségrégation raciale d’alors.
Ainsi, à travers le mode de coiffure ou l’expression des visages, elle fait ressortir l’engagement et la résistance des hommes et femmes contre l’injustice et le racisme. Dans sa démarche artistique, elle a tiré ses inspirations de la lutte pour la sauvegarde de l’identité africaine, de la lutte contre le racisme. Elle a aussi pris en compte les lois contre les actes de violence et l’injustice à l’égard de la race noire.
Le vernissage de l’exposition s’est déroulé, jeudi dernier, en présence du chef de cabinet du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Yamoussa Fané, du directeur de la Galerie Médina, Igo Diarra, de l’artiste elle-même et du consul du Bénin dans notre pays. Pour l’artiste «c’est une responsabilité mais aussi un devoir de travailler sur la beauté noire». C’est dans l’authenticité que je travaille pour faire sortir les caractéristiques de la femme noire et le combat contre la race noire. L’exposition est une célébration de la beauté noire.
à travers ses tableaux, l’artiste Eolia célèbre le choix d’être nous-mêmes sans concession. Pour elle, l’histoire des cheveux noirs est importante. Longtemps rejeté par les normes de beauté eurocentriques, le cheveu afro a été souvent considéré comme un symbole de défi politique. Son exposition fait suite à plusieurs actions contre la discrimination des cheveux naturels le 3 juillet 2019 en Californie (états-Unis), l’interdiction aux employeurs et aux écoles de discriminer les coiffures telles que les afros, les tresses, les twists et les dreadlocks.
Yamoussa Fané a exprimé l’engagement de son département à soutenir la démarche de l’artiste. Après la reprise des activités culturelles, nous sommes très ravis de magnifier les œuvres d’une jeune artiste très engagée, a expliqué le chef de cabinet. Il a aussi salué la Galerie Médina pour ses actions en faveur des artistes.
Lassana Igo Diarra a témoigné de sa réelle satisfaction d’accueillir cette belle exposition. «C’est un privilège de recevoir ces belles factures de la création artistique», a-t-il commenté.
Pour sa part, le collectionneur Mamadou Kanda Keïta a estimé que c’est un travail bien fourni avec une technique ancienne. «L’artiste utilise le charbon et le bois pour faire sortir la beauté de la femme africaine dans la lutte contre l’apartheid et l’identité culturelle. C’est un travail de qualité, car il y’a une harmonie entre la technique, les matériaux et la thématique».
Il est utile de préciser que l’artiste, Eolia a un parcours atypique dans le domaine de la création artistique. Elle est diplômée en marketing et a décidé, après sa formation, de faire carrière dans la création contemporaine. Son exposition reste accrochée jusqu’au 15 février prochain, avant de s’envoler vers Los Angeles (États-Unis).
Amadou SOW
Source: L’Essor