Il y a deux ans, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) et l’ensemble des organisations de défense des droits de l’homme ont créé un cadre de concertation qui se réunit tous les mois afin de discuter de la situation des droits de l’homme dans le pays. La rencontre de ce mois s’est déroulée dans un contexte particulier avec les violences survenues à Kidal le 17 mai lors de la visite d’une délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre Moussa Mara dans cette ville.
Ces événements étaient au cœur d’une conférence de presse organisée vendredi par la CNDH et ses partenaires. Durant cette rencontre animée par Me Kadidia Sangaré, la Commission a diffusé une déclaration qui condamne avec la dernière rigueur l’assassinat, la détention et les blessures de plusieurs personnes innocentes par les groupes armés.
Estimant que les actes commis par ces groupes armés constituent non seulement des oppositions à l’autorité légitime et des troubles à l’ordre public, mais aussi des violations graves et massives des droits de l’homme, la CNDH et ses partenaires exigent l’ouverture d’une enquête indépendante, rapide et rigoureuse pour faire la lumière sur ces actes qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Tout en demandant à l’Etat de protéger les personnes et les groupes contre les violations des droits de l’homme, ils exhortent celui-ci à apporter toute l’assistance et le soutien nécessaires aux victimes de ces crimes et lancent un appel à la communauté internationale pour qu’elle continue à soutenir le Mali dans sa recherche de la paix, de son intégrité territoriale et dans le processus de réconciliation déjà amorcé.
Dans le document élaboré à l’évidence avant la libération des otages, la Commission et ses partenaires invitent les groupes armés à libérer ceux-ci sans délai et à participer au dialogue inclusif, gage de paix, d’unité nationale et de développement. Ils dénoncent la rupture du dialogue entre l’Etat et le MNLA, l’instauration encore une fois d’une situation de non droit dans la zone de Kidal et la non assistance aux personnes en danger. Ils demandent aux parties d’observer un cessez-le-feu immédiat et de reprendre le dialogue en vue d’un règlement pacifique du conflit.
Réaction tardive de la CNDH ? Non, assure Me Kadidia Sangaré qui souligne que le jour même de l’attaque du gouvernorat, la commission a publié une déclaration pour condamner l’acte. En plus, la CNDH a participé à toutes les actions de protestation menées jusqu’ici pour condamner les actes commis par les groupes armés.
S. DOUMBIA