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Du procès de Jean-Pierre Bemba Gombo

La Cour pénale internationale (CPI) a prononcé, le 21 juin, la plus lourde peine de son histoire contre le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba Gombo. Condamné à dix-huit ans de prison ferme, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (2003-2006) et sénateur de sa formation politique séjourne à la Haye depuis huit ans. Il devra donc attendre dix ans supplémentaires en prison avant de retrouver la liberté de ses mouvements et revoir les siens. Il sera alors âgé de 65 ans. A moins que l’appel qu’interjetteront ses avocats lui soit bénéfique en termes de réduction de peine, ou que son propre comportement décide un jour les juges de la CPI à lui accorder une faveur en ce sens. Tout ceci est bien évidemment très laborieux à mettre en œuvre.

Jean Pierre Bemba ancien vice president congolais

Ce qui est certain, le verdict contre Jean-Pierre Bemba Gombo a été vécu par ses partisans comme une véritable injustice. A Kinshasa, notamment, où le délibéré de la CPI a été suivi en direct à la télévision par ces derniers, ce sentiment d’injustice a alimenté moult commentaires. Le chef des milices du MLC, il est vrai, n’était pas en Centrafrique au moment de la commission par ses hommes de crimes qui lui sont imputés et à l’examen desquels il n’a bénéficié d’aucune clémence des juges. Bien au contraire, sa peine a été alourdie par les circonstances jugées aggravantes des cas de viols crapuleux. Le fait est que, durant la procédure, les acteurs centrafricains eux-mêmes qui appelèrent Bemba à l’aide, en particulier le président Ange-Félix Patassé (décédé en 2011), ou même les responsables militaires centrafricains qu’il commandait n’ont jamais été inquiétés. Pour les partisans de Bemba Gombo, en limitant les poursuites à sa seule personne, la CPI n’est pas parvenue à dire le droit de façon équitable.

La déception des proches de Jean-Pierre Bemba Gombo est-elle, peut-être aussi, partagée par de nombreuses voix qui s’élèvent en Afrique contre la partialité supposée de la CPI. N’ayant à ce jour pour uniques pensionnaires que les Africains, cette cour est de plus en plus critiquée et même contestée dans sa noble mission de punir les auteurs des crimes abominables commis dans le monde. Ce débat sur le bien-fondé de cette institution est loin d’être épuisé tant les avis restent tranchés. Il y a d’un côté ceux qui y voient l’unique recours contre la violation à grande échelle des droits de l’homme par des Etats, des mouvements armés et leurs meneurs, et de l’autre, ceux qui estiment, en revanche, que la CPI serait mieux inspirée de jouer franc-jeu : elle devrait aussi s’attaquer aux violations des droits humains  perpétrés lors d’interventions parfois très musclées des grandes puissances dans des Etats tiers : les cas libyen et irakien sont souvent cités.

En même temps que l’on formule des critiques à l’encontre de la CPI, en même temps devrait être pris en compte le soulagement des victimes lorsque des seigneurs de guerre jugés coupables, pourvu que cela soit avéré, sont condamnés. Mais, dans le cas de ce qui s’est passé en Centrafrique, en 2003, avec les milices MLC, le dénouement judiciaire du 21 juin peut souffrir de sa partialité: les hommes de Bemba avaient, en effet, été placés sous les ordres de leurs hôtes centrafricains, connus sans doute de leurs compatriotes. La RCA avait malheureusement replongé dans des violences de grande ampleur dix années plus tard. Elle en sort maintenant et c’est tant mieux.

Posons-nous cependant cette question pour terminer: les Etats africains, les gouvernements et les acteurs politiques du continent ne pourraient-ils pas oeuvrer à promouvoir le dialogue en leur sein et rejeter le recours aux violences et aux milices comme moyen de résoudre les problèmes qui les opposent? C’est un pari difficile, certes, mais le gagner mettrait les populations à l’abri des exactions des fauteurs de guerre et ferait en sorte que la CPI ne soit pas en droit d’espérer encore plus de clients pour ses tribunaux dédiés aux seuls Africains. Et quand on pense à l’actualité du “Brexit”, le retrait spectaculaire du Royaume Uni de l’Union europeenne à l’issue du référendum du 23 juin, on se demande si les Etats africains dressés contre la CPI n’entameront pas dans quelques années une marche forcée de sortie de l’instance judiciaire de la Haye. Avec, comme on le dit du divorce United Kingdom-European Union, des conséquences diverses sur les relations internationales.

Gankama N’Siah
Source: adiac-congo

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