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Edito : Il y a péril en la demeure du M5 RFP

Le Mouvement hétéroclite du 5 juin Rassemblement des Forces patriotiques, M5 RFP, qui a suscité pourtant de l’espoir et de l’espérance chez les maliens, est devenu aujourd’hui l’ombre de lui-même. Scindé en trois petits morceaux, ses leaders ont sacrifié le bel outil politique sur l’autel de leurs ambitions personnelles.

Si la scission du mouvement  n’a guère surpris les observateurs avisés de la scène politique malienne, à cause de son caractère hétéroclite et aux divergences politico-idéologiques des leaders qui le composent, la manière à la fois éhontée et dégradante par laquelle elle est intervenue fait froid dans le dos. Qui pouvait imaginer que ceux qui ont eu à gérer le pays pendant des décennies pouvaient tomber aussi bas au point de mener sur la place publique des débats de caniveau ? Déballage de secrets les plus intimes, injures publiques, menaces, les leaders se sont adonnés à cœur joie à des pratiques dignes d’une autre époque. Ils se sont livrés à des invectives de mauvais aloi décrédibilisant encore une fois de plus l’homme politique malien.

L’histoire vient de donner raison aux multiples détracteurs de la classe politique malienne. Les détracteurs  lui ont fait porter le chapeau de la déliquescence de l’Etat avec comme corolaires la corruption, le népotisme, le clientélisme, l’affairisme bref tous les maux qui gangrènent la République. La querelle de clochers au sein du M5 RFP est le témoignage éloquent du manque de conviction et surtout de la soif vorace  de la plupart des hommes politiques qui n’ont d’ambition que pour leur bien être personnel. Le Mali semble être le dernier souci de la grande majorité des hommes politiques en général et ceux du M5 RFP en particulier, qui ne se préoccupent  beaucoup plus de la préservation de leurs chapelles que du bien-être du peuple. La gouvernance vertueuse, qui aurait dû être son crédo, a été piétinée ou renvoyée aux calendes grecques.

La guerre des clans au sein du M5 RFP est la preuve irréfutable du caractère hétéroclite, du manque de vision commune de ses leaders et des grandes divergences politico-idéologiques . En effet, après un premier couac qui a vu cinq grands ténors du M5 RFP, à savoir l’ancien Premier Ministre Modibo Sidibé, les anciens ministres Mme Sy Kadiatou Sow, Me Mohamed Ali Bathily, Konimba Sidibé et Cheick Oumar Sissoko, se retirer du grand groupe pour fonder le M5 RFP Mali Koura, au motif que le Mouvement ne pouvait plus être dirigé par le Premier Ministre Choguel K Maiga qui venait d’être nommé au poste de premier ministre de la transition. Pour les frondeurs le Mouvement du 5 juin doit rester une structure de veille citoyenne et surtout de suivi-évaluation des problèmes qui ont été à la base du soulèvement populaire. Ils ont été taxés de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure. Des jaloux et méchants qui en veulent au PM Choguel K Maiga. Même une partie de l’opinion n’avait pas compris en son temps ce qu’elle considère être un acharnement contre Choguel K Maiga. L’histoire semble donner raison aux premiers frondeurs, car ils sont rejoints par d’autres en tête desquels Me Mountaga Tall, Imam Oumarou Diarra, Jeamille Bittar, Tiémoko Mahamane Maiga, pour ne citer que ces quelques figures de proue. Comme le précédent groupe, celui dirigé aujourd’hui par l’Imam Oumarou Diarra fait les mêmes reproches au PM Choguel. Ce dernier dans son obstination à avoir la mainmise sur le Mouvement s’est vu éjecter du fauteuil de président du comité stratégique du M5 RFP par le groupe de l’Imam Diarra qui se dit majoritaire. L’on est encore parti pour un autre feuilleton politique dont nul ne pourrait prédire son épilogue tant l’intrigue n’est pas perceptible. En tout cas nul ne sait de quoi demain va nous réserver.

En somme, cette deuxième fronde a été non seulement virulente, mais aussi et surtout a fortifié une frange importante de l’opinion qui dans son jugement, pense que la classe politique malienne n’est pas digne de confiance. Une introspection s’impose alors.

Youssouf Sissoko

L’Alternance

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