L’Angola est un pays de l’Afrique Australe que de nombreux Africains ont découvert lors de sa lutte d’indépendance au milieu des années 1970, sur fond de rivalité fratricide entre le MPLA d’Agostino Neto et l’UNITA de Jonas Sawimbi. Le pétrole en a fait un eldorado qui accueille environ douze mille (12 000) Maliens et de nombreux autres Africains. La toile s’est affolée ces derniers jours, comme si ce pays avait lancé une chasse aux Maliens. Où se trouve la vérité ?
ANALYSE DE LA SITUATION
L’Angola a annoncé un vaste contrôle sur son sol qui concerne aussi bien les nationaux que les étrangers. Ce pays vient de connaître un changement de régime politique avec des bouleversements importants, et se prépare à organiser des élections législatives. Nul n’ignore que la question de l’électorat se trouve au cœur de la problématique d’autant plus que l’actuel président est un homme du sérail qui connaît bien les réalités du terrain et qu’il a besoin de tenir tous les leviers du pouvoir. En réalité, cette fois-ci, le cas des étrangers dans le pays ne représente qu’une infime partie du problème. Cela apparaît clairement à l’analyse des douze secteurs visés par le contrôle et au regard du nombre d’agents affectés à chaque secteur. Naturellement, là-bas comme ailleurs, tous les étrangers ne sont pas des résidents réguliers, mais personne ne peut empêcher l’Angola ou un autre pays d’effectuer ce type de contrôle sur son sol. Voilà pour les faits !
LA BONNE GESTION DES SITUATIONS DE CRISE
Les autorités maliennes sont à pied d’œuvre pour apporter les réponses que la situation exige. En effet, dès l’annonce des mesures, le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur sous la houlette de son président Habib Sylla, a mis en place une cellule de veille à son siège à Bamako, qui est en contact régulier avec les membres du Bureau du Conseil de Base des Maliens de l’Angola dirigé par le dévoué et expérimenté Abdoul Madjid Diallo qui n’est pas à son premier cas brûlant dans ce pays d’accueil. Une cellule de crise est en place au Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine pour le compte du Gouvernement. Les autorités maliennes ont déjà créé les conditions et donné les assurances pour venir en aide à nos compatriotes de l’Angola le moment venu. Il faut savoir que le dossier est complexe, qu’il faut éviter toute précipitation, car un rapatriement massif par le Gouvernement pourrait causer du tort à nos compatriotes au lieu de leur profiter. Un vrai paradoxe en somme, mais c’est aussi cela la bonne gestion de la diaspora en situation de crise.
LES « PAPOUS » DE L’AVENTURE
Que les parents et les familles au Mali se rassurent donc. Le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur et le Gouvernement veillent. Le contact avec l’Angola est permanent et la situation est suivie heure par heure. Certaines images diffusées sur le Net se rapportent malheureusement à d’autres situations que celle en cours. Les débordements sur les réseaux sociaux sont regrettables, car ils ne visent pas à donner l’information, mais à affoler et à montrer les autorités maliennes sous un jour sombre. Mille fois dommage ! Le phénomène des « Papous » découvert dans notre armée nationale lors de la crise de 2012 n’a pas épargné la diaspora malienne. Des parents ont choisi d’envoyer leurs enfants à l’étranger avec l’espoir qu’ils pourraient y réussir plus facilement. Cependant, le choix de l’aventure est d’abord une décision personnelle pour le véritable « tounkaranké », prêt à braver tous les risques pour atteindre son objectif. On connaît les cas récents de Bathily et Gassama en France. Les « Papous » de l’aventure comme leurs frères qui se sont retrouvés Dieu seul sait comment au sein de l’armée, sont tout le temps accrochés au téléphone pleurnichant à la moindre alerte et implorant leurs parents, fournissant ainsi de la matière aux rumeurs les plus folles relayées sur les réseaux sociaux. Les vrais « tounkarankés » sont comme les vrais militaires, prêts à vivre, à combattre et à mourir dignement sans ameuter le monde entier. Comme « Le Loup » d’Alfred de Vigny, ils pensent que « gémir, pleurer, prier est également lâche ». Leur devise est : « … sur la voie où le Sort a voulu t’appeler, souffre et meurs sans parler. »
Mahamadou Camara
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