Le Mali va mal. Le pays est atteint dans tous les segments susceptibles d’impulser son développement économique. La situation d’ensemble du pays offre l’image d’un Mali qui a perdu aussi bien son intégrité territoriale (avec Kidal qui échappe au contrôle de l’Etat), que son indépendance économique et financière (dépendance totale à Bretton Woods et à la France et alliés) et politique (l’absence d’un Etat fort). Qui est responsable ? En premier lieu, Ibrahim Boubacar Kéïta, chef suprême de la magistrature, garant de la souveraineté nationale. Qui d’autre?: la société civile, les partis politiques de l’opposition et de la majorité (alimentaire), l’armée, le citoyen lambda etc. tous résignés au sort qui frappe le pays et plombe l’avenir de son peuple. Pourtant, chacun doit jouer sa partition pour sortir le Mali du chaos orchestré.
Aujourd’hui, un seul slogan vaut de l’or pour sonner la révolution chez les Maliens : « Fils du Mali, débout pour un Mali débout ! ».
Cet appel vaut d’autant plus le coup d’être lancé que, de nos jours, l’honnêteté intellectuelle et le courage patriotique nous commandent de reconnaître que le Mali est au bord du précipice, s’il n’a déjà engagé le plongeon. Et pour cause, notre Maliba, pays à l’histoire millénaire gît dans une situation sécuritaire généralisée très précaire, une crise économique et financière sans précédent engendrée par une mal gouvernance, un front social latent, et une forte demande sociale. Aujourd’hui, le pays tient encore grâce aux bouteilles de sérum placées et tenues par la Minusma, Barkane, le Fmi, de la Banque mondiale, l’Union européenne, la France, la coopération bi et multilatérale.
Cette situation chaotique, qui place le Mali sous tutelle internationale, est de la responsabilité de tous : aussi bien les autorités que les partis politiques de la majorité présidentielle et de l’opposition, la société civile et le peuple lui-même. Dans une démission collective, chacun assiste, en spectateur, à l’effondrement d’un pays, sosie d’un bateau sans gouvernail en passe de se désagréger.
C’est avec deux fléaux majeurs que le président Ibrahim Boubacar Kéita, plébiscité en juillet 2013 avec près de 78% par les Maliens comme étant l’Homme de la situation, a fait chuter le Mali en « deux temps, trois mouvements » : une mauvaise gouvernance instaurée comme mode de gestion des affaires publiques et une conduite complaisante du dossier du Nord du Mali.
Le Mali sombre…
A peine hissé au trône en septembre 2013, IBK hisse dans les hautes sphères de l’Administration malienne et des instances politiques, la famille, les amis, les alliés et les affidés. Les compétences sont mises à l’écart ; les cadres valables se retirent ou se refusent les rares sollicitations pour ne pas être témoins du folklore. Conséquence : la déliquescence de l’appareil d’Etat. Aujourd’hui, personne n’est nommé qui ne soit allié du pouvoir. Le chef de l’Etat a fait sien le principe : « Tu es avec moi, ou bien tu es contre moi ». C’est pourquoi, l’Administration malienne est caractérisée par des nominations contre-nature, des brimades, l’injustice et la chasse aux sorcières. Au lieu de rassembler, mobiliser et unir les Maliens, le chef de l’Etat a instauré la division entre les Maliens.
Autre élément de la mal gouvernance d’IBK : l’argent public alloué, dans un contexte de crise sans précédent, à l’achat d’un avion présidentiel (entre 16 et 21 milliards de FCFA selon les sources), d’équipements militaires (entre 69 et 108 milliards de FCFA), d’engrais (60 à 80 milliards de FCFA en fumée) et de tracteurs (13 milliards de FCFA). Le Mali sombre toujours dans ce trou creusé par les pouvoirs publics.
Par rapport à la crise du nord, le manque de vision politique et la gestion complaisante du dossier ont fait perdre Kidal au Mali et signer le pays au forceps un Accord (d’Alger pour la paix et la réconciliation) fortement contesté et qui en impose à l’Etat malien. Aujourd’hui encore, Kidal, Anéfis, Aguel hock et Tessalit, sont des localités interdites aux autorités maliennes. Au même moment, les régions de Gao, Tombouctou et Mopti sont en proie à une grande insécurité. Une insécurité qui, du nord a progressivement atteint le centre et le sud du pays. Jamais, la souveraineté du Mali n’a été malmenée, comme elle l’est actuellement.
Après IBK et son gouvernement, vient la société civile. Celle-ci n’a jamais joué son véritable rôle. Au contraire, elle courtise le pouvoir, le caresse dans le sens du poil même quand il ne le faut pas, effectue des missions (vides de tout contenu) à l’extérieur pour le compte de l’Etat. Quand ça tourne, elle est toujours aux basques de l’Etat ; mais quand ça cale dans le pays, elle se terre pour maquiller sa complicité dans la mauvaise gouvernance du régime d’IBK. Telle est l’image de la société civile malienne sous IBK. Notre société doit s’ériger en une force qui appuie les efforts de développement du pays et dans le cadre de la bonne gouvernance de l’Etat, mais aussi une force de contre-pouvoir quand l’Etat dérape.
Quid des partis politiques et du peuple ? Ils sont tous coupables. Aussi coupables qu’IBK autant qu’ils resteront résignés face au chaos endémique qui frappe de plein fouet le pays. Il urge que tous et chacun en soient conscients et se lèvent.
CH Sylla
source : L Aube