Alassane Ouattara et Yaya Touré faisant le tour de la ville dans une décapotable non blindée ! L’âge d’or est encore loin. Mais c’est sûr que la Côte d’Ivoire s’est réinscrite dans le cercle vertueux. Rien à voir avec les temps de sinistre mémoire où pogroms, charniers, roquettes, kalach et machettes rythmaient le quotidien d’un pays longtemps envié de ses voisins.
Le trophée de la Can ne sanctionne pas qu’une réussite sportive tout à fait méritée du reste, car le palmarès ivoirien sur l’échiquier continental est, en soi, éloquent. Les centaines de milliers de supporters en délire, le sourire comblé du président Ouattara, le bonheur manifeste de ces jeunes héros champions d’Afrique, tout cela n’envoie qu’un seul message. Un message politique de la plus haute signification et un message d’une véracité qui ne peut être mise en doute : le retour de la Côte d’Ivoire. Sous Gbagbo, c’était un beau slogan pour retenir le peu d’investisseurs restés dans un pays soudain tombé sur la tête. Sous Ouattara, le slogan, au-delà du sacre sportif, a le visage des projets de désenclavement réalisés et en cours, les indicateurs d’une économie qui fait de grands bonds et la fierté d’une capitale qui efface les stigmates des horreurs passés pour se remettre au travail. Un parcours qui donne des raisons d’espérer dans un continent paumé. Reste le défi démocratique : une gouvernance solide, une société de mérite et de redistribution, une séparation réelle des pouvoirs, des contre-pouvoirs sains et mobilisés. Dans le crépuscule actuel des démocraties post baulliennes, la Côte d’Ivoire peut être une lueur africaine. Et Ouattara venu dans le sang et à son corps défendant a les cartes en main. Ce n’est pas un rêve fou. Dieu était ivoirien, il ne demande qu’à reconquérir sa nationalité
Adam Thiam
source : Le Républicain