Le 14 novembre 2023, la reconquête de la ville de Kidal a engendré une diatribe sans précédent de la part du Dr Oumar Mariko contre les autorités de la transition au Mali. Cet événement a marqué un tournant dans la perception que les Maliens ont de cet homme politique, autrefois considéré comme un « patriote inébranlable ».

Dr Oumar Mariko, président du parti SADI, s’est toujours distingué par sa défense avérée de la patrie mère. Sa voix s’élevait régulièrement pour dénoncer l’intervention militaire étrangère au Mali, prenant pour cible des entités telles que la MINUSMA, le Barkhane, le G5-Sahel et la Force Takuba. Il était presque le seul politicien malien à oser défier ouvertement le colonisateur, critiquant sans réserve sa politique néo-colonialiste en Afrique, avec un accent particulier sur le Mali.

Cependant, les choses ont pris une tournure inattendue lorsque des divergences de vue ont émergé entre le Dr Mariko et les autorités militaires au pouvoir à Bamako, dans le cadre de la gestion de la transition. Cette friction a conduit l’homme à être étiqueté comme un « traître » par une partie de la population malienne. Contraint à l’exil politique par la furie du contexte actuel, Dr Mariko a préféré se retirer dans un silence relatif.

Après une période prolongée de discrétion, Dr Mariko a fait son retour sur la scène politique avec son franc-parler habituel. Cette fois-ci, son discours a pris une tournure critique envers le pouvoir en place à Bamako. Alors que la nation célébrait la victoire de son armée à Kidal avec faste, le président du SADI a choisi de parler des crimes présumés commis sur les populations de la région de Kidal.

Dr Mariko, autrefois acclamé pour sa lutte contre l’influence étrangère, est aujourd’hui vu par certains compatriotes comme un « oiseau de mauvais augure à abattre ». Sa sortie médiatique, qui semble contredire l’euphorie nationale liée à la reconquête de Kidal, soulève des questions sur ses motivations et son positionnement politique.

Certains analystes politiques considèrent Dr Oumar Mariko comme « un homme qui refuse de s’incliner devant le pouvoir en place », tandis que d’autres le voient comme « un opportuniste cherchant à capitaliser sur les failles de la gestion de la transition ». La politique, déjà complexe, semble s’embrouiller davantage avec cette nouvelle dynamique introduite par Dr Mariko.

En fin de compte, la disgrâce politique apparente du Dr Oumar Mariko souligne les tensions politiques et sociales qui persistent au pays du Président feu Modibo Kéita, mettant en lumière « les défis complexes auxquels le pays est confronté dans sa quête de stabilité et de gouvernance démocratique ».

L’avenir politique du Dr Mariko reste incertain, mais son récent revirement souligne la fragilité des alliances politiques dans un pays en transition constante.

Cyril ADOHOUN

Source : L’Observatoire