Les partis politiques de la majorité ont réalisé une véritable mobilisation samedi. Ils ont organisé une grande marche de soutien au Président de la République, à son Gouvernement et aux forces armées et de sécurité, dans la perspective de la reconquête de la région de Kidal, sous le contrôle des groupes armés depuis mercredi dernier.
Ils avaient répondu à l’appel de leurs cadres. Des députés, des ministres, des anciens ministres, des élus communaux, des responsables de partis et de nombreux militants de base ont battu le pavé, avec des messages de paix et d’unité nationale, autour de la situation qui prévaut dans l’Adrar des Ifoghas.
Au nombre des responsables politiques, on peut citer le Président de la coalition «Le Mali d’abord», Mamadou Kassa Traoré, le Président du FAMA, Amadou Soulalé, le Président de l’UFDP, Siaka Diarra et le Président de la CDS, Mamadou Blaise Sangaré, porte-parole des marcheurs.
De la Place de la Liberté jusqu’au Monument de l’Indépendance, ils étaient plus d’un millier de marcheurs de la majorité présidentielle, scandant des messages comme «Libérez Kidal», «A la France, le Mali reconnaissant compte sur toi», «Maliens: nous sommes blancs et noirs, frères et sœurs» et «FAMA et forces alliées, ensemble pour la libération de Kidal».
Après près de deux heures de marche, ils ont gagné le Monument de l’Indépendance, où ils ont été rejoints par le Premier ministre, Moussa Mara, à qui le porte-parole des marcheurs, le Président de la CDS Mamadou Blaise Sangaré, a remis une Déclaration.
Dans celle-ci, les marcheurs se disent attachés à l’intégrité territoriale du Mali, à l’unité nationale, au dialogue et à la négociation avec les groupes armés. Dans la Déclaration, les partis de la majorité présidentielle invitent les autorités de notre pays à tout mettre en œuvre pour la paix et la réconciliation nationale.
Ils considèrent également les forces étrangères, Serval et la MINUSMA, comme des alliées et les invitent par conséquent à œuvrer la main dans la main pour faire observer le cessez-le-feu signé par le Mali et certains groupes armés.
En retour, le Premier ministre a salué les partis de la majorité présidentielle pour cette initiative. Selon Moussa Mara, c’est la preuve que les Maliens sont unis derrière leur armée. Profitant de cette tribune, le Premier ministre a invité les Maliens à ne pas céder à l’amalgame et à faire l’union sacrée autour de la situation de Kidal.
Youssouf Diallo
Barary Konimba Traoré dit Pionnier:
Un combattant infatigable
Ceux qui pensaient que Bakary Konimba Traoré dit Pionnier, était fini à cause de sa maladie doivent se détromper désormais. Bakary Pionnier comme l’appellent affectueusement ses amis, ce militant de première heure du RPM qui n’abandonnera jamais ses convictions, a, une fois de plus, malgré sa convalescence, tenu à être aux côtés de ses amis samedi dernier. C’était au cours de la marche que la majorité présidentielle a organisée pour soutenir le Président de la République, son Gouvernement et l’armée malienne dans le conflit qui oppose le Mali aux groupes armés à Kidal. Comme à son habitude, le Pionnier a battu le pavé. En fauteuil roulant, Bakary Pionnier a pris la tête de la marche, de la Place de la Liberté jusqu’au Monument de l’Indépendance. Cet acte de Pionnier n’étonnera que ceux qui ne le connaissent pas. En effet, Bakary Konimba a toujours été de tous les grands combats de son parti, le RPM. Véritable combattant de la liberté, il est de ceux qui se sont battus pour l’avènement de la démocratie au Mali. Son courage à venir marcher avec ses compagnons de lutte prouve à suffisance qu’on doit le prendre comme un exemple de combattant infatigable. Son acte a émerveillé la jeune génération, notamment le Président des Jeunes du RPM, Moussa Timbiné, qui n’a pas manqué de lui rendre hommage. Ce qu’il a fait doit désormais inspirer ces jeunes, appelés à prendre le flambeau de la lutte pour la liberté et de la démocratie.
