Pour se réconcilier avec deux importants leaders religieux du Mali, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita est invité à démettre son Premier ministre. S’il accède à cette demande de Mahmoud Dicko et du chérif Bouyé Haidara, IBK donnerait l’impression d’un président qui a capitulé. Du coup, Soumeylou Boubèye Maiga se présente aujourd’hui comme une épine dans le pied de son autorité de nomination.
La réconciliation entre IBK et ses alliés leaders religieux de 2013 passe par la démission du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Le Chérif de Nioro du Sahel Bouyé Haidara et l’imam Mahmoud Dicko du Haut conseil islamique, ne ratent plus d’occasions pour appeler IBK à accéder à cette demande.
Pour Bouyé Haidara, la nomination de Soumeylou Boubèye Miaga à la tête du gouvernement est une provocation de trop de la part du président de la République. “Quand je soutenais IBK en 2013, je lui ai dit de ne pas mettre Soumeylou Boubèye Maiga à un certain nombre de postes. Il n’a pas rempli sa part de contrat. C’est pourquoi, je suis contre lui”, avait martelé le Chérif de Nioro lors des dernières campagnes présidentielles de 2018.
Soumeylou Boubèye Maiga ou le nœud gordien
Pour réaffirmer cette posture, lors du meeting organisé par le Haut conseil islamique ce dimanche, le représentant du Chérif a publiquement invité le président de la République à démettre son Premier ministre. “S’il ne nous écoute pas, le jour où on va se lever, qu’il s’attende à tout”, a prévenu M. Sanogo au nom de son mandant.
Sur la même tribune, face à une foule acquise à sa cause, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, a à son tour abondé dans le même sens que le représentant du Chérif.
La réplique de SBM ne s’est pas fait attendre
Ces appels à démission ne semblent guère inquiéter celui qui se fait appeler le hérisson de la politique malienne. “Si nos adversaires étaient aussi forts, nous ne serions pas ici. Tous ceux qui s’agitent sont des gens qui ont voté et fait voter contre nous”, réplique Soumeylou Boubèye Maiga. Avant de qualifier l’imam Dicko et de Bouyé Haidara, de personnalités hybrides, vaincues sur le terrain politique et qui tentent de prendre leur revanche sous la bannière de la religion.
IBK réitère sa confiance à SBM
Un jour avant le meeting à l’appel de Dicko et du Chérif de Nioro, alors qu’il se trouvait encore à Berlin, le président IBK a confié à certains confrères qu’il faisait confiance à son Premier ministre. “J’ai les meilleures relations avec mon Premier ministre. Je ne gère pas les problèmes partisans. J’ai l’avantage dans la position qui est la mienne aujourd’hui d’être au dessus de la mêlée. Le Premier ministre et son parti sont membres de la majorité présidentielle. Dans une démocratie de bon aloi, il est le seul patron de la majorité présidentielle. Il fait son travail très correctement. À son arrivée, il a été confronté à des défis énormes qu’il a su gérer, notamment l’élection présidentielle. C’est mon choix”, a martelé IBK à Berlin.
Avec le meeting du dimanche du Haut conseil islamique qui a engendré une marrée humaine réclamant la tête du PM Soumeylou Boubèye Maiga, IBK va-t-il sacrifier son chef du gouvernement, malgré ces mots aimables tenus à Berlin ?
C’est en réponse à cette interrogation que certains observateurs estiment que le président IBK se trouve entre le marteau et l’enclume. Car de l’avis de certains, les grandes reformes politiques institutionnelles, prévues pour cette année ne sauraient s’opérer en laissant dans le maquis les leaders religieux et de l’opposition politique. Pour d’autres, en démettant son Premier ministre, parce que certains leaders religieux le demandent, le Président IBK donnera l’image d’un capitaine qui a capitulé.
Oumar B. Sidibé
Source: L’Indicateur du Renouveau