Rien ni personne ne pouvait empêcher la tenue des marches qui se sont déroulées la semaine dernière à travers les grandes villes du pays. Qui ont été d’ailleurs une grande réussite en termes de mobilisation. A la différence d’autres marches, sous la transition, où, des associations et organisations, à la limite farfelues, endoctrinaient des conducteurs de pousse-pousse pour les jeter sur les grandes artères de la capitale, jusqu’à monter à Koulouba pour agresser le président de la République.
Cette fois-ci, les nostalgiques des grands mouvements humains ont été bien servis, car toutes ces marches ont été un franc succès et se sont déroulées dans une bonne atmosphère.
Cependant, ce succès cache mal le vrai mobile de ces marches populaires.
D’abord, pour Bamako, il s’agissait d’une marche organisée par les associations islamiques, principalement Ansardine du chef religieux, Chérif Ousmane Madani Haidara, que d’autres organisations de la société civile ont rejoint. Ensuite, cette marche visait à protester contre le principe de fédéralisme prôné par les groupes armés lors des pourparlers d’Alger.
Dans ce contexte, on ne voit pas ce qu’une marche, aussi grandiose comme celle de la semaine dernière, pourra faire pour changer les choses. Car, il ne s’agit, ni d’une décision étatique, ni d’un diktat de la communauté internationale, mais simplement d’une posture adoptée par une partie aux négociations. Auxquelles négociations, des représentants de la société civile sont partie prenante, une première dans des pourparlers de ce type.
C’est pourquoi, la portée de ces marches est viciée en son motif. Sinon, d’autres motifs de marche sont là : sollicitation de l’aide en armements militaires au profit des FAMa, la traduction en justice des auteurs du blanchiment d’argent (29 milliards des 69 milliards) du marché de l’équipement de l’armée, la morosité de la MINUSMA… Au demeurant, on peut continuer à défier le soleil de plomb pour battre le pavée de Bamako à Gao, tant que ces irrédentistes ont entre leurs mains la région de Kidal et toutes les localités environnantes de Gao et de Tombouctou pour leurs trafics de drogues et d’armes, ils resteront, aussi longtemps qu’ils peuvent, dans leur posture maximaliste : fédéralisme, autonomie, indépendance. Histoire de faire trainer les choses et buller dans des grands hôtels algériens et autres. Et les commanditaires des pourparlers n’auront d’autres choix que d’entrecouper les pourparlers. Ainsi, après la trêve de la Tabaski pour suspendre les entrevues, on doit s’attendre à la trêve du Noël et de Pâques (pour Avril 2015).
Entre temps, la France continuera à fermer les yeux sur les réalités du Sahara, combattra l’organisation de l’Etat Islamique en Irak et au Levant et caressera dans le sens du poil ces rebelles maliens qui coalisent avec tous les djihadistes de la région dont l’organisation Daesh qui a assassiné l’innocent Hervé Gourdel.
Cette trêve de Tabaski doit être mise à profit par l’Etat et les organisations de la société civile pour repartir sur un nouveau pied avec un nouveau fusil d’épaule. Même si nous n’avons que l’épaule et pas encore de fusil.
Moustapha Diawara