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Des victimes du 13 novembre se réunissent « en quête de reconstruction »

On pourrait s’y méprendre. En apparence, Phyllie, Emmanuel et Aurélia vont bien. Aucune difficulté à marcher, aucune séquelle visible. Eux aussi, pourtant, étaient au Bataclan. Traumatisés, ces trois rescapés de la tuerie ont ressenti le même besoin. Ils font partie des dix-huit premiers adhérents de l’association 13 novembre : fraternité et vérité, constituée samedi 9 janvier pour venir en aideaux victimes et aux familles touchées par les attentats survenus à Paris et àSaint-Denis.

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Les revoilà quatre jours plus tard pour une première réunion de travail, mercredi 13 janvier, deux mois tout juste après les attentats. Rendez-vous dans le 12earrondissement de Paris, près de la gare de Lyon, dans le salon de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac). Dans un soupir, Phyllie raconte : « Ça paraît fou, mais j’ai déjà entendu quelqu’un dire qu’il aurait aimé être blessé physiquement, affirme la femme de 37 ans. Comme s’il voulait avoir une légitimité pour se plaindre, pour exprimer sa souffrance. »

Parler pour soi et pour les autres

Aurélia, 43 ans, partage ce besoin de parler. Deux mois après, toujours ce même traumatisme en tête, ces mêmes scènes d’abomination. « Dans notre milieu professionnel ou parmi nos proches, on nous dit pourtant que, maintenant, on arrive à un moment où il faut tourner la page, il faut passer à autre chose. Comme on n’est pas marqué dans nos chairs, c’est plus facile de nous le dire. » Phyllie coupe : « On ne repassera jamais à autre chose ! Qu’on respecte le fait qu’on n’ait pas forcément envie d’aller faire la fête. Qu’on respecte notre besoin de temps. »

Un silence. Aurélia ajoute : « Et puis, ces expressions comme la vie continue, je les trouve cruelles pour les familles qui ont perdu quelqu’un dans les attentats. » Il en va ainsi de Georges Salines qui a perdu sa fille, Lola, tuée au Bataclan. L’homme a accepté de présider l’association qui regroupe donc rescapés, parents de défunts, parents de blessés, les uns étant liés à l’horreur du Bataclan ; d’autres, aux fusillades survenues devant les terrasses de restaurants parisiens ; d’autres encore, aux explosions aux abords du Stade de France.

Emmanuel, 29 ans, fait lui aussi partie des miraculés du Bataclan : « Ce serait abusif de dire que je comprends la douleur des familles qui ont perdu un proche, mais je sais que je peux leur parler, je sais qu’il y a un lien fort entre tous les membres de l’association. » Parler pour soi et pour les autres ; échanger sesexpériences. En quête de « reconstruction », Aurélia évoque tout « à la fois une démarche altruiste et personnelle ». « Ça fait du bien d’avoir cette liberté de parole avec des personnes qui ont vécu la même chose que nous », complète Phyllie, réticente « à plonger ses proches dans l’horreur » des souvenirs.

« 10 000 personnes à contacter »

Françoise et Mohamed, eux, ont vécu l’angoisse par procuration. L’une est la mère d’un « jeune adulte » qui avait passé la soirée du 13 novembre au restaurant La Belle Equipe. L’autre a tremblé pour sa fille, qui a passé « trois semaines à La Pitié-Salpêtrière » à se remettre de l’explosion au Comptoir Voltaire. Deux victimes indirectes qui compatissent avec les rescapés : « Ici, on peut se laisseraller, on peut pleurer », confie Françoise. « Chacun a ses difficultés, chacun a ses douleurs », confirme Mohamed.

Le 8 janvier, le procureur de la République dressait un bilan de ce macabre 13 novembre : 130 morts, 330 blessés et 640 individus « choqués » pour avoir assisté sur place aux attentats. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a rapporté jeudi 14 janvier que 51 personnes étaient encore hospitalisées, dont 3 toujours en réanimation.

Les dix-huit premiers membres de l’association, eux, ont tous été mis en contact après avoir sollicité des aides administratives auprès de la Fenvac. Parce que« trouver un avocat, un psychiatre, demander une indemnisation, tout ça, c’est nouveau pour nous, il y a 10 000 personnes à contacter, souffle Alexandre. Il faut y aller avec les dents, alors qu’on est tous hyper fragiles, on n’a pas cette force-là. »

Appelée à accueillir de nouveaux membres, l’association 13 novembre : fraternité et vérité entend désormais obtenir le droit de se porter partie civile à titre collectif dans l’enquête en cours. Un tel statut donnerait accès au dossier de l’enquêteouverte par le parquet de Paris. Pour comprendre. Et perpétuer la mémoire des vivants et des morts.

Source: Le Monde

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