Chaque année, Amnesty International dresse un bilan de la situation des Droits humains dans le monde. Ce Rapport couvre 149 pays dont 35 d’Afrique subsaharienne et présente une analyse détaillée des grandes tendances en matière de Droits de l’Homme observées à travers le monde. Pour l’organisation de défense des Droits de l’Homme, au titre d’année en 2020, la situation des Droits humains dans notre pays demeure précaire.
Selon Amnesty International, au cours de l’année 2020, des groupes armés et les forces de sécurité ont commis des crimes par rapport au Droit international. Cela, en toute impunité.
La Police a fait usage d’une force excessive, notamment contre des manifestants. Des militantes et des Représentants de l’État liés au Gouvernement précédent ont été arrêtés et détenus arbitrairement. Les Autorités n’ont pas suffisamment agi pour protéger les femmes et les filles des mutilations génitales féminines. Des personnes faisaient l’objet de discriminations en raison de leur statut social présumé. Le conflit en cours et la pandémie de COVID-19 ont gravement nui aux Droits à la santé et à l’éducation.
Amnesty international indique aussi dans son Rapport que des groupes armés ont commis des crimes de guerre et d’autres cas d’exactions, se rendant coupables notamment des dizaines d’attaques contre les populations civiles. Selon la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), un groupe de Dozos (chasseurs traditionnels) a attaqué le village de Sinda en janvier, tuant 14 civils. En février, un groupe armé du nom de Dan Na Ambassagou a attaqué le village d’Ogossagou, faisant au moins 35 morts et trois blessés graves dans la population civile.
En outre, le sort de 19 personnes disparues était toujours inconnu à la fin de l’année. En juillet, des Hommes armés appartenant, semble-t-il, au GSIM ont attaqué plusieurs villages des Communes de Tori et de Diallassagou, tuant au moins 32 civils. Des groupes armés ont également pris pour cible la MINUSMA. Entre janvier et septembre 2020, deux employés des Nations Unies ont été tués et 40 autres, blessés.
Entre septembre et la fin de l’année, des groupes armés ont assiégé le village de Farabougou, dans la Région de Ségou, empêchant les villageois de se rendre sur leurs terres agricoles et de se déplacer librement.
Le Rapport accuse également l’Armée d’avoir commis des exactions. « L’Armée malienne a commis des crimes de guerre et d’autres actes de violations des Droits humains à l’encontre des populations civiles au cours de ses opérations. Entre le 3 février et le 10 mars, au moins 23 civils ont été tués par des militaires dans le Cercle de Niono (Région de Ségou) et au moins 27 autres ont été victimes d’une disparition forcée ». Le Rapport d’Amnesty international évoque aussi du recours excessif à la force au Mali, des arrestations et détentions arbitraires, des cas d’enlèvement et de discrimination, des violences faites aux femmes et aux filles.
Par rapport aux Droits à la santé, le Rapport d’Amnesty international indique qu’en juin 2020 des organisations humanitaires estimaient que 23% des centres de santé maliens n’étaient pas opérationnels ou ne l’étaient que partiellement du fait de restrictions budgétaires ainsi que des répercussions de la pandémie de COVID-19 et du conflit sur les services publics. « Les Nations Unies ont recensé environ 287.496 personnes déplacées et 42.780 personnes réfugiées », révèle le Rapport d’Amnesty International.
Ensuite, ce document rappelle que des enfants étaient privés de leurs droits à l’éducation en raison des activités des groupes armés, en particulier dans les Régions du Centre du pays. Selon l’UNICEF, poursuit le Rapport, 1261 écoles étaient fermées en mars en raison de la menace constante que représentaient les groupes armés ; 370.000 élèves et 7.500 enseignants étaient concernés.
L’impunité dénoncée
Dans son Rapport, l’organisation de défense des Droits humains demande la fin de l’impunité et le droit à la justice et à des réparations. Elle rappelle aussi qu’en janvier la Cour d’assises de Bamako a ordonné la libération à titre provisoire d’Amadou Haya Sanogo, ancien Dirigeant d’une junte militaire, et de 17 de ses coaccusés. Ces Hommes avaient été inculpés en décembre 2013 d’enlèvement, d’assassinat et de complicité d’assassinat dans une affaire relative à l’homicide de 21 militaires. Ils avaient passé plus de six ans en détention provisoire à Sélingué, soit trois ans de plus que la durée maximale autorisée par le Droit malien. Leur procès, qui s’était ouvert en 2016, a été ajourné en janvier 2020 et n’avait toujours pas repris à la fin de l’année.
Le procès d’Al Hasan ag Abdoul Aziz ag Mohamed devant la CPI a débuté en juillet. Cet Homme était accusé d’avoir commis des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre à Tombouctou lorsqu’il appartenait à Ansar Dine, le groupe armé qui contrôlait la ville sainte pendant l’occupation du Nord du Mali par des groupes islamistes entre 2012 et 2013.
Au moins, 18 membres de groupes armés ont été déclarés coupables d’infractions en lien avec le terrorisme par la Cour d’assises de Bamako. Trois hommes ont notamment été condamnés à mort pour avoir participé à l’attentat mené en 2015 contre l’hôtel Radisson Blu (l’un d’entre eux a toutefois été remis en liberté par la suite, dans le cadre d’un échange de prisonniers). Quinze autres Hommes ont été reconnus coupables de « terrorisme, de détention illégale d’armes de guerre et assassinats » et ont été condamnés à la peine capitale en novembre.
Cependant, la majorité des crimes de guerre et des autres graves atteintes aux Droits humains perpétrés à l’encontre des populations civiles au cours du conflit demeuraient impunis.
Mémé Sanogo
Source: Journal l’Aube- Mali