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Cour d’assises de Bamako : Le prix de l’ivresse

Visiblement les jurés semblent n’avoir pas tenu compte de la relative jeunesse de l’accusé. Reconnu coupable à l’unanimité, ils l’ont condamné à la peine maximale comme cela a été demandé par le défenseur des citoyens.

Suspecté de coups mortels, un certain NT, la vingtaine a comparu à la barre, peu de temps après l’ouverture des travaux de la 1ère session des assises, lundi dernier, à la Cour d’appel de Bamako. Le tort du bonhomme ? Il semble qu’il a porté des coups de couteau sur la personne de AK pour une histoire de boisson alcoolisée dans un débit de boisson de la capitale. Les coups de poignard auraient entraîné la mort de celui-ci. Aux yeux de la loi, ces faits sont prévus et punis par l’article 202 du code pénal et peuvent donner lieu à l’application d’une peine criminelle.

L’acte d’accusation ne dit pas si l’accusé et sa victime entretenaient un lien d’amitié quelconque ou non. Mais, il est, par contre, clair que le jour des faits, c’est-à-dire courant juillet 2017, NT (le présumé auteur) et AK (la victime) se sont retrouvés dans le même débit de boisson à Hamdallaye-ACI, en commune IV du district de Bamako. Pendant qu’ils consommaient, une altercation aurait éclaté entre eux. L’effet de la boisson alcoolisée aidant, au lieu que la tension baisse, elle continuait à monter d’un cran au fil des minutes. Et, par la suite, arriva l’irréparable.

Visiblement éméché, NT a, dans la foulée de la discussion, sorti un couteau. Sans hésiter, il a poignardé son vis-à-vis, le blessant d’abord sur une partie vitale. Mais par malheur, quelques heures plus tard, c’est à dire le lendemain, la victime a rendu l’âme, des suites de ses blessures. C’est comme cela que les policiers du 5ème arrondissement sont entrés dans la danse.

L’auteur des coups de poignard est immédiatement interpellé pour être conduit dans les locaux de la police. Par la suite, les limiers ont ouvert une enquête judiciaire aux termes de laquelle, le nommé NT est renvoyé devant les juges de la Cour d’assises pour répondre des faits, à lui reprochés. Cela conformément aux dispositions de l’article cité plus haut.

Pandémie de la Covid-19 oblige, c’est un accusé portant un masque de protection et habillé en complet Jean’s qui s’est présenté à la barre. Les jurés ont, comme le prévoit la loi, procédé d’abord à l’identification du suspect avant d’engager les questions réponses. Et, là, sans tergiverser, le bonhomme a reconnu les faits tels qu’ils ressortent de son dossier tant à l’enquête préliminaire que devant le juge instructeur.

Dès ce moment, les dés étaient jetés pour lui. Sauf extraordinaire. Il ne lui restait plus qu’à détailler son acte pour que les jurés puissent comprendre les tenants et les aboutissants de son dossier. Là non plus, l’accusé n’a pas tergiversé.

Selon ses explications, la nuit des faits, pendant qu’ils étaient tous deux au bar, AK, sa victime, s’est approché de lui pour s’emparer de sa bouteille de bière posée sur la table, sans lui donner la moindre explication. Ainsi, NT dit n’avoir pas du tout apprécié ce comportement de la victime. Il ne pouvait pas resté sans réagir. C’est comme cela qu’une altercation s’en est suivie. Mais avant, la conduite du jeune homme avait été décriée par d’autres clients du bar. Et ils le lui ont fait savoir.

Après tout cela, au lieu de chercher à baisser la tension, ce dernier aurait, au contraire tenté de sévir, contre toute attente. Il se serait saisi d’une bouteille qu’il cassa. Et avec ces tessons en main, il a voulu agresser son futur bourreau NT.

Vu que la situation n’est pas près de se calmer, l’accusé dit avoir pris la fuite face à l’agressivité de sa future victime, pour aller se réfugier dans la rue, auprès d’un commerçant détaillant sur place. Malgré tout, AK l’aurait suivi avec des morceaux de bouteille cassée en main pour le blesser. @%1 Selon l’accusé, c’est vu tout cela qu’il a décidé d’agir. Ainsi dans la foulée, il se serait saisi d’un couteau auprès du détaillant pour poignarder son poursuivant au ventre.

Partant de ses explications, l’accusé voulait donner l’impression aux jurés qu’il avait agi en légitime défense. Cela ayant été compris, ceux-ci lui ont demandé de savoir si au moment où il agissait il n’était pas en état d’ébriété. à cette question, l’accusé acquiesça de la tête. Puis à haute voix, il a reconnu qu’il était effectivement dans les éthers au moment où il agissait. Et c’est sous ce dernier angle que les jurés semblent avoir centré les débats. Même si par la suite, l’accusé a fait part de ses regrets après son acte.

Appelés pour témoigner, des proches de la victime ont donné des bribes d’informations sur cette triste histoire suite à laquelle ils ont perdu un chef de famille marié et père de trois enfants.

Le ministère public, dans son réquisitoire a trouvé que « les faits étaient tout juste clairs ». Et de poursuivre que l’accusé n’a en aucun moment nié ces faits. Même si à certains moments il a tenté de nier certains détails d’une façon, a soutenu le magistrat debout. Sans vouloir éterniser les débats, il a juste requis que le jeune homme soit maintenu dans les liens de l’accusation.

Le conseil de celui-ci a d’emblée plaidé coupable. Il a surtout axé son réquisitoire sur deux points qui lui ont paru essentiels avec l’espoir d’amoindrir la peine de son client. Pour la robe noire, son client est très jeune. C’est pourquoi, il a estimé que c’est un délinquant primaire. Vu sa relative jeunesse, et surtout vu le fait qu’il est un délinquant primaire, l’avocat a surtout plaidé pour des circonstances atténuantes en faveur de son client.

Mais à la suite des questions qui ont résulté des débats, la cour a reconnu et retenu la culpabilité de NT avec des circonstances aggravantes. Se prononçant sur la peine, les jurés ont écarté toutes possibilités de lui faire bénéficier d’une quelconque circonstance atténuante. En dernier ressort, le parquet a requis de le condamner à la peine maximale.

L’avocat n’était évidemment pas de cet avis, revenu à la charge en tentant de multiplier les portes de sortie pour son client. Il a encore insisté sur la jeunesse de son client, tout en sollicitant la « clémence de la Cour ». « Donnez lui une chance de se ressaisir et de revenir dans la société pour faire quelque chose dans sa vie », a plaidé la robe noire.

Ensuite, dans la même veine, le conseil a plaidé un sursis. Mais hélas. Visiblement, toutes les portes de sortie semblaient bouchées pour l’accusé NT qui, aux termes des débats, a pris dix ans de réclusion criminelle.

Tamba CAMARA  Source: L’Essor- Mali

 

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