L’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) en partenariat avec le Centre International du Développement des Peuples (CISP) et l’ONG Wildaf, a organisé le 11 décembre, au Centre islamique, une table-ronde sur le thème « Droits humains et religion : quelle vision aujourd’hui ? La place de la femme dans le contexte ».
La cérémonie d’ouverture a enregistré la présence de Me Alou Keita de l’AMDH, Mme Kassogué Claudia Berlendis, responsable pays du CISP Mali.
Il y a 70 ans, la Déclaration universelle des droits de l’homme définissait les droits fondamentaux applicables à tout être humain, quelle que soit son origine, son sexe et son âge.
Dans le contexte malien, le patriarcat traditionnel est ambiant et amplifié par une vague d’intégrisme religieux, indiquant les femmes comme des cibles privilégiées. Pourtant des femmes et défenseurs des droits de l’homme au quotidien revendiquent leurs droits depuis de nombreuses années. L’AMDH, le CISP et l’ONG Wildaf, ont organisé cette table-ronde dans l’optique de poser des interrogations sur les possibilités de repenser les religions et de les mettre en perspective des droits humains et d’envisager la place de la femme dans les religions.
Cette table-ronde visait à introduire des réflexions autour de l’islam, la modernité, la tradition et les droits de la femme. Il s’agissait également de dégager à travers un débat d’échange les conséquences sociales d’une mauvaise interprétation du concept genre, de la croyance religieuse et culturelle sur les droits fondamentaux, en permettant de mieux clarifier la problématique des pratiques traditionnelles néfastes.
Depuis quelques années, selon Me Alou Keïta, l’AMDH a intégré l’approche genre dans ses projets en consacrant plusieurs activités à la sensibilisation, à la participation et à la lutte contre les discriminations et les violences basées sur le genre. C’est dans cette dynamique que l’AMDH a noué un partenariat avec le CISP pour la mise en œuvre du projet HAOUA qui a pour objectif global de soutenir la protection des femmes défenseures des droits de l’homme et des organisations travaillant pour les droits des femmes au Mali et en Algérie. « Selon les statistiques des enquêtes par Grappe à Indicateurs Multiple au Mali , en 2015, seuls 5% des femmes de 15 à 49 ans ont eu un accès hebdomadaire aux medias, 16,1% des femmes de cette même tranche d’âge déclarent avoir été mariées ou en union avant l’âge de 15 ans, 75,2% des femmes et des filles continuent de subir les mutilations génitales féminines au Mali. 34,9% des jeunes femmes de 15 à 24 ans sont capables de lire une phrase courte ou simple ou sont allées à l’école secondaire contre 48% des jeunes hommes de la même tranche d’âge », a-t-il souligné. A en croire Me Alou Kéïta, ces indicateurs montrent qu’il y a certes eu une évolution positive, mais qu’il reste beaucoup à faire en vue d’obtenir un changement de comportement vis-à-vis des questions relatives au Genre.
Pour sa part, Claudia Berlendis, responsable pays du CISP Mali, a souhaité que le projet HAOUA se base sur une approche participative de collaboration Sud-Sud ainsi que sur la mise en réseau des différents acteurs pour permettre la diffusion de la défense des droits des femmes et de leur protection.
Bintou Diarra
Source: lechallenger