En dépit de tout ce qu’on peut reprocher au régime IBK, nous devons avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaitre qu’il aura fait plus la promotion de la jeunesse que tous les régimes précédents. IBK a, à deux reprises, confié la Primature à la Jeunesse, en l’occurrence, à Oumar Tatam Ly et à Moussa Mara. Si les deux aventures ont été de courte durée, elles auront eu l’avantage de jauger la capacité de gestion de deux jeunes leaders. Outre la Primature, il a également à son actif la nomination de beaucoup de jeunes à des postes ministériels stratégiques, ainsi qu’à des hauts postes de responsabilités au sein de l’Administration. Moussa Mara, Housseyni Amion Guindo, Tiéman Hubert Coulibaly, Dramane Dembele, Amadou Koita, Karim Keita, Racine Thiam et Etienne Fakaba Sissoko, sont-ils à même de porter le flambeau comme Emmanuel Macron pour une alternance générationnelle au Mali en 2018 ?
Emmanuel Macron, du Mouvement d’ « En Marche », qu’il soit élu ou pas aura déjà marqué l’histoire de la politique française par son cran, ses idées et sa jeunesse. Et pourtant, son parcours n’a rien d’exceptionnel. Le seul poste politique qu’il aura occupé est celui de ministre de l’Economie sous son mentor, François Hollande. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, dit-on. Le gros outsider de la politique française est en passe de devenir la star qui séduit et convainc. Mais au Mali, à l’opposé d’Emmanuel Macron, c’est une jeunesse moins courageuse, prête à toutes les compromissions, opportuniste et souvent sans épaisseur intellectuelle qui est au devant de la scène politique. Au lieu de rompre avec les anciennes pratiques qui ont montré leurs limites, ces jeunes ne font qu’en rajouter, foulant aux pieds la Bible, le Coran, le komo bamanan ou la morale. Ils ne semblent avoir d’ambition que le profit personnel et dolce vita. Pour cela, ils sont capables de vendre leur âme au diable pour y parvenir.
Moussa Mara : Pour préserver son poste de Premier ministre a échafaudé des affirmations mensongères sur l’achat du Boeing présidentiel et des équipements militaires. Pire, il a sa grosse part de responsabilité dans l’enlisement de la crise du nord par sa visite inopportune à Kidal.
Housseyni Amion Guindo : jusqu’à son inopportune décision de dissoudre le Comité exécutif de la Fédération malienne de football, il passait pour être le ministre porte-bonheur du sport malien. Mais tout d’un coup, l’espoir s’estompa. Sa décision était non seulement malvenue, mais aussi et surtout insensée à seulement 6 mois de la fin du mandat du bureau dissout.
Tiéman Hubert : passé du secteur privé au gouvernement de Transition sous Dioncounda puis à celui d’IBK, la méthode Hubert a été la même, à savoir l’assujettissement au clan du pouvoir et l’affairisme. La question à propos de la surfacturation qui a entouré l’acquisition des véhicules militaires pour les FAMA, reste encore sans réponse.
Dramane Dembélé : le candidat contesté de l’ADEMA en 2013, avait pourtant eu l’occasion idoine de démentir les préjugés qui lui étaient défavorables quand IBK a porté son choix sur lui pour piloter le département stratégique en charge des logements sociaux. Mais, la cacophonie aura été plus grande au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat qu’au sein de la ruche pour sa candidature.
Amadou Koita : on lui collera à la peau jusqu’à la fin de sa carrière sa haute trahison après avoir passé plus de deux ans à traiter le régime IBK de tous les péchés d’Israël au sein du FDR puis de l’Opposition. Mais, il aura fini par rejoindre, toute honte bue, celui qu’il trimbalait dans la boue.
Karim Keita : sous d’autres cieux, le fils du Président aiderait son papa dans l’ombre, sans être trop exposé. Le nôtre est à l’Arché et au Télos, l’alpha et l’oméga, de toutes les grandes actions publiques. Il fait et défait les gouvernements, arrive à imposer son beau-père contre la volonté de celui qui a été élu au suffrage universel. A vouloir tout bouffer seul, on finira par tout mal digérer.
Racine Thiam : son initiative « Rendez-vous avec Koulouba » était pourtant une véritable révolution dans la communication présidentielle. Mais malheureusement, il a fini par transformer son cadre à un véritable cirque en mettant en jeu les mêmes acteurs et en évoquant les mêmes mots. Il a fini par donner l’impression du déjà vu et entendu.
Etienne Fakaba Sissoko : ce jeune docteur en économie faisait partie du cercle restreint des jeunes sur lesquels se fondaient de réels espoirs pour sortir le Mali de l’ornière, avant sa nomination au poste de conseiller aux questions économiques du Président de la République. Diantre, quelle mouche a pu piquer Etienne pour qu’il accepte même ce poste, après avoir tant critiqué, et de façon très acerbe, la mauvaise gouvernance d’IBK. Pourquoi ne s’est il pas rendu compte que la proposition qu’on lui avait faite n’était qu’un piège ? Tout compte fait, les vidéos récentes qui circulent sur internet auront fini par discréditer le jeune docteur. Démission ou limogeage, ne s’agit-il pas de sa mort politique ?
En définitive, les jeunes qui ont la chance d’être au-devant de la scène politique n’inspirant plus confiance, ne vaudrait-il pas mieux de donner une dernière chance à la vieille garde afin de corriger les errements d’IBK et de léguer un pays débout digne et fier. Ils doivent préparer la relève pour un futur radieux.
Youssouf Sissoko
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Source: Inf@sept