Le quartier général de la police au Caire a été la cible d’un attentat-suicide, ce vendredi à l’aube. Puis trois autres explosions se sont produites dans la capitale égyptienne. Ces attentats, dont le bilan provisoire est de six morts et 85 blessés, surviennent alors que l’Egypte célèbre, samedi, le troisième anniversaire de sa révolution.
Article mis à jour régulièrement avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Quatre attentats. Bilan provisoire : six morts et 85 blessés. Le quartier général de la police du Caire a d’abord été la cible d’un attentat-suicide, ce vendredi à l’aube. Selon les témoins, une camionnette conduite par un kamikaze a tenté de forcer l’entrée de l’enceinte du quartier général de la police au Caire, vers 6 h 30, ce vendredi matin.
Les gardes lui ont tiré dessus, mais le kamikaze est parvenu à faire exploser le véhicule. Selon un bilan dressé par le ministère de la Santé et celui du ministère de l’Intérieur, quatre personnes ont perdu la vie dans cette explosion, qui a aussi fait des dizaines de blessés.
Les experts estiment que la charge explosive aurait été de plusieurs centaines de kilos et que le musée islamique et les archives nationales voisines, situés en face du quartier général de la police, ont été touchés. L’attentat a été commis un vendredi, jour du Seigneur en pays d’islam.
Il n’y avait donc pas beaucoup de monde dans le quartier visé. Ce sont surtout les gardiens du quartier général de la police, mais aussi ceux du musée islamique, qui ont été atteints. L’attentat est le troisième contre un quartier général de la police en moins de deux mois. Celui de Mansoura dans le Delta avait fait 17 morts.
Un policier egyptien devant le QG de la police au Caire, cible d’un attentat ce vendredi 24 janvier.
REUTERS/Amr Abdallah Dalsh |
L’attentat contre le QG revendiqué par Ansar Beit al-Maqdis
Dans les heures qui ont suivi, la télévision d’Etat égyptienne a rapporté une autre explosion au Caire, en début de matinée. Cette fois, c’est un engin explosif de faible puissance qui a détoné à proximité dune station de métro du quartier de Dokki. Une personne a été tuée, selon la télévision égyptienne.
Puis une troisième explosion a visé un poste de police à Talbeya, près de Guizeh, dans les faubourgs de la capitale égyptienne. Et enfin une quatrième, avenue des Pyramides, devant un cinéma, faisant un mort civil supplémentaire et six blessés.
Le premier attentat, contre le quartier général de la police, a été revendiqué par l’organisation Ansar Beit al-Maqdis – littéralement « les défenseurs de Jérusalem » – un groupe jihadiste lié à l’organisation terroriste al-Qaïda. Mais cette revendication ne semble pas avoir convaincu les habitants du quartier populaire de el-Wayly, où se situe le QG de la sécurité.
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Manifestation contre les Frères musulmans
Des dizaines de personnes ont commencé à manifester contre la confrérie, moins d’une heure après l’attentat, pour atteindre les quelque 2 000 dès 9h du matin. « Il n’y a de dieu qu’Allah, et les Frères sont les ennemis d’Allah », scandaient ces manifestants. Ou encore : « Le peuple veut l’exécution des Frères ».
Des réactions que l’on avait déjà observées après l’attentat contre le quartier général de la police à Mansourah, dans le Delta, en décembre. Manifestations qui avaient dégénéré en attaques contre des magasins et des véhicules appartenant à des Frères musulmans.
Ces attentats interviennent à la veille de la troisième commémoration de la révolution du 25 janvier. Mais aussi au lendemain d’un appel de l’« Alliance pour la légitimité », dominée par les Frères musulmans, à un soulèvement contre ce qu’ils appellent les « putschistes ».
Avec cet appel à 19 journées d’actions pour « mettre fin au coup d’Etat militaire responsable de crimes horribles et honteux », les Frères musulmans veulent rééditer le soulèvement qui a abouti au désistement du pouvoir de l’ex-président Hosni Moubarak, le 11 février 2011.
La confrérie fragilisée
La confrérie, entre répression et impopularité croissantes, a perdu une grande partie du soutien de la rue. Les alliés salafistes des Frères musulmans, arrivés en deuxième position aux élections législatives, se sont retournés contre elle. Quant aux révolutionnaires radicaux, ils ont pris leurs distances, même s’ils sont en conflit avec le pouvoir.
Pour les autorités de transition, l’appel des Frères musulmans au soulèvement est pain béni. Il sert d’argument justifiant la campagne de répression contre ceux qu’elles qualifient de « Frères terroristes ».
C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur a annoncé que « des armes lourdes » avaient été placées sur tous les postes de police, prisons et édifices sensibles. L’appel apporte aussi de l’eau au moulin de l’écrasante majorité des médias qui cassent du Frère musulman 24 heures par jour, sept jours par semaine.
Source: RFIA