Même si le président de la République semble décider du dialogue politique, une préoccupation nationale, en faisant un appel significatif au chef de file de l’opposition politique, les obstacles demeurent. Parmi eux : le maintien en poste du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga.
Nommé dans un contexte particulier, l’actuel Premier ministre, qui symbolisait la stabilité du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita, est devenu source d’instabilité.
Pour les observateurs de la scène politique, Soumeylou Boubèye Maïga a quasiment réussi sa mission, avec l’organisation de la présidentielle et la réélection du président Ibrahim Boubacar Kéita. Seulement voilà : l’organisation des scrutins législatifs constitue aujourd’hui le tableau sombre de sa mission puisque la nouvelle légitimité politique obtenue au sortir de la présidentielle n’a pas permis au Premier ministre de réaliser sa volonté.
Attendu sur le terrain du dialogue avec les acteurs politiques, le PM s’est plutôt inscrit dans une posture de répression. L’unanimité qui se dégageait autour de sa personne a du coup été durement éprouvée. Les hommes qui animent le jeu démocratique refusent ainsi de prendre langue avec lui.
A preuve, dans une correspondance en date du 5 novembre 2018, Soumeylou Boubèye Maïga a souhaité rencontrer, le vendredi 9 novembre 2018, l’opposition, avec à sa tête Soumaïla Cissé. Ladite rencontre qui devait se tenir au siège du cabinet du chef de file de l’opposition allait se pencher sur les actions du gouvernement en cours, les réformes politiques et institutionnelles envisagées, le processus électoral et le découpage administratif. Cette rencontre n’a pas eu lieu, car, l’opposition n’a pas donné une suite favorable à la demande du Premier ministre.
Dans la lettre en date du 8 novembre 2018 en réponse à celle du Premier ministre, l’opposition a dénoncé la fraude qui a entaché les résultats de l’élection présidentielle, la dégradation continuelle de la situation sécuritaire, etc. « Seul un Etat dirigé par un président légitime et reconnu par tous les Maliens peut prendre en charge les questions brûlantes auxquelles la nation est confrontée et les gérer conformément à l’intérêt général », précisait l’opposition.
Si Soumaïla Cissé n’a pas voulu prendre langue avec le PM, l’ex-ministre Me Mohamed Aly Bathily l’avait reçu, tout en crachant sur sa légitimité. L’honorable Oumar Mariko n’est pas aussi allé avec le dos de la cuillère. Depuis lors, la situation générale du pays se détériore de plus en plus. A cela s’ajoute la colère des religieux. De nos jours, les religieux sont partie prenante du jeu politique. Aucune réforme majeure ne peut être obtenue sans leur adhésion. Pourtant, l’une des conditions imposées par le Chérif de Nioro, est un dialogue sans l’actuel PM. Questions : avec qui SBM fera-t-il la paix : le RPM ou la Cofop ?
En tout cas, ses camarades politiques lui reprochent un plan de déstabilisation de la famille présidentielle. Le Rassemblement pour le Mali ayant été déjà secoué, puisque l’Asma du PM a copté près de 20 députés de ladite formation, ainsi que des milliers de conseillers municipaux.
Le hic dans cette histoire, c’est que le PM veut réussir des réformes institutionnelles dont la révision constitutionnelle. L’approche consultative des forces vives afin d’obtenir un minimum de consensus pourrait manquer.
La poursuite de la réorganisation territoriale dont la finalité est de renforcer l’efficacité de l’action, en prenant en compte le vécu des populations et des cohérences historiques et socioculturelles, l’approfondissement de la démocratie par une reconnaissance institutionnelle des identités territoriales dans une nation plurielle, un Etat démocratique et unitaire reste à désirer.
Le PM semble prendre tous les acteurs pour des adversaires. En somme, le président n’aura-t-il pas besoin d’un autre homme pour relever les défis actuels ?
Bréhima Sogoba
aumali.net