Les réactions des marcheurs
Honorable Moussa Timbiné:
«Il est important que nous nous donnions la main»
Je suis très ému. J’ai vu un camarade de lutte qui était sur son lit, qui est encore sur le lit, qui a été de tous les grands combats du RPM. Il s’agit de Bakary Konimba Traoré. Malheureusement, avant le coup d’Etat, il a été victime d’une maladie des nerfs, ce qui a fait qu’il n’a pas pu prendre part à la campagne pour l’élection présidentielle, mais il jouit toujours de ses facultés mentales. Physiquement, il ne tient pas. Ce qui m’a ému aujourd’hui, c’est de voir Bakary Konimba parmi nous, pour soutenir l’action du Gouvernement du Mali, de l’armée malienne, et pour dire que ceux qui sont morts pour la patrie ne sont pas morts inutilement. C’est quelque chose qui m’a ému. Honnêtement, c’est la raison qui doit amener à croire encore qu’il y a des patriotes et nous amener à dire que rien n’est au-dessus du Mali. Parce que même ceux qui sont dans les états les plus critiques se battent pour la cause de ce pays. Nous qui tenons debout, nous ne devons pas faillir. Nous ne devons pas nous relâcher, nous devons persévérer, nous donner la main, soutenir notre armée et les familles de tous ceux qui sont tombés sur les champs de bataille. Même si elles ne sont plus là, il faut que le peuple malien se souvienne des personnes qui sont mortes pour la cause de la patrie et aussi faire en sorte que ceux qui sont blessés puissent être pris en charge. Nous devons aussi dire à la communauté internationale qu’ils ont une mauvaise lecture de la situation au Nord du Mali. Je suis vraiment très pessimiste lorsque des populations qui se disent instruites, notamment les Occidentaux, se font berner par des informations et des théories qui ne tiennent pas du tout, notamment celle qui consiste à faire croire que les Touaregs sont marginalisés au Mali, victimes de discrimination. Quand je vois encore des occidentaux qui sont à ce niveau d’information, franchement, je me dis pessimiste par rapport même à l’avenir du monde. Parce que, eux, ils sont censés être des modèles, détenir des informations saines, être au courant de beaucoup de choses que les pays pauvres n’ont pas la chance d’avoir comme informations. Malheureusement, on voit qu’ils sont les moins informés. Parce que, en réalité, croire en de telles idées aujourd’hui, prouve qu’on est sous-informé. Je dis qu’il est important que nous nous donnions la main, peut être communiquer davantage, pour amener ces Occidentaux à mieux comprendre que le Mnla n’est qu’un groupe qui est en train de tisser des relations avec les narcotrafiquants, des terroristes. Eux-mêmes, ce matin sur les antennes, disent qu’il y a trois parties qui ont signé le cessez-le-feu avec le Mali. D’où viennent les autres parties? Elles sont qualifiées comme étant quoi? Il faut se dire la vérité. Je suis très content que la population malienne ait répondu à l’appel de l’ensemble de la mouvance présidentielle pour soutenir nos autorités par rapport à cette bataille et leur dire que le Mali est un et indivisible et le restera. Nous sommes prêts à nous battre pour vaincre ces forces obscurantistes, qui sont là aujourd’hui et qui essaient, sous le joug de ces Occidentaux, de diviser notre pays. Parce que nous pensons qu’il y a quelque chose en dessous, mais nous pensons aussi que cela ne va pas marcher, car le peuple malien est déterminé.
Honorable Yacouba Traoré:
«Les Maliens doivent être unis, en rangs serrés et rester déterminés»
Je suis très content et fier de la mobilisation de ce matin. Cela dénote de l’engouement et de l’envie de tous les Maliens d’avoir un Mali un et indivisible. Je lance un appel à tous les Maliens aujourd’hui, d’être unis, en rangs serrés et rester déterminés, plus que jamais, pour que réellement toutes nos ambitions par rapport au problème actuel au Nord puissent devenir une réalité. L’union fait la force. Donnons-nous la main et nous allons réussir ensemble. C’est comme cela que notre pays va sortir grandi. Il est important, durant ces moments difficiles pour le Mali, que nous fassions preuve de solidarité. Nous devons mettre de côté nos querelles politiciennes et faire face au Mali. Car, ce n’est plus une question de Gouvernement et de Président de la République. C’est le Mali qui est en jeu. Donc, faisons preuve de maturité.
Honorable Zoumana N’Tji Doumbia:
«Que le Mali puisse retrouver l’intégralité de son territoire»
Je remercie tout le peuple malien. Vous avez vu qu’il y avait un monde monstre ici, pour témoigner que le Mali reste un et indivisible et que l’unité et l’intégrité du Mali ne sont pas négociables. Nous, élus de la République, nous sommes venus témoigner que nous sommes derrière nos forces armées et de sécurité. Nous soutenons le Gouvernement et le Président de la République pour que le Mali puisse retrouver l’intégralité de son territoire. Il ne saurait y avoir une partie où le Gouvernement malien ne puisse pas exercer sa souveraineté. Il faudra que l’on puisse donner les moyens nécessaires au Gouvernement pour exercer sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire malien.
Ousmane Ben Fana Traoré:
«Kidal, c’est l’affaire de tous les Maliens»
C’est un moment extrêmement important. C’est l’ensemble de la classe politique, notamment de la majorité présidentielle, à l’unisson, qui se retrouve ici. Kidal, c’est l’affaire de tous les Maliens. Ce n’est pas une affaire de majorité ou d’opposition. La problématique qui nous touche aujourd’hui, toute la classe politique et l’ensemble de la société civile, nous devons rester mobilisés ensemble, pour trouver les voies et moyens pour que cette situation cesse. C’est ensemble, à l’unisson, qu’on pourra trouver les meilleures solutions possibles. Ce pays a beaucoup souffert, nous devons penser à tout ce que nous avons traversé. C’est pour cela que nous, avec toutes les forces libérales, avons décidé d’être ici aujourd’hui, présents à la marche, visibles pour soutenir nos forces armées et de sécurité, le Chef de l’Etat et tout le Gouvernement. Qu’ils gardent courage. Nous demandons au peuple malien d’avoir le moral. On peut perdre une bataille, mais on ne peut perdre ni la guerre, ni même les négociations.
Propos recueillis par Youssouf Diallo