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Débats au conseil de sécurité de l’ONU: les opérations de paix décriées

Plusieurs pays contributeurs et membres du conseil de sécurité des Nations unies ont recommandé ont estimé, ce mardi 6 septembre, que l’efficacité des Opérations de maintien de la paix (OMP) est tributaire de mandats clairs, crédibles et réalistes, ainsi que de ressources logistiques et financières à la dimension des enjeux.  Cette réunion se tient dans un contexte où les missions des Casques bleus sont contestées dans certains pays comme en RDC. Et le Mali où est déployée la MINUSMA s’est opposé à des termes du mandat de cette mission onusienne.

 

Le Conseil de sécurité des Nations unies a ouvert le débat le mardi dernier sur les opérations de maintien de la paix dans le monde où plus d’une dizaine de missions sont en cours depuis 2020. Si les résultats de ces missions ne sont pas à hauteur des attentes de la population locale, pour Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix, il est à noter des progrès tangibles accomplis.

Toutefois, il a regretté que la tendance positive observée jusqu’en 2020 dans ce domaine se soit malheureusement inversée. Le Secrétaire général adjoint a précisé que 21 Casques bleus sont décédés en raison d’actes de malveillance jusqu’à présent en 2022, en précisant que la Mission des Nations Unies au Mali est la plus dangereuse.

M. Lacroix a appelé les États membres à mettre en œuvre les recommandations avancées pour améliorer la sécurité des Casques bleus et indiqué qu’une stratégie de défense intégrée est en train d’être mise en place pour une meilleure riposte face aux menaces.

« Nous avons besoin de l’appui des États », a-t-il sollicité en appelant notamment à combler les lacunes capacitaires des missions.

Les mandats des

opérations de maintien de la paix critiqués

À cet effet, le représentant du Gabon, Michel XAVIER BIANG, a observé que dans plus d’une dizaine de pays, notamment en Sierra Leone, au Burundi, en Côte d’Ivoire et au Libéria, les efforts de maintien de la paix de l’ONU ont fait une réelle différence, offrant des garanties essentielles de sécurité et facilitant des transitions politiques.  Cependant, a-t-il dit, dans plusieurs autres cas, ces efforts onusiens et la réaction de la communauté internationale se révèlent très en retrait des espérances, comme cela a été constaté en Somalie, au Rwanda et dans l’ex-Yougoslavie au début des années 90.

Parfois même, constate-t-il, la présence des opérations de maintien de la paix coïncide avec l’amplification et la chronicité des conflits. Déplorant cette situation, Michel XAVIER BIANG a appelé à faire de ces « revers » un sujet de réflexion et de remise en cause pour mieux calibrer les mandats et les déploiements des missions. Et pour le diplomate gabonais, l’approche des crises et la représentativité de l’ONU et de ses outils pour maintenir la paix internationale « relèvent d’une autre époque » puisqu’elle n’associe pas l’Afrique, qui abrite la plupart des opérations de maintien de la paix et représente l’essentiel de l’agenda du Conseil.

En effet, M. BIANG a dénoncé que l’Afrique n’y a toujours pas sa « légitime place autour de la table » et apparaît davantage comme un « enjeu des grandes puissances » plutôt qu’un acteur à part entière de la gouvernance internationale.

Autre défi à relever pour que les OMP soient à la hauteur des ambitions, pour le représentant du Ghana, M. Bismark ANYANAH, c’est d’éviter l’adoption des mandats inadéquats. Il a indiqué que l’ONU doit s’assurer que les mandats correspondent aux performances attendues des contingents fournis. Le délégué a souligné la nécessité d’une formation appropriée pour lutter contre les engins explosifs improvisés et le développement d’une communication stratégique pour lutter contre la désinformation.

Par ailleurs, il a notamment regretté que le Conseil de sécurité ne dispose pas de mécanisme établi pour faire face aux groupes extrémistes, dont les groupes terroristes.  De même, il est important, selon lui, pour les partenaires de garantir aux missions un financement suffisant, prévisible et durable.

L’adaptation des mandats aux réalités et aux besoins du terrain

Ainsi, le représentant du Gabon a soutenu que face à un environnement complexe et à la prolifération des conflits intra-étatiques, l’ONU doit « se réinventer continuellement » afin de donner des réponses à la mesure des défis sécuritaires.

