Ils arrivent et ce retour de deux opposants au pays natal n’est pas fait pour rassurer. Jean Pierre Bemba, lui devrait fouler le sol de ses aïeux, ce mercredi 1er août, après un séjour de près de dix ans dans les geôles de la Cour pénale internationale, compte rentrer chez lui suite à son acquittement.
Dans le même temps, Moïse Katumbi, l’autre opposant dont Joseph Kabila ne veut même pas voir dans son pire cauchemar, a, lui également opté de revenir à la maison. Tous, au titre du Mouvement de libération du Congo (MLC) pour Bemba et l’homme d’affaires, Katumbi Chapwe, pour la coalition de l’opposition, «Le Rassemblement» entendent prendre place dans les starting-blocks de la présidentielle prévue pour le 23 décembre prochain. Ce qui n’est pas forcément du goût de l’actuel homme fort de Kinshasa, Joseph Kabila qui voudrait bien renouveler un troisième bail comme président, mandat que lui interdit la constitution. Du reste, en plus de transformer en chemin de croix, l’arrivée de ces deux «ennemis» le pouvoir leur garde sans doute des surprises pas agréables du tout, sous la forme de menaces d’être emprisonnés. Quelle sera la réaction des nombreux partisans des deux hommes dont le «come-back at home» dérange le sommeil de Joseph Kabila? Incertitudes pour un pays qui visiblement ne connaîtra pas la paix si ses politiciens ne le décident pas
Pourquoi les élections doivent-elles toujours rimer avec chaos ou menaces de violences sur le continent? Interrogation qui subsistera tant que les politiciens, du pouvoir comme de l’opposition, ne prendront pas la courageuse décision de jouer franc jeu dans leurs ambitions de gérer les affaires d’Etat. Demain ne semble pas être la veille de cette sage option, comme au Mali où, malgré une campagne électorale plus ou moins civilisée contrastant malheureusement avec un scrutin présidentiel marqué lui par des attaques de bureaux de vote et autres faits de violence, les Maliens attendent les résultats de la présidentielle, la peur au ventre. Dénonçant depuis lors, l’existence d’une liste électorale parallèle à celle officielle validée par structures nationales et internationales compétentes, et des manœuvres frauduleuses de la part du camp en face, les opposants du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, par ailleurs candidat à sa propre succession, n’entendent pas se laisser voler une victoire qu’ils jugent être leur. Le pouvoir qui tente de montrer patte blanche, nie toute intention et même effectivité de fraude. Malheureusement, les contestations de ce genre ont toujours constitué un terreau fertile pour des manifestations et contre-manifestations, elles-mêmes prémices de paralysie et de plusieurs autres dérives les unes aussi dangereuses que les autres. Le Mali qui est pris entre les tenailles des djihadistes et autres bandits du même acabit n’a plus besoin de se rajouter d’autres soucis qui ne font que retarder son développement et renforcer la précarité existentielle des populations.
Le Zimbabwe d’après Robert Mugabe, évincé du pouvoir par les siens, il y a 8 mois, est également dans l’attente de résultats d’élections générales qui devraient confirmer la mise à la retraite définitive du vieux maquisard. Seulement, à Harare également, les aiguilles ne tournent pas vraiment dans le bon sens. Les deux camps qui se regardaient jusque-là en chiens de faïence, oubliant que l’élection ce n’est pas la guerre se proclament déjà vainqueurs, chacun, convaincu que le peuple lui a fait confiance. Les points de similitude ne sont pas les choses qui manquent le moins entre l’élection présidentielle malienne et celles générales zimbabwéennes. Dans les deux pays, c’est plus de vingt candidats qui sont allés à l’assaut du fauteuil présidentiel. Dans les deux pays, ce sont deux protagonistes, Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition et le chef de l’Etat en exercice, Ibrahim Boubacar Keïta, pour le Mali et Emmerson Mnangagwa, le président au pouvoir et champion de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) et son opposant principal, Nelson Chamisa, du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) qui revendiquent chacun de son côté, la victoire. Dans un pays encore fragilisé par le départ brusque du Vieux Bob, le cocktail pourrait exploser à tout moment, même si l’armée veille au grain pour la conservation du pouvoir par le biais de Emmerson Mnangangwa.
Par Wakat Séra
Source: wakatsera