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Edito : Juge, dis-moi au nom de qui tu juges, et je te dirai qui tu es !

Si c’est bien au nom du Peuple Souverain du Mali que la justice est censée rendue et non dans le seul souci de donner leçon aux potentiels aventuriers agresseurs de magistrats, alors, la justice malienne se trouve dans un égarement effarant. Loin de nous l’idée d’un quelconque soutien à l’un des protagonistes, que nenni ! Mais de rappeler ce principe sacro-saint de la justice elle-même : nul n’a le droit de se rendre justice ! Le juge de Ouelessebougou l’a fait. Une erreur de jeunesse, peut-être !

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En faisant éventuellement appel au Garde à proximité, (et surtout en évitant de riposter s’il s’avère être l’agressé), il pouvait éviter le pire et, par la suite, engager une procédure contre le visiteur ! Mais, voilà, plus tard, que dans le souci de décourager d’éventuels aventuriers, l’affaire diligentée  voire conclue ! Le présumé agresseur est arrêté et emprisonné. Une belle victoire ! Mais quelle victoire ?

Quoique mal élus pour la majorité d’entre eux, les députés de la majorité restent les représentants du peuple (les bouleversements intervenus au niveau de la Cour Constitutionnelle lors de la proclamation des résultats des législatives restent encore d’actualité). Celui de Ouélessebougou n’échappe pas à la règle. S’il avait une once d’estime et de respect de la majorité de ses concitoyens, l’on aurait certainement entendu un signal fort de cette localité depuis le début de l’affaire. Comme pour dire que sa légitimité reste douteuse. A la place de la séparation des pouvoirs, l’on assiste désormais à des heurts au quotidien entre eux : des syndicats de la magistrature vivement opposés aux décisions du gouvernement à travers le ministère de tutelle ; une Assemblée Nationale, majorité et opposition,  pour une fois d’accord pour réclamer un nouveau gouvernement ; et aujourd’hui, le parlement et le judiciaire qui s’empoignent comme l’atteste le boycott, vendredi dernier de la dernière plénière de l’Assemblée Nationale en vue de protester contre le sort réservé à l’un des leurs…

En somme, en fait de pseudo-victoire pour la justice malienne, cet incident de Ouélessebougou vient confirmer tout simplement le profond malaise et la situation de déliquescence du pays à travers le conflit désormais entre les institutions du pays, à savoir, l’Exécutif, le Judiciaire et le Législatif.

Il met surtout en péril la carrière du magistrat concerné. Un avocat mal inspiré n’hésitera certainement pas un jour à lui rappeler, à la faveur d’une audience, qu’il s’est lui-même rendu justice à Ouéléssebougou. Et ce n’est pas flatteur pour un juge censé rendre son jugement au nom du peuple.  Aussi, il ne lui sera certainement plus aisé d’officier dans un environnement désormais hostile. C’est bien un autre regard que les justiciables de cette localité auront dorénavant sur lui. Et pour sa part, il risque lui-même d’être profondément affecté par l’incident au point d’être influencé dans ses jugements. En clair, en fait de victoire, c’est juste une grosse défaite des instituions de la République et en l’occurrence de la justice malienne.

B.S. Diarra

 

SOURCE: La Sentinelle  du   2 déc 2014.
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