“Le processus ne consiste pas à désarmer une communauté pour l’a rendre vulnérable… Il ne s’agit pas de désarmer X pour l’exposer à Y. Non. Il n’y a pas d’agenda caché derrière”, a annoncé Zahabi Ould Sidi Mohamed, président de la Commission nationale DDR, vendredi 11 octobre 2019, au cours de la cérémonie de lancement du DDR spécial dans la région du Centre (Mopti et Ségou), présidée par le Premier ministre, Dr Boubou Cissé.
Pour motiver les combattants armés du Centre à s’impliquer au DDR spécial, initié par le gouvernement, Zahabi Ould Sidi Mohamed, président de la Commission DDR, a détaillé le processus, ses objectifs et la stratégie mise en place pour une réussite totale. Il a profité du lancement au camp de Soufroulaye pour couper court aux rumeurs dans le but de “saboter” le processus et décourager éventuellement les combattants armés.
“Le processus ne consiste pas à désarmer une communauté pour l’a rendre vulnérable. Il faut que l’on comprenne cela. Il n’y a pas d’agenda caché derrière. Nous avons fait une carte, avec le concours des Fama, pour répertorier les zones tenues par des milices d’auto-défense. En même temps l’armée essaye d’adopter son déploiement de marnière à ce que le rôle de ces milices revienne à la force régalienne de l’Etat”, a expliqué l’ancien ministre Zahabi.
“Il faut que nous soyons très clair, il ne s’agit pas de désarmer X pour l’exposer à Y. Non, c’est fait avec un appui et une étude très claire. Le désarmement est volontaire et les communautés doivent savoir que l’armée monte progressivement sur le terrain, donc plus besoin de s’armer”, a-t-il insisté.
Selon lui, le programme a trois composantes. Il y a une composante intégration, qui vise à enrôler certains combattants démobilisés au sein des Famas. Là aussi, précise-t-il, il y a des critères claires : “être apte physiquement, avoir l’âge, la moralité et le respect du quota inscrit dans le cadre de la Loi de la programmation militaire”. Il rappelle : “pour Mopti, il est prévu 200 par cercle”.
Pour bénéficier du DDR, indique le président de la Commission, le combattant doit appartenir à un groupe d’auto-défense, toutes tendances confondues, où à l’un des mouvements signataires présentent à Mopti et qui s’inscrivent dans le processus DDR. L’autre critère principal, c’est d’être en possession d’une arme de guerre fonctionnelle. “Cette stratégie est le standard international. C’est la même chose qui a été appliquée aux groupes signataires de l’Accord. Tous le processus se déroule sous la supervision des Nations unies, notre partenaire”, explique-t-il.
“Nous avons eu plus de 8500 inscriptions. Certains sont venus avec des munitions ou de simples armes. Or, il faut détenir une arme de guerre fonctionnelle. Il y en a car ce sont avec ces armes qu’il y a l’insécurité. Nous avons déjà enregistré la première vague. Ce n’est pas fermé, les autres peuvent prendre le train en marche”, révèle M. Zahabi.
Pour l’instant, la commission a enregistré un premier groupe de 8504 combattants dont 496 pour les groupes signataires avec des armes de guerre. Parmi ces gens, affirme Zahabi, il y a 47 qui sont volontaires au volet réinsertion. Le deuxième groupe appartient à des groupes d’auto-défense. Dans ce lot, il y a 1631 qui se sont enregistrés dont 206 avec des armes de guerre et 1125 avec des fusils de chasse. “Le reste des 6570 sont venus avec des munitions. Ils doivent faire un effort pour ramener l’arme, s’ils l’ont caché quelques part, pour bénéficier du programme”, met-il en garde.
Après l’étape de l’inscription, il est prévu un streaming, une forme de vérification méthodique. Après la cérémonie de lancement, le Premier ministre à d’ailleurs visité les stands préparés pour faciliter le travail à la Commission DDR et la Commission d’intégration, dirigée par le général Poudiougou. Les vérifications, selon Zahabi, porteront sur les aptitudes physiques et mentales et les questions de droits de l’homme.
Une fois enregistré, le bénéficiaires bénéficiera d’une formation de trois mois aux camps. A la sortie, il rejoindra le rang des Fama ou sera accompagné pour s’implanter à son propre compte. Pendant leur séjour, ils bénéficient d’une prise en charge totale dans le camp avec une prime de 30 000 F CFA, en droite ligne avec les normes internationales en matière de DDR. “Après l’étape volontaire, il est prévu une phase obligatoire”, promet Zahabi Ould Sidi Mohamed.
Sory I. Konaté
(envoyé spécial à Mopti)