Cette étude qualitative, menée par le Centre d’études et de recherche sur les qualifications pour le compte du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, a été réalisée sur la base d’entretiens avec des employeurs (hommes et femmes) de la région PACA, potentiellement recruteurs de jeunes titulaires d’un brevet de technicien supérieur (BTS), dans divers secteurs d’activité.
Quand on interroge les recruteurs sur d’éventuelles discriminations en raison des origines des candidats, de leur lieu de résidence, leur sexe, leur âge, voire leur handicap, «rien ne semble faire obstacle à leur embauche potentielle», note le Céreq.
«Illusion d’égalité face à l’emploi»
«Pourtant, dès lors qu’ils décrivent leurs pratiques effectives d’embauche, la réalité est tout autre» et les stéréotypes, «au premier rang desquels les stéréotypes sexués», ressortent, alors même que «cette illusion d’égalité face à l’emploi est, la plupart du temps, énoncée très sincèrement».
«Seulement deux recruteurs, sur les 30 rencontrés, considèrent que le sexe des candidats n’a eu aucune incidence sur le choix de la personnes effectivement embauchée», note l’étude. Mais les autres assignent tout naturellement certaines «qualités» à l’homme ou à la femme.
«Je trouve que les femmes sont d’excellents managers, et surtout d’excellents pédagogues», «les femmes savent faire passer beaucoup de choses avec de la douceur», elles «peuvent quelquefois être moins disponibles en temps mais, en revanche, elles sont beaucoup plus organisées que les hommes», ont pu entendre les enquêteurs, parmi d’autres propos moins amènes: «il n’y avait que des nanas dans l’équipe, on se serait cru dans un poulailler! ça se volait dans les plumes du matin au soir».
27% d’écart de rémunération
Plus classiquement, leur charge familiale, réelle ou potentielle, «entrave clairement l’accès des (jeunes) femmes à certaines entreprises», note le Céreq.
Cette étude a été présentée à la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, qui annonçait lors d’une conférence de presse à son ministère la première semaine de l’égalité professionnelle (14 au 20 octobre).
Ponctuée d’initiatives locales et nationales, cette semaine vise à «renforcer la prise en compte de l’égalité professionnelle» dans le privé comme dans la fonction publique.
L’écart moyen de rémunérations entre hommes et femmes est estimé à 27% dans le secteur privé et 18% dans le public. 80% des salariés à temps partiel sont des femmes, et elles ne représentent que 30% des créations d’entreprises.