La cour d’assises de Bamako a condamné Ifédiorah Henry Onye Buchi de nationalité nigériane à 5 ans de prison avec sursis pour trafic international de drogue.
Course contre la montre à la cour d’assises. Le président vient de renvoyer un dossier de terrorisme pour faute d’interprète. Et un tas de dossiers devant lui.
«L’affaire ministre public contre Ifédiorah Henry Onye Buchi», annonce le président. Ifédiorah Henry Onye Buchi, le visage triste, se présente devant la barre. «Quel âge avez-vous ?» demande le président. «50 ans», répond l’accusé. «Qu’est-ce qui s’est passé ?» interroge le président.
«J’ai travaillé dans une société qui traitait avec le gouvernement. Mais après le changement de régime ladite société avait perdu son marché avec le gouvernement nigérian. Et je me suis retrouvé en chômage.» Soyez bref et constant» objecte le président. Et il poursuit d’une voix douce, «face à cette situation j’étais obligé de chercher une solution pour payer la scolarité de mes enfants», se lamente-t-il.
Le président hausse le ton : «Monsieur revenez sur les faits constitutifs de l’infraction.» Comment avez-vous transporté la drogue et pourquoi le choix du Mali ?» «Face à la précarité j’étais obligé de quitter le Nigeria pour le Brésil. C’était au Sao Paulo qu’un de mes compatriotes m’avait demandé de transporter la drogue au Nigéria en passant par le Mali par voie routière.»
«Quel genre de drogue ?» insiste le président avec ses questions, «cocaïne» affirme l’accusé» et lui d’indiquer qu’il avait avalé la drogue durant deux jours sans manger ni boire.
Une déclaration qui a enveloppé la cour d’un silence de cimetière. L’affaire en question s’est produite le 29 janvier 2017, à 1h10mn du matin, à l’arrivée du vol AT 523 de la Compagnie Royal Air Maroc, à l’Aéroport international Modibo Kéïta Sénou.
Suite à un contrôle des passagers par ciblage, le sieur Ifédiorah Henry Onye Buchi, ressortissant nigérian, était interpellé par les services de l’antenne de l’Office central des stupéfiants de la zone aéroportuaire. Il a été soumis au test d’urines dont le résultat a été positif à la cocaïne. Interrogé, il reconnaît avoir ingéré 66 boulettes de cocaïne avant d’effectuer le voyage de Sao Paulo au Mali en passant par le Maroc moyennant la somme de 5000 dollars.
«Sauver ses enfants»
Dans une réquisition laconique, le procureur a demandé à la cour de maintenir l’accusé dans le lien de la culpabilité et de lui reconnaître des circonstances atténuantes.
Son avocat, Me Modibo Sylla, joue la carte de la clémence devant la cour. Actualité oblige, «Monsieur le président, Mamadou Gassama vient d’être célébré par le monde entier pour avoir sauvé un enfant. Mon client cherchait à sauver quatre enfants», commente Me Sylla.
La cour d’assises de Bamako a condamné Ifédiorah Henry Onye Buchi à 5 ans de prison avec sursis pour trafic international de drogue.
Yehia Mahmoud
Source: Le Débat