Le Danemark a annoncé la fermeture de ses ambassades au Mali et au Burkina Faso, justifiant cette décision par les récents coups d’État militaires. Cette décision unilatérale révèle une approche sélective et condescendante de la part du Danemark, qui semble choisir ses partenaires en fonction des critères arbitraires. Le Mali et le Burkina Faso, nations souveraines, affirment leur détermination à poursuivre leur chemin vers la stabilité et le développement, sans se laisser dicter leur conduite par des partenaires qui ne respectent pas leur ligne politique. Ces deux pays se passeront volontiers de ceux qui ne reconnaissent pas leur droit à l’autodétermination.
Le Danemark a annoncé la fermeture de ses ambassades au Mali et au Burkina Faso et compte en ouvrir au Sénégal, au Rwanda et en Tunisie. L’information a été donnée, hier lundi 26 août 2024, par le ministère des Affaires étrangères du Danemark. La diplomatie danoise justifie cette décision par ‘’les coups d’État militaires qui ont fortement limité les possibilités d’action dans la région du Sahel’’.
Cette décision intervient dans un contexte de détérioration des liens entre le Mali et certains pays européens. Récemment, les autorités maliennes ont rompu les relations diplomatiques avec l’Ukraine après que ce pays ait clairement affiché son soutien aux terroristes. Aussi, le Mali ordonné l’expulsion de l’ambassadrice de Suède à Bamako. Ce pays prévoit la fermeture de son ambassade d’ici la fin de l’année.
Dans sa nouvelle stratégie africaine, le Danemark va à l’inverse ouvrir des ambassades au Sénégal, en Tunisie et au Rwanda «dans le cadre de la nouvelle stratégie d’engagement du Danemark auprès des pays africains».
Au Rwanda, le Danemark comptait déjà un bureau qui doit être élevé à la qualité d’Ambassade. Le pays scandinave entend renforcer le personnel diplomatique et les ressources de ses ambassades en Égypte, au Kenya, en Afrique du Sud, au Nigeria et au Ghana. Il y aura dix personnes en plus en 2026 dans les ambassades déjà existantes par rapport à aujourd’hui.
En outre, il compte nommer un représentant spécial pour la région des Grands Lacs et du Sahel.
«Notre ambition est d’être présents là où cela fait sens, là où nous voyons un potentiel et là où nous avons des intérêts danois clairs», a dit à la presse le ministre des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen.
La nouvelle stratégie entend notamment se concentrer sur le domaine de l’eau. Au cours des prochaines années, le Danemark prévoit de consacrer plus d’un milliard de couronnes (134 millions d’euros) d’aide à de nouvelles initiatives bilatérales dans ce domaine. Rien qu’en 2025, une enveloppe de 425 millions de couronnes doit y être consacrée. Parmi les autres secteurs au programme, le Danemark met en avant les migrations, la sécurité et les échanges culturels.
Rappelons que l’Ambassade du Danemark au Mali a été ouverte en septembre 2006 et les deux pays se sont engagés dans une coopération à long terme avec la signature du premier accord de coopération en novembre 2006. Mais, la coopération au développement entre le Danemark et le Mali a débuté dans les années 1990.
L’engagement du Danemark au Mali comprend la diplomatie, l’appui à la société civile, l’appui aux jeunes entrepreneurs, l’adaptation au changement climatique, l’aide humanitaire et la coopération bilatérale et multilatérale au développement. Le Danemark travaille en étroite collaboration avec des partenaires locaux, internationaux et danois.
En février 2022, le Danemark avait annoncé de suspendre partiellement son aide au développement au Mali après le départ contraint de ses soldats de notre pays, ainsi qu’au Burkina Faso en raison du coup d’Etat militaire.
La décision a été actée par le ministre du Développement Flemming Møller Mortensen.
«Nous mettons tout le plan en pause et nous en faisons un réexamen clair», avait-il expliqué le week-end dernier dans une interview au quotidien Jyllands-Posten.
«Nous continuerons à soutenir les projets humanitaires et de la société civile, mais la coopération avec les ministères centraux est remise au tiroir et fait l’objet d’une nouvelle réflexion, avec l’ONU et l’Union européenne», avait précisé le ministre.
Cette décision faisait suite à une exigence des autorités maliennes qui avaient soudainement exigé le départ de la centaine de soldats danois tout juste arrivés au Mali, jugeant que leur présence n’avait pas fait l’objet du «consentement» de Bamako.
Avant ces brouilles, le Mali était un des pays prioritaires de l’aide au développement du Danemark, qui consacrait plus de 0,7% de son PIB à l’aide internationale, une part parmi les plus élevées du monde.
PAR MODIBO KONÉ