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Crise politique au Mali : Ces chefs d’Etat qui sortent de leur mutisme

Longtemps restés dans le silence total, les anciens chefs d’Etat du Mali : le général Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Dioncounda Traoré sont en train de conjuguer leurs efforts à ceux du Président IBK pour une sortie de la crise politico-sociale que traverse le Mali. C’est dire qu’entre Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition et la majorité présidentielle, la retrouvaille est imminente en vue de mener les réformes politiques et constitutionnelles.

Bientôt un cadre de discussion réunissant opposition et majorité présidentielle au Mali ? La médiation entamée par les anciens chefs d’Etat à l’initiative du président IBK  pourrait aller dans ce sens. La semaine dernière, le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, après avoir rencontré son ainé, IBK, a rencontré tour à tour  le général Moussa Traoré (1968 à 1991), Alpha Oumar Konaré (1992 à 2002), Amadou Toumani Touré (2002 à 2012), Dioncounda Traoré (Transition : 2012-2013).  Ces quatre hommes qui, pendant plus de quarante ans, ont tenu les rênes du pouvoir, n’avaient pas jugé nécessaire de faire entendre leur voix face à la situation difficile de leur pays. Une crise pourtant si « grave » qu’il est anormal qu’un homme d’Etat garde le silence.

Objectif, discuter des modalités d’un dialogue entre opposition et pouvoir afin d’endiguer la crise qui secoue le pays depuis près de sept mois.

C’est ce qu’on attendait d’eux. Les anciens chefs d’Etat du Mali ont décidé de surpasser leur ego et « se retrouver » autour de la situation politico-sociale de leur pays. Chacun en ce qui le concerne essaye tant bien que mal d’apporter sa recette afin que l’opposition politique qui exige un dialogue politique et la majorité présidentielle puisse enterrer la hache de guerre et regarder dans la même direction.

Première du genre dans notre pays, la retrouvaille des anciens présidents du Mali qui sont restés longtemps motus et bouches cousues fait suite à la volonté du Président IBK à aller à une décrispation de la crise multiforme actuelle avec des conséquences sur les secteurs d’activités socio-économiques.

Mais rien de tout cela n’avait suffi à faire sortir du silence les quatre hommes d’Etat qui ont présidé à la destinée du Mali. S’ils le font aujourd’hui, c’est dire que le pays unit peut relever d’énormes défis.

ATT qui a pris ses quartiers à la villa Pasteur, la résidence des hôtes dans le quartier du Plateau (Dakar), depuis sa chute du pouvoir en mars 2012 est resté muet ou du moins officiellement sur les questions de la nation. Président pendant dix ans, le général béret rouge, selon son entourage ne comprend pas d’où vient ce désamour entre la classe politique. L’homme fait parti de ceux-là qui ont privilégié le dialogue quand une crise intervient. C’est aussi ça sa force. C’est pourquoi, après qu’il ait dirigé la transition au Mali en 1992, il a été sollicité par l’Onu pour chapoter le dialogue centrafricain. ATT a réussit à réconcilier les centrafricains. Approché par IBK pour « éteindre le feu », l’ancien Président de la République saura trouver les mots justes pour faire en sorte que l’opposition et la majorité s’asseyent côte à côte pour débattre ensemble les sujets d’intérêts nationaux.

Alpha Oumar Konaré, Président démocratiquement élu du Mali, pouvait-il continuer de se taire face à la gravité de la situation politique? L’ancien président de la Commission de l’Union africaine (2003 à 2008) dont les coups de sang ont résonné au siège d’Addis-Abeba, pouvait-il rester sans réaction à la crise actuelle ?

Pour un de ses anciens collaborateurs, si le silence de celui qui fut notre premier responsable prenait le dessus sur la situation actuelle cela allait sonner comme un aveu de culpabilité de sa part.

