Le Pays Dogon est orphelin. Abandonné par l’Etat central depuis longtemps, ses populations vivent dans la terreur. L’espace est devenu la base arrière des terroristes. Ces hommes sans foi ni loi s’en prennent aux paisibles citoyens gratuitement. Ils ont instauré la loi du plus fort car en face d’eux il n’y a rien. L’armée malienne n’est pas visible dans la zone.
Voilà le constat qui a donné naissance à un groupe, Dan Na Ambassagou, composé uniquement de chasseurs pas seulement Dogon, qui s’investit depuis des mois pour la sécurisation du Pays Dogon. Il défend et parfois va à la traque des ennemis de la paix partout où ils se trouvent.
Cette présence spontanée pour combler le vide laissé par l’Etat a permis au Pays Dogon de ne pas tomber définitivement entre les mains des terroristes.
L’Etat à travers le Premier Ministre avait d’ailleurs envoyé des émissaires dans le but de rencontrer les responsables de Dan Na Ambassagou. L’effort de la force d’auto-défense avait été reconnu par des autorités de Bamako et de la région de Mopti à l’époque. Alors, les lignes bougeaient. Les deux avaient décidé de s’accorder les violons pour sécuriser la zone tout en dissipant l’amalgame au sujet de la question peulh car cette communauté qu’on le veuille ou pas est une partie intégrante du Pays Dogon. Elle y vit depuis des siècles et partage beaucoup de choses avec les autres communautés.
L’effort du gouvernement ne se faisant toujours pas sentir, Dan Na Ambassagou a toujours continué la mission qu’il s’est assignée de façon volontaire car sans le Pays Dogon, il n’a pas de raison d’exister. C’est ainsi que suite à l’attaque d’un village dogon par des terroristes, Sabèrè, la semaine dernière, les Chasseurs sont passés à la vitesse supérieure en procédant à la neutralisation de toutes les poches d’ennemis qu’ils connaissent dans la zone et au ratissage.
Brusquement, une voix des plus autorisées s’aventure dans des propos qui risquent d’envenimer davantage la situation. En l’occurrence le communiqué du Gouverneur de Mopti dont il est question lu dans le JT de 20 heures de l’ORTM avant-hier. Au sujet de la situation au Pays Dogon il dit : « Les seuls partenaires de l’armée sont les forces internationales. En conséquence, l’armée n’a armé aucun groupe de chasseurs pour combattre les terroristes. Cette mission ne relève que de l’armée malienne. Toutefois, l’armée se fera le devoir de désarmer tout individu en possession d’une arme de guerre de gré ou de force ».
Ces propos sont contraires à la vision du Premier ministre et du Président de la République car Soumeylou Boubeye Maïga a clairement dit à Mopti, lors de sa visite, que le gouvernement est prêt à dialoguer avec tous les groupes qui sont du côté de l’Etat malien. Dan Na Ambassagou n’a pas caché sa position. Il se bat pour le Mali et est prêt à se tirer de la scène une fois que l’armée retournera dans le Pays Dogon. Comme tel n’est pas le cas pour le moment, alors il se doit l’obligation de protéger la contrée mère de son identité contre l’envahissement des forces du mal.
Le Président de la République, IBK, lorsqu’il rencontrait, la communauté Dogon à Koulouba a tendu une oreille attentive aux doléances de Ginna Dogon. Au nom de tout le Pays Dogon, le président de Ginna Dogon, monsieur Togo, a sollicité l’accompagnement d’IBK pour sécuriser cette zone en proie à l’insécurité qui a impacté sur tout : agriculture, foires, élevages…
Monsieur Togo va plus loin en relevant à IBK où se trouvent les terroristes au pays Dogon. Le nom d’une forêt est indiqué. Ce jour, IBK s’est montré satisfait de la doléance les pistes donnée pour que l’Etat puisse arriver à bout de cette crise dans le Pays Dogon.
Alors pourquoi un simple Gouverneur vient, avec un ton menaçant contre toute une communauté, jeter de l’huile sur le feu ?
IBK et Soumeylou doivent agir vite pour contrôler la tension qui monte au Pays Dogon. Les propos du Gouverneur sont tout simplement inadmissibles.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays-Mali