Pour lui, il importe dès lors que le Conseil de sécurité s’assure non seulement de l’efficacité de ses missions de paix, mais aussi de l’adaptation de leur mandat aux réalités et aux besoins du terrain.  À ses yeux, l’efficacité des opérations de maintien de la paix est tributaire de mandats clairs, crédibles et réalistes, ainsi que de ressources logistiques et financières à la dimension des enjeux.

Leur succès, a-t-il ajouté, dépend également du respect des termes du mandat assigné, de la légitimité et de la crédibilité des opérations, de l’appropriation nationale et locale du processus de paix dans le pays hôte, de l’engagement de celui-ci à ne pas entraver les opérations de l’ONU et d’une implication constructive des pays voisins et des acteurs régionaux.

Ce même triste constat a été par Michael Kapkiai KIBOINO du Kenya qui a dit constater que l’évolution des menaces contre les opérations de maintien de la paix nécessite un partenariat et une coopération renforcée avec les communautés et les pays hôtes ainsi qu’avec les mécanismes de sécurité régionaux, afin d’acquérir une compréhension approfondie de l’environnement opérationnel, y compris la dynamique des conflits et les attentes sur le terrain.  Il a déploré que particulièrement en Afrique, les opérations de maintien de la paix n’aient pas fonctionné de manière optimale.

Par ailleurs, il a exprimé ses inquiétudes que les populations civiles se méfient et, dans certains cas, se retournent contre les Casques bleus vers lesquels elles devraient se tourner pour les protéger. De toute évidence, il est urgent que les missions regagnent la confiance des pays hôtes et des communautés locales, en se mettant à leur écoute, a suggéré M. Kiboino, qui estime que les missions doivent répondre aux dynamiques politiques et sécuritaires réelles, plus qu’aux attentes d’acteurs externes.

Éviter des fausses

espérances

Au-delà des frontières africaines, des plaintes sont formulées par d’autres pays comme l’Inde qui estime que le Conseil « doit éviter, lors de l’élaboration des mandats de missions, toute formulation susceptible de susciter de fausses espérances ».

Pour la déléguée de l’Inde, Mme Ruchira KAMBOJ, le problème principal est que les pays contributeurs de troupes ne jouent aucun rôle dans les processus de prise de décisions.

« Cette anomalie doit être corrigée le plus tôt possible », a-t-elle déclaré, appelant à combattre l’impunité s’agissant des crimes commis contre les Casques bleus.

Enfin, elle a demandé qu’une stratégie de retrait des missions soit élaborée dès leur conception.

« Il existe de nombreux exemples de missions redondantes qui continuent d’épuiser les ressources limitées de l’ONU », a ajouté la déléguée.

Par ailleurs, si Jean-Pierre Lacroix a estimé nécessaire d’améliorer la sécurité des Casques bleus, toutefois, pour le diplomate du Kenya, cela ne doit pas se faire au détriment de la protection des civils.  Pour lui, il doit être une exigence pour chaque pays contributeur de contingents de déployer des soldats de la paix correctement formés, qui comprennent parfaitement l’environnement opérationnel et qui s’engagent à y opérer.

De son côté, le représentant de la France a indiqué que son pays a accru ses efforts en allouant 3,7 millions de dollars en contributions volontaires au Secrétariat.

« Nous avons en particulier soutenu la transformation numérique du maintien de la paix, les efforts en matière de communication stratégique et de lutte contre les manipulations de l’information ainsi que la lutte contre les engins explosifs improvisés », a-t-il annoncé.

Il a aussi appelé à poursuivre le renforcement des composantes « droits de l’homme » chargées de rendre compte des violations commises sur le terrain.

Une position aux antipodes de celle de la Fédération de la Russie qui, dans un « souci d’efficacité », a, au contraire, appelé à réduire des tâches secondaires en citant les questions des droits humains et du genre.

« Ces questions détournent les Casques bleus de leurs fonctions essentielles et exigent des financements importants », a tranché le délégué russe.

Il a jugé indispensable que la définition des orientations des activités de maintien de la paix soit le fruit d’une démarche intergouvernementale.

Appuyé par son homologue de la Chine, celui-ci a argué que certains mandats relèvent « du politiquement correct » et peuvent devenir des outils de pression.

« La croissance incontrôlée des mandats sape parfois la confiance mutuelle entre une mission et les communautés locales qu’elles servent », a estimé la délégation.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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