Le Mali traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire. De nos jours, personne ne veut porter la responsabilité de cette chute de l’État du Mali. Chacun pointe du doigt l’autre comme le seul et l’unique responsable de la faillite. Beaucoup, les plus jeunes estiment que ce sont les acteurs du mouvement démocratique qui en sont responsables. Une accusation rejetée en bloc. Eux aussi, les acteurs du mouvement démocratique rejettent toute la responsabilité sur Moussa Traoré. Ils ont affirmé, à l’occasion du 31ème anniversaire de l’avènement de la démocratie pour affirmer que la corruption a commencé sous le régime de Moussa Traoré. Ils accusent Moussa Traoré d’être aussi à la base de la faillite de l’État. Et les acteurs du mouvement démocratique, sont-ils clean ? Non. Ils sont loin d’être clean. Moussa Traoré était, certes, était un dictateur. Il n’y avait pas le multipartisme. Les fonctionnaires n’étaient presque pas payés. Mais le pays n’était pas tombé aussi bas sous son règne.
C’est sous les régimes démocratiques que le Mali a connu des fonctionnaires milliardaires. Cela est un fait. Il est incontestable. Donc même si la corruption a commencé sous Moussa Traoré comme ils le disent, elle a été généralisée sous l’ère démocratique. Le Mali n’a jamais été aussi ridiculisé que sous la démocratie. Quoi qu’on puisse dire, le général Moussa Traoré a laissé une armée vaillante, bien équipée. Qui a détruit ces équipements ? C’est bien le mouvement démocratique. La preuve : la flamme de la paix. Les détournements de l’argent destiné à l’armée, à des centaines de millions, c’est encore sous les démocrates. La preuve : l’achat des équipements militaires sous le régime IBK. La politisation de l’armée avec des recrutements honteux, c’est sous la démocratie. La faillite de l’école malienne, c’est encore sous les démocrates. Depuis leur arrivée, ils ont favorisé le clanisme, le clientélisme dans la gouvernance. Au lieu que les nominations se fassent sur la base du mérite, elles se font plutôt selon l’appartenance à un parti politique.
Bien qu’ils ont amené le multipartisme, mais à quoi cela a servi si les élections ne sont jamais crédibles ? Les populations qui, selon les principes démocratiques devraient rênes, sont considérées comme de bêtes électorales. L’armée est aussi fautive parce que certains hauts gradés ont accepté d’être politisés. Certains d’entre eux se sont enrichis sur le dos de la base. Cela est aussi une réalité.
La société civile est fautive pour n’avoir pas joué son rôle. Elle est restée au service du prince du jour. Elle donc a failli à sa mission. S’il n’y avait pas eu un échec généralisé, il n’y aurait pas eu de coups d’État pendant la démocratie. La chute du Mali n’est pas la faute d’un seul homme ou d’un régime, c’est un échec commun.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS