Le texte principal de la République du Mali exige que les chefs d’État, avant d’entrer en fonction, déclarent leurs biens devant le président de la Cour suprême. Un principe bien en soi, mais dépourvu de sens si nous savons qu’il ne s’agit que du conformisme pour bien préparer ensuite le vol organisé. Une honte pour la démocratie !
48 heures après son investiture, le président de la République se doit de déclarer ses biens devant le président de la Cour suprême, nous apprend la constitution de la République du Mali. Cette exigence, le président Ibrahim Boubacar Kéita s’en est acquitté le jeudi 6 septembre 2018. Cela est intervenu après avoir mis fin au mandat du gouvernement et reconduit le Premier ministre sortant, Soumeylou Boubèye Maiga, chargé de proposer la liste de son gouvernement.
À nous en tenir à ces faits qui se sont succédé au cours de la semaine dernière, des faits qui ne sont que des exigences du texte principal de notre constitution, nous pourrons être amenés à croire que ce président réélu est respectueux envers les lois de son pays. Mais tous ces faits ne relèvent que du conformisme pur et simple. C’est juste du trompe-œil car le peuple et le monde entier ne tarderont pas à découvrir toute la fausseté cachée derrière cette pratique.
Cette même constitution qui exige la déclaration des biens devant la Cour suprême précise également que cette pratique doit se renouveler annuellement. Au Mali, même si cela se fait, quel effet a-t-il ? Les biens de l’État sont dilapidés et les rapports du vérificateur général s’entassent et pourrissent dans les tiroirs parce que faisant état d’une vague de corruptions au sommet de l’État. Nous savons que la fonction de président de la République est juste devenue un poste d’enrichissement. On devient chef d’État afin de se construire et non pas construire le pays pour lequel, en principe, l’on a été élu. Qu’en est-il du nouveau palais de Sébénicoro en chantier depuis le début du premier quinquennat ? Un chantier qui doit normalement se poursuivre et s’achever au cours de ce nouveau mandat acquis dans la fraude légalisée.
Ce principe de déclaration de biens n’a pratiquement plus d’importances dans la démocratie si nous savons que plusieurs systèmes sont mis en place afin de contourner toutes les suspicions et de piller convenablement les richesses de la nation. Il s’agit d’une part des comptes offshore dans lesquels l’argent détourné se trouve niché sous le plus grand anonymat. D’autre part, il s’agit de cette autre pratique corruptrice et antidémocratique, à savoir la gouvernance familiale consistant au placement par le président des membres de sa famille à des postes de gouvernance pour qu’ensemble ils pillent les ressources du pays. Qu’en est-il de toutes les richesses du fiston national ?
Après toutes ces remarques, nous sommes amenés à ne plus croire à l’importance que puisse recouvrir cette pratique de publication de biens. Ce n’est que du conformisme qui ne contribue qu’à retarder le développement de la nation. Pour le bien de notre démocratie, il est grand temps que nous passions au respect strict des principes de ce régime le plus étendu au monde.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays