10 décembre 1948-10 décembre 2018, l’humanité célèbre le 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali) n’est pas restée en marge de cette célébration.
Pour magnifier cette célébration, la MINUSMA à travers la DDHP en collaboration avec le Gouvernement du Mali et la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), ont organisé hier, jeudi 13 décembre 2018, à l’Hôtel Sheraton de Bamako, la Journée Internationale des Droits de l’Homme 2018 autour du thème “Levez-vous pour vos Droits”. L’objectif visé à travers la célébration de cette journée est d’engager davantage l’ensemble des acteurs nationaux dans la dynamique en faveur de la protection et de la promotion plus soutenue des droits de l’homme au Mali. Il ressort de cette cérémonie commémorative que les violations des droits de l’homme d’aujourd’hui sont les conflits de demain.
La Cérémonie officielle de lancement des activités commémoratives du 70e anniversaire de la DUDH était présidée par le représentant du ministre de la justice, garde des sceaux, Modibo Sacko, en présence de la Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général de la Minusma, Mme Mbaranga Gasarabwe, du directeur de la DDHP de la Minusma, Guillaume Ngefa, du président de la CNDH, Malick Coulibaly, de l’honorable Idrissa Sankaré, député à l’Assemblée nationale du Mali, du président de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR), Ousmane Oumarou Sidibé, des diplomates accrédités au Mali, des membres du Réseau Media et droit de l’homme (RMDH) avec à leur tête, Boukary Daou et d’autres personnalités. « Le 10 décembre 2018 marque le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est l’occasion pour nous de célébrer ce document extraordinaire. Je suis convaincue que cette Déclaration est aussi pertinente aujourd’hui qu’elle l’était lors de son adoption 70 ans plus tôt. Je suis convaincue que l’idéal des droits de l’homme, énoncé dans cette Déclaration, a été l’une des plus grandes avancées de l’histoire de l’humanité et l’une des plus réussies. Mais aujourd’hui, ce progrès est menacé. Nous naissons ” libres et égaux ” mais des millions de personnes sur cette planète ne le restent pas. Leur dignité est bafouée et leurs droits sont violés jour après jour », a déclaré le représentant du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Guillaume Ngefa. Avant d’ajouter que les défenseurs des droits de l’homme du monde entier sont en première ligne pour défendre la Déclaration universelle par leur travail, leur dévouement et leur sacrifice. Il sera suivi du président de la CNDH, Malick Coulibaly qui a fait savoir que son organisation apprécie l’appui de la mission onusienne à la restauration de la paix et de la cohésion sociales au Mali. Pour lui, l’universalité signifie que les droits de l’homme n’imposent pas une norme culturelle, mais plutôt une norme juridique relative à la protection minimale au-dessous de laquelle la dignité humaine cesse d’exister. « La DUDH a 70 ans depuis quelques jours. Le moment est peut-être venu de faire un bilan. Sans céder un angélisme militant, on peut affirmer que la DUDH a fait bouger l’humanité sur les droits de l’Homme. D’abord, parce que l’instrument déclaratoire qu’elle est, donc non contraignante, la DUDH a donné naissance aux deux Pactes jumeaux de 1996 », a-t-il dit. A ses dires, la DUDH est de nos jours l’instrument le plus vulgarisé et connu. « Sans céder à un réalisme cynique, il est permis de dire que 70 ans après, il y a encore du chemin. D’abord parce que les violations des humains s’amplifient avec le temps et à travers l’espace. Ensuite, parce qu’il est des tentatives de remettre en cause l’universalité des droits humains. En définitive, les limites de la DUDH sont inhérentes à la nature des droits humains. Ceux-ci ne sont pas une destination ; c’est processus. Les droits humains ne sont non plus un aboutissement, c’est un cheminement », a déclaré Me Malick Coulibaly. Quant à la Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général de la Minusma, Mme Mbaranga Gasarabwe, le Mali démontre chaque jour son engagement pour la promotion et la protection des droits de l’homme. Selon elle, cet anniversaire n’est pas sans enjeux. Car, dit-elle, la pression sur les droits universels est en effet devenu une évidence. A l’en croire, l’universalité et la primauté des droits de l’Homme sont mis en cause par différentes formes de relativisme. « Les institutions qui les défendent, comme le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, sont contestées dans le même mouvement. Cette contestation idéologique est devenue, malheureusement, de plus en plus fréquente dans les discours politiques. Pourtant les droits de l’Homme ne sont pas des « valeurs » qu’il faudrait adapter aux cultures et aux identités locales. Les respecter n’est pas un choix politique, mais une obligation juridique. En tant qu’êtres humains, l’idée que nous naissons libres, que nous naissons avec les mêmes droits humains, doit être pour nous tous une évidence. Les victimes des violations graves des droits de l’homme savent bien que les droits de l’homme sont universels », a-t-elle dit. Avant de signaler que l’impunité pour les violations graves des droits de l’homme est une menace toujours plus grande. « Sans redevabilité, sans mécanismes de lutte contre l’impunité, et sans protéger le droit des victimes de ces violations, le droit international des droits de l’Homme restera une coquille vide… Les violations des droits de l’homme d’aujourd’hui sont les conflits de demain », a-t-elle conclu. Pour sa part, le représentant du ministre de la justice, garde des sceaux, Modibo Sacko a indiqué que le Mali est engagé à respecter et à faire respecter les droits de l’homme. « Nous savons qu’il y a d’énorme violations des droits de l’homme qui sont commises au Mali. Et pour ceux qui ne le savent pas, à chaque fois qu’il y a violation des droits de l’homme, les enquêtes sont ouvertes », a-t-il dit. Enfin, il dira que les violateurs des droits de l’homme seront poursuivis et les droits des victimes seront respectés. Après les différentes allocutions, l’assistance a eu droit à un procès fictif présenté par l’Association jeunesse Art. L’objectif de ce procès fictif est d’attirer l’attention de l’opinion afin que le droit de tout un chacun soit respecté.
Aguibou Sogodogo
Source: Lerepublicainmali