A tous les niveaux et dans toutes les bouches c’est le même constat : le niveau des élèves maliens est très faible. On ne se demande pas toujours quelles sont les raisons profondes de cette situation et si on le fait, l’on s’empresse, la plupart du temps, d’accuser les élèves d’en être les premiers responsables. Ce serait des fainéants, des inconscients, des tricheurs… Voire ! Or il y a pire. La plupart des professeurs et des maîtres du lycée et du fondamental, les plus anciens surtout, ont des leçons qu’ils dictent à plusieurs générations d’élèves, des leçons qui ne changent pas d’une seule virgule et qui sont consignées sur des feuilles jaunies par le temps.
Comment peut-on prétendre apporter aux élèves le meilleur enseignement possible si l’on ne se remet pas en cause en renouvelant la forme de ce qu’on enseigne ? Prenons le cas de ce qu’on appelle la dictée de contrôle mais qui n’en est pas une. Il est très facile pour tout élève d’avoir zéro en dictée de contrôle : il suffit, comme on le fait, de lui donner un texte avec des mots difficiles à faire ou des accords impossibles à trouver. A ce jeu même les meilleurs professeurs de Français pourraient, eux aussi, avoir leur zéro. Je ne vous parle pas de la fameuse dictée de Mérimée mais d’un texte quelconque qui serait truffé de mots rares et d’accords subtiles. Voilà pourquoi les maîtres devraient faire preuve d’imagination pour attirer les élèves – les cancres surtout, mais pas seulement. Il suffit pour cela et, en ce qui concerne la dictée, de ne faire que des dictées préparées où les élèves auront vu le texte et où les accords auront été expliqués. C’est cela la dictée de contrôle car on vérifiera après si l’lève a oui ou non compris ce qui lui avait été expliqué. Il en sera de même pour la rédaction et la dissertation. On étudiera un sujet en classe, on expliquera la nature du sujet et l’on recensera les éléments littéraires qui doivent entrer dans la rédaction pour l’illustrer et à charge pour les élèves de rédiger tout cela à la maison ou en classe. Pour être sûr d’avoir de bons résultats, les élèves qui n’auront pas réussi leur dissertation ou rédaction, la reprendront en intégrant les corrections du maître. Après quoi on validera les notes et on passera à un autre sujet et ainsi de suite. Car l’enseignement n’est pas un jeu de cache-cache dans lequel le maître s’ingénie à coller ses élèves. C’est pourquoi il est difficile de comprendre ces professeurs qui jurent ne pas donner plus de 13 à un élève en dissertation littéraire ou philosophique. Le meilleur enseignement est celui qui fait acquérir des connaissances et permet de progresser. Dans tous les domaines de l’art, de la connaissance, l’on forme les apprenants à partir de modèles. Quelle est l’efficacité d’un enseignement où 90% des élèves (voire plus) ont, toute l’année, ZÉRO en dictée, et des notes minables en dissertation ? Sinon que de former des élèves qui chômeront les cours et seront très peu motivés. Le Français n’est pas notre langue maternelle, notre langue première. C’est une langue étrangère que peu de nos élèves parlent déjà le jour de leur première classe. Il faut donc les aider à apprendre, à parler et à écrire cette langue qu’ils sont condamnés à utiliser toute leur vie. Certes la pléthore des classes est un sérieux obstacle à ce genre d’apprentissage mais on pourrait sérier les difficultés en se concentrant prioritairement sur les élèves les plus faibles. C’est une question d’engagement. On pourrait imaginer d’intégrer les matières scientifiques en proposant des sujets similaires aux exerces pratiques où seuls les chiffres seront différents. Il faut oser enseigner autrement tout en respectant les consignes officielles. C’est en cela qu’on identifie un bon maître. Au fait, combien aviez-vous en dictée de contrôle… ?