«J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas Brésilien». C’est par ces propos que le roi Pelé a encensé Laurent Pokou en 1972. L’ancien attaquant international ivoirien venait alors d’établir un nouveau record en marquant 14 buts en 2 phases finale de CAN (1968 et 1970) avec en prime, un quintuplé réalisé face à l’Ethiopie (record non encore égalé).
Considéré comme l’un des meilleurs footballeurs ivoiriens de l’histoire, Laurent Pokou a commencé sa carrière dès son jeune âge (9 ans) sur les terrains vagues d’Anoumanbo en Côte d’Ivoire. Très vite, il est repéré par les recruteurs de l’ASEC. Pendant qu’il fait ses classes chez les Mimos (surnom de l’ASEC, ndlr), le père Pokou, fonctionnaire à la RAN (Régie Abidjan Niger) est muté à Bouaké. C’était en 1962. Le jeune Laurent qui n’a que 15 ans, signe sa première licence au standard de Bouaké avant de passer à l’USFRAN (Union sportive des fonctionnaires de la RAN). Sa réputation dépasse la région du centre et les Abidjannais de l’ASEC viennent le « reprendre » pour l’associer en attaque à Eustache Manglé. En 1968 lors de la 6è édition de la CAN en Ethiopie, le jeune attaquant crève l’écran en inscrivant six buts et en terminant meilleur buteur de l’épreuve. Laurent Pokou prendra le surnom d’homme d’Asmara, suite à son match épique contre le Ghana dans cette ville en demi-finale. L’année suivante, le 22 octobre 1969, il marque 3 des 4 buts de son équipe face aux Aigles du Mali au Félicia et contribue à la qualification des Eléphants pour la CAN 70 au Soudan. Le mardi 10 février 1970, la sélection ivoirienne inflige un cnglant 6-1 à l’Ethiopie, lors de son second match à la CAN et Pokou réalise un festival en inscrivant 5 buts. Il totalisera 80 sélections avec les Eléphants. En 1973, il échoue en quarts de finale de la coupe d’Afrique des clubs champions face au Hafia de Conakry aux tirs aux buts. Après cet échec, le canonnier songe à changer d’air. Le 29 décembre 1973, il signe au Stade Rennais et effectue ses débuts en France le 5 janvier 1974. Doté d’une belle frappe de balle des deux pieds, d’un bon timing et surtout d’un bon sens du dribble, il évite la relégation aux Rennais la première saison, mais ne réédite pas l’exploit la saison suivante. Malgré tout, Pokou accepte d’accompagner Rennes au purgatoire. Avec les Rennais, il inscrit 52 buts en 82 matches (1974-1977 et 1978-1979), mais ne réédite pas cet exploit avec Nancy (3 réalisations en 19 matches). Après la France, Laurent Pokou revient alors sur les bords de la Lagune Ebriée et retrouve l’ASEC et son coach Guy Fabre. Il effectue une dernière pige avec les Eléphants à l’occasion de la CAN 80 avant de raccrocher définitivement les crampons. Laurent Pokou a été entraîneur de plusieurs clubs en Côte d’Ivoire et un des terrains d’entrainement de l’ASEC à « sol béni » porte son nom, tout comme un des salons VIP de la loge officielle de Rennes. Celui que les supporters appelaient également l’Empereur Baoulé, a rendu l’âme dimanche à la Polyclinique internationale Sainte Anne Marie d’Abidjan après avoir luté pendant plusieurs mois contre la malade. Laurent Pokou était âgé de 69 ans. Dors en paix l’homme d’Asmara !
S. B. T.
Source : L’Essor