Indifférent à l’agacement qu’il suscite, Alpha Oumar Konaré qui vit retranché dans sa résidence de Titibougou, a enfin compris qu’il est temps pour lui d’accorder le minimum de place à sa patrie qui a trop saigné sans qu’il agisse.  L’homme qui est entre Bamako et Paris ou en train d’animer les grandes conférences a voulu être « muet » pour éviter selon son entourage  qu’on n’instrumentalise ses propos. Approché discrètement par certains chefs d’Etats et responsables politiques afin qu’il donne son avis sur certains sujets, Alpha  n’a voulu ouvrir sa porte officiellement à personne. Si aujourd’hui, il décide de répondre à la demande de son cadet, IBK, il n’a fait que ce qu’il devrait faire depuis le début de la crise en 2012.

Syndicaliste, politicien, Dioncounda Traoré, est un homme doté d’un grand sens d’écoute et de patience. L’homme ne manque pas d’atouts pour convaincre Soumaila Cissé pour le faire  « revenir à la maison ».

Quant au général Moussa Traoré, il se montre, beaucoup, mais ne pipe mot en tout cas pas au moment attendu. Condamné à mort en 1993 (une peine commuée par la suite en prison à vie), puis gracié par Konaré en 2002, le général Traoré fait toujours d’autorité morale. GMT, c’est aussi ce président qui a porté le Mali dans son cœur.  A l’instar des deux autres président, lui aussi n’aime pas s’exprimer publiquement sur les affaires du pays. Qu’à cela ne tienne, GMT fait office de grands conseillers pour les personnalités et chef d’Etat. Bien qu’il ait été évincé par le général ATT, ce dernier a eu recours à ses services. Pour un ancien ministre, GMT est constamment consulté sur certaines questions de la nation par IBK, notamment d’ordre sécuritaire. Si sa sortie officielle sur la crise politique actuelle peut servir à éteindre le feu, il n’a fait que son devoir de citoyen malien.

Pour parvenir à un dialogue entre pouvoir et opposition et sortir le pays de la crise, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé se sont une nouvelle fois rencontrée le 5 mars, précisant un peu plus leurs méthodes.

Deux rencontres en l’espace d’une semaine après leur tête a tête du 26 février. Au centre des discussions : « décrisper » le climat politique du pays, à quelques mois des réformes politiques et constitutionnelles prévues.

« Nous sommes convaincus qu’il faut un dialogue élargi à l’ensemble des forces vives du pays », a souligné le président de l’URD.

Comme lors de leur première rencontre, Soumaïla Cissé et IBK ont essentiellement parlé du Mali, de leurs préoccupations et des défis du pays. « Nous avons revisité les hypothèses que nous avions faites » le 26 février, a déclaré le chef de file de l’opposition.

Pour cela, les deux hommes se sont visiblement partagé la tâche. IBK, qui a déjà rencontré il y a quelques jours l’ancien Premier ministre Soumana Sacko, Tiéblé Dramé et va continuer à rencontrer les chefs de partis politiques et anciens Premiers ministres.

Dans l’opposition comme la majorité, le temps est plutôt aux réjouissances surtout c’est du Mali qu’il s’agit. L’objectif est la réussite des réformes politiques et institutionnelles, alors que le calendrier électoral, les législatives et le referendum sont prévues pour début juin.

Dans les prochaines semaines, la dynamique de décrispation du climat politique pourrait conduire à deux hypothèses.« On peut s’attendre à un gouvernement d’union nationale qui est en réalité un partage de gâteau et qui va apaiser les esprits à court terme, mais sur le long terme la population risque d’être confortée à cette idée que les hommes politiques s’occupent en réalité d’eux-mêmes, explique Baba Dakono, chercheur à l’ISS. La deuxième hypothèse, serait la mise en place d’un cadre de concertation ouvert à tous les acteurs, y compris la société civile. C’est la meilleure option car ce cadre est moins coûteux pour l’Etat et il permettra de trouver rapidement un consensus sur les réformes politiques institutionnelles.

Mamadou Sidibé 

ARC-EN-CIEL

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