«Je voudrais ici, au nom des anciens de l’Aeem, faire acte de notre position actuelle. Les anciens de l’Aeem s’opposent et rejettent la décision de la dissolution de l’association. Et nous allons accompagner nos cadets à utiliser tous les moyens démocratiques légaux pour faire annuler cette décision» ! Tel est l’engagement pris par les anciens de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) à travers leur porte-parole, Ibrahima Tamega. Réunis au sein d’un Cercle de réflexion et de solidarité, ils ont organisé le 17 mars dernier un atelier pour commémorer la «Semaine des Martyrs» (17-26 mars). Mais, les réflexions ont surtout porté sur les voies et moyens de circonscrire la violence dans l’univers scolaire et universitaire au Mali.
En effet, l’atelier avait comme thème : «Quelles solutions et recommandations pour juguler la violence en milieux scolaire et universitaire» ? Il s’agissait, pour les organisateurs, de faire des propositions pertinentes afin de trouver des solutions définitive et pérenne à la crise actuelle en milieu scolaire; pacifier l’espace scolaire et universitaire ; mettre en place une stratégie étatique de sécurisation de l’espace scolaire et universitaire à travers une police universitaire à l’instar des pays de la sous-région ; mettre fin à l’instrumentalisation de l’Aeem…
Cette initiative a aussi offert l’occasion aux participants de se prononcer sur la dissolution de l’Aeem par le gouvernement le 14 mars suite aux violents affrontements qui ont fait 1 mort et plusieurs blessés graves le 28 février 2024 sur le campus de Badalabougou. Et selon les analyses de ses anciens responsables et membres, la dissolution de cette association n’est pas une solution pour lutter contre les violences en milieu scolaire et universitaire au Mali. Et cela d’autant plus que, selon eux, l’Aeem n’est pas le seul responsable des actes de violence enregistrés ces dernières années sur la «Colline du savoir».
«On ne peut pas reprocher à l’Aeem toutes les violences dans les espaces scolaire et universitaire. En 2012, il y a eu des coups de feu au campus de Badalabougou qui ont coûté la vie à deux étudiants. L’Aeem n’y était pas impliquée. Ça venait de qui ? Des agressions incessantes ont ensuite commencé lorsque l’Aeem s’est effacée à la suite de ces événements. Il y a eu des agressions, des filles ont été violées au bas de la colline, des étudiants sont morts pour leurs motos… Ces agressions et ces morts ne sont pas de l’Aeem», a rappelé Abdoul Salam Togola, ancien Secrétaire général de l’AEEM.
À la suite des nombreuses interventions, le Crs-Aeem a ouvertement exprimé sa position officielle sur la dissolution de cette association. «L’annonce de la dissolution de l’Aeem a été précédée par une autre démarche que nous, les anciens membres, avions entrepris. Nous avons formellement adressé une correspondance aux autorités lorsque nous avons appris que les activités de l’Aeem avaient été suspendues en milieu scolaire et universitaire», a souligné le porte-parole des anciens membres de l’Aeem, Ibrahima Tamega. Et de poursuivre, «tout en condamnant toute forme de violence dans le milieu scolaire et universitaire, nous avions pensé qu’il était important et qu’il était de notre devoir de rentrer en contact avec nos autorités pour nous proposer en facilitateurs, échanger et réaffirmer notre disponibilité pour contribuer à bannir ces violences en milieu scolaire et universitaire…».
«Avant même d’avoir une réponse à cette correspondance officielle, la déception fut nôtre d’apprendre que finalement les autorités ont décidé de la dissolution de l’Aeem», a déploré Ibrahima Tamega. Ils ont donc encouragé leurs cadets à utiliser toutes les voies légales pour annuler cette décision du gouvernement avec leur soutien.
Sory Diakité