En plus de son retrait non justifiable de la mise en œuvre de l’Accord de Ouaga, un faisceau de faits troublants fait porter au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) l’entière responsabilité des violences qui ont repris au Nord.
C’est à un week-end particulièrement sanglant que l’on vient d’assister au Nord : attentat à la voiture piégée à Tombouctou ; attaque à la grenade contre des militaires à Kidal ; attentat suicide à Kidal ; échanges de tirs entre l’armée et les combattants du MNLA.
Tous les ingrédients étaient alors réunis par les rebelles pour obtenir ce qu’ils ont cherché des mains et des pieds, à savoir la faute de l’Etat qui ne pouvait pas ne pas dépêcher des renforts pour éviter le massacre de ses 150 soldats comme cela a été le cas à Aguelhoc le 24 janvier 2012.
Ce qui a été fait depuis le dimanche 29 septembre après les premiers échanges de tirs.
Le Mali vient ainsi de violer l’Accord de Ouaga aux yeux des rebelles.
Voilà aussi qu’ils ont de quoi crier à la violation de l’Accord et au massacre des « populations de l’Azawad ».
Mais avec un minimum d’objectivité, il apparaît que c’est le MNLA qui viole l’Accord.
En ce qui est de la libération de ses éléments, l’Etat a honoré ses engagements alors que les rebelles n’ont libérés que des jihadistes qui ne sont que leurs copains du bon vieux temps. L’attaque de ses positions à Foyta, près de Léré, se justifie par le fait qu’ils sont censés être cantonnés à Kidal, selon l’Accord. Les éléments de Foyta n’étaient par conséquent que des bandits armés à neutraliser.
Quant à la mise en scène qui a donné lieu à des échanges de tirs, à Kidal, elle révèle une grave violation de l’Accord d’autant plus qu’il interdit aux rebelles de se rendre en ville en arme ; à fortiori déployer des « unités mobiles ».
Ce qui veut dire en clair que c’est l’armée qui est cantonnée (privée de ses armes lourdes) et non les rebelles.
Les violences à Tombouctou comme à Kidal laissent apparaître une vérité que l’on a toujours tenté de noyer en usant de subterfuges et en faisant passer les rebelles pour des laïcs. La MNLA et les terroristes jihadistes en réalité sont du pareil au même. En effet, après des mois de répit, il a fallu que le MNLA se retire de l’Accord de Ouaga, le jeudi dernier, pour que le lendemain vendredi l’on assiste à une attaque à la grenade, puis le samedi à un attentat à la voiture piégée à Tombouctou. Cette coïncidence est trop troublante pour que le MNLA n’en ait rien à y voir.
Aussi, faut-il noter qu’en opérant exactement comme les terroristes (Voitures piégées, ceintures explosives, attaques à la grenade) le mouvement rebelle révèle des accointances forts prononcées avec ces derniers qui ne devraient plus porter seuls le chapeau des exactions et des atrocités passées.
A l’évidence, la stratégie de la provoc des rebelles a été payante. Ils ont réussi à déclencher les hostilités.
A présent, se montreront-ils capables d’assumer leur choix militaire alors que le dialogue était en bonne voie ; ou crieront-ils encore au massacre et au génocide pour tenter d’émouvoir une communauté internationale qui n’est plus à mille lieues ; mais partout au Mali, y compris à Kidal?
La réponse coule de source au regard de leurs habitudes de pleurnichards et surtout vu que l’armée a repris du poil de la bête.
La bataille d’Anéfis (4-5 juin 2013) en est la plus parfaite illustration. Cela, sans le bataillon Waraba qui n’est arrivé à Gao que le 25 juin.
Cela saute aux yeux que la stratégie de la violence des rebelles ne vise ni plus, ni moins qu’à contrarier le Président de la république qui a fait de la réconciliation nationale sa priorité qu’ils entendent ainsi torpiller. Ce qui leur permettrait de se livrer à leur sport favori de nager plus librement en eau trouble : profiter du chaos pour reprendre les activités illicites de vol, de trafics en tous genres…
Sinon comment expliquer l’acharnement sur une banque visitée vendredi et dimanche au lieu du camp militaire où se trouve le plus gros des effectifs de l’armée ?
Il s’agit de voler le peu de sous qui s’y trouve. En empêchant cela, pour les rebelles, c’est violer l’Accord de Ouagadougou.
En définitive, la quête de la paix n’est pas la chose la mieux partagée avec ces rebelles qui y perdent tous leurs repères et tous leurs moyens d’enrichissement illicite.
Pourtant, ce n’est pas le travail qui manque le plus dans ce pays…
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin