La Bolivie, pourtant l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud et gouvernée par Evo Morales, un président autoproclamé « anticolonialiste », n’a pas hésité à casser la tirelire et à mettre tous les moyens en œuvre pour accueillir le rallye et éviter tout accroc. Et ce alors que les opposants au Dakar dans la région s’organisent et portent leur combat sur le terrain judiciaire.
Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
Accueillir le Dakar, c’est une première pour la Bolivie. Cela fait trois ans que le président Evo Morales, un grand fan de sport automobile, tentait de convaincre les organisateurs du rallye de prévoir des étapes dans le pays andin. Cette année donc le Dakar 2014 passe deux jours en Bolivie, hier dimanche et ce lundi, mais seulement pour les quads et les motos.
Le gouvernement a promis de grosses retombées en termes économiques et de publicité pour le pays, alors que l’investissement bolivien pour accueillir la course est resté très opaque mais pourrait atteindre 15 millions d’euros. Etrangement, c’est le ministère de la Culture qui a été chargé d’organiser le passage da la course.
La résistance locale au Dakar a été maîtrisée
Des dirigeants indiens avaient menacé d’empêcher le passage du rallye en évoquant les risques pour l’environnement, les cultures et les animaux. « Je propose de bloquer le Dakar avec des clôtures en fil barbelé » avait lancé l’un d’entre eux, Rafael Quispe. De quoi exaspérer le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera, un ancien guérillero marxiste, qui a dénoncé « une agression contre la Bolivie et les Boliviens » et a assuré que le déroulement du Dakar était « garanti à 100% ».
Pour ce faire, d’impressionnants moyens ont été déployés, et notamment la mobilisation de 3 600 policiers et militaires mais également l’envoi de huit procureurs spéciaux dans les zones de passage du rallye, afin de « veiller 24 heures sur 24 au déroulement normal du Dakar ».
Devant les risques d’affrontements et dénonçant également avoir reçu des menaces de représailles physiques de la part des organisations syndicales fidèles au gouvernement, les indigènes anti-Dakar ont finalement renoncé à barrer la route au rallye.
La grogne anti Dakar prend cependant de l’ampleur dans la région…
Plusieurs organisations environnementales et d’archéologues du Pérou, du Chili et d’Argentine ont dénoncé les dégâts irréparables occasionnés par le passage du Dakar ces dernières années et ont annoncé des poursuites judiciaires contre l’entreprise française ASO et contre les responsables politiques qui ont autorisé la tenue de la course dans ces pays.
Un rapport récent du Parlement chilien a signalé que les dernières éditions du Dakar avaient détruit plus de 44% des sites archéologiques présents sur le tracé du rallye dans le désert d’Atacama.
De son côté, l’Equateur, invité à participer à l’édition 2015, a décliné l’offre, déclarant qu’il s’agissait d’un «événement coûteux réalisé au bénéfice d’une entreprise privée ».
Rappelons enfin que depuis 2009, le rallye a causé en Amérique du Sud la mort de onze personnes hors concurrents, dont un enfant de 11 ans.