Hier mercredi 28 juin, s’est tenu à la basilique vaticane un consistoire ordinaire public au cours duquel le Pape François a fait cinq nouveaux cardinaux dont l’Archevêque de Bamako, Jean ZERBO, qui a reçu le titre cardinalice de Saint-Antoine-de-Padoue sur la Via Tuscolana.
C’est au cours d’une cérémonie plein de sens, que le pape François a créé hier mercredi cinq nouveaux cardinaux, qui confirment l’attention que le Souverain Pontife porte aux communautés catholiques les plus petites et les plus reculées, en Afrique et en Asie, mais aussi en Europe. Ce consistoire ordinaire public célébré à la basilique Saint-Pierre de Rome, s’est déroulé en toute solennité et en plusieurs actes : Salut liturgique, prière, lecture de l’Évangile (Mc 10, 32-45), suivi de l’adresse de son éminence Jean ZERBO, premier des nouveaux Cardinaux dans l’ordre au Saint-Père au nom de ses collègues.
Après l’Homélie papale, puis de formule de création, chaque nouveau Cardinal s’est approché ensuite du Pape s’agenouiller devant lui pour recevoir la barrette, l’anneau cardinalice, son titre cardinalice ou sa diaconie. C’est dans cette position de prosternation que le Pape a placé la barrette sur la tête des différents impétrants, en récitant la formule consacrée : Reçois cette « pourpre en signe de la dignité et de l’office de Cardinal, elle signifie que tu es prêt à l’accomplir avec force, au point de donner ton sang pour l’accroissement de la foi chrétienne, pour la paix et l’harmonie au sein du Peuple de Dieu, pour la liberté et l’extension de la Sainte Église catholique et romaine ».
Après leur avoir remis la barrette et l’anneau cardinalices, le Souverain pontife a assigné à chacun des nouveaux cardinaux leur titre cardinalice.
Pour souligner leur lien particulier avec le pape, évêque de Rome, chaque cardinal a reçu en effet une paroisse de Rome dont il est le curé en titre.
Ces titres sont : Cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako (Mali) : Saint-Antoine-de-Padoue sur la Via Tuscolana ; Cardinal Juan José Omella, archevêque de Barcelone (Espagne) : Sainte-Croix-de-Jérusalem ; Cardinal Anders Arborelius, carme, évêque de Stockholm (Suède) : Sainte-Marie-des-Anges ; Cardinal Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, vicaire apostolique de Paksé (Laos) : Saint-Sylvestre-de-la-Tête ; Cardinal Gregorio Rosa Chavez, évêque auxiliaire de San Salvador (Salvador) : Saint-Sacrement de Tor de’Schiavi.
Lors de son homélie, le Pape François s’est adressé à eux en leur expliquant que Jésus « marche devant » et leur demande de le suivre résolument sur son chemin.
« Jésus marche résolument vers Jérusalem. Il sait bien ce qui l’attend et il en a parlé plusieurs fois à ses disciples. Mais entre le cœur de Jésus et le cœur des disciples, il y a une distance, que seul l’Esprit saint pourra combler. Jésus le sait, c’est pourquoi il est parti avec eux, il leur parle avec franchise, et surtout il les précède, il marche devant eux.
Le long du chemin, les disciples eux-mêmes sont distraits par des intérêts non cohérents avec la “direction” de Jésus, avec sa volonté qui ne fait qu’un avec la volonté du Père. Par exemple – nous l’avons entendu – les deux frères Jacques et Jean pensent qu’il serait beau de s’asseoir à la droite et la gauche du roi d’Israël (cf. v. 37). Ils ne regardent pas la réalité ! Ils croient voir et ne voient pas, savoir et ne savent pas, comprendre mieux que les autres et ne comprennent pas…
La réalité, au contraire, est tout autre, c’est celle que Jésus garde présente à l’esprit et qui guide ses pas. La réalité, c’est la croix, c’est le péché du monde qu’il est venu prendre sur lui et déraciner de la terre des hommes et des femmes. La réalité, ce sont les innocents qui souffrent et meurent à cause des guerres et du terrorisme ; ce sont les esclavages qui ne cessent pas de nier la dignité, même à l’époque des droits humains ; la réalité, ce sont les camps de réfugiés qui parfois ressemblent plus à un enfer qu’à un purgatoire ; la réalité, c’est le rejet systématique de tout ce qui ne sert plus, y compris les personnes.
C’est cela que Jésus voit, tandis qu’il marche vers Jérusalem. Durant sa vie publique, il a manifesté la tendresse du Père, guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du malin (cf. Ac 10, 38). Maintenant, il sait qu’est venu le moment d’aller au bout, d’arracher la racine du mal, et pour cela, il va résolument vers la croix.
Nous aussi, frères et sœurs, nous sommes en chemin avec Jésus sur cette route. En particulier, je m’adresse à vous, très chers nouveaux cardinaux. Jésus “marche devant vous” et il vous demande de le suivre résolument sur son chemin. Il vous appelle à regarder la réalité, à ne pas vous laisser distraire par d’autres intérêts, par d’autres perspectives. Il ne vous a pas appelés à devenir “des princes” de l’Église, à “être assis à sa droite ou à sa gauche”. Il vous appelle à servir comme lui et avec lui. À servir le Père et les frères. Il vous appelle à affronter, avec la même attitude que lui, le péché du monde et ses conséquences dans l’humanité d’aujourd’hui. En le suivant, Lui, vous marchez vous aussi devant le peuple saint de Dieu, gardant le regard fixé sur la croix et sur la résurrection du Seigneur.
Et alors, par l’intercession de la Vierge Mère, invoquons avec foi l’Esprit saint, pour qu’il comble toute distance entre nos cœurs et le cœur du Christ, et que toute notre vie devienne un service à Dieu et à nos frères ».
L’autre message de la lettre du Pape est que l’Église est universelle, elle n’est pas une institution figée dans le passé. Elle est proche des pauvres, des derniers, de toutes les périphéries de la planète et le Pape a bien voulu le faire remarquer, de fort belle manière. L’annonce officielle des noms de ces cinq cardinaux créés par le Pape François a suscité une grande attente.
Elle montre sa vision de l’Église, en particulier, en ces temps de réforme de la Curie romaine, ce gouvernement de l’Église que le Pape a entrepris de réaliser.
Par Mohamed D. DIAWARA