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Des maux et des mots : Profession politicien

Il y a près de deux décennies, participant à un jury de recrutement d’un médecin clinicien, il m’était donné de constater dans le dossier d’un des candidats qu’il n’avait de fait jamais exercé sa très noble profession, en tout cas depuis sa sortie de l’Ecole Nationale de Médecine et de Pharmacie. Lors des auditions des candidats, celui auquel je fais allusion était tellement éloquent et « dense «  comme on dit, que les membres du jury étaient pour la plupart conquis. Toutefois, ayant eu pour ma part à consulter de façon approfondie son dossier, je lui posais la question suivante : Docteur, en sortant de chez vous le matin, vous tombez sur un homme qui s’écroule sous vos yeux, que faites-vous ? «  J’appelle les sapeurs-pompiers et je les attends auprès de lui « , me répondit-il. Je lui fis remarquer qu’ainsi, il ne se distinguait en rien d’un citoyen ordinaire mais qu’à mon humble avis, il devrait, en attendant l’arrivée des secours qui était une question de chance à l’époque,  voir ce qui était arrivé au malade et savoir s’il était possible de faire quelque chose.  Très honnête, il me fit savoir qu’il n’avait évolué que dans le milieu des ONG en qualité de formateur en IEC (Information, Education et Communication).

 parti classe politique drapeau malien vert jaune rouge

En convoquant ce souvenir, je veux m’émouvoir quelque peu à la vue de tous ceux qui en ce moment n’ont pour toute profession que la politique. Ce sont les mêmes qui se combattent à des moments donnés de manière acharnée, se canardent dans la presse, se jettent des peaux de banane sous les pieds, se retrouvent dans les congrès et instances de tous les partis. Au point de ne vivre que de politique et pour la politique. Ces gens-là sont traités par la population de «  Politigui-mogos « , ce qui signifie, dans l’entendement populaire, porteurs de «  politiguicouma  » dont le sens est faiseur de fausses promesses pour ne pas en dire ouvertement le sens même qui n’honore pas un adulte aspirant à diriger des communautés d’homme. Nombre d’entre eux ont oublié la formation professionnelle qui était la leur. Et dans leur tête, s’ils ne sont pas dans un exécutif, leur rôle va consister à enquiquiner ceux qui sont en fonction. Je pense qu’ils se doivent d’être un peu plus humbles.

 

Le 3è Congrès de l’URD s’est tenu le week-end dernier et le Président de ce parti qui était en fait une sorte de « Poteau d’attente  » céda le fauteuil à Soumi et l’on ne parla plus jamais du terme de «  Parrain du parti  » qui était jadis taillé sur mesure pourSoumi. Et l’on y tressa même des lauriers à un transfuge débarquant fraichement le jour même du Congrès et qui sera affublé d’un rang de 3è ou 4è responsable. C’est le genre de choses qui a le don de frustrer les militants, d’autant plus que le nouvel arrivant vient tout seul, sans aucun élu, aucune structure de son parti et aucun militant ! En catimini, avec un très large sourire dénotant sa joie de retrouver des jours de gloire d’une vie antérieure, accroché aux flans d’un certain Alpha Oumar Konaré…

Mon grand frère et ami lui aussi a gagné en grade lors de ce congrès après avoir raté les législatives dans son fief ! C’est bien du Soumi tout cru.

Espérons que le parti aura les reins assez solides pour supporter la désillusion qui est à venir à coup sûr car un transfuge aux bras ballants n’apportera rien mais plutôt une démobilisation des acteurs qui étaient en droit de se voir distingués ou à tout le moins, reconnus dans le rôle qu’ils ont tenu jusque-là.

En tout cas bon vent.

 

Idrissa DIOUF

SOURCE: L’Indépendant  du   2 déc 2014.
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