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Colonel Faguimba Keita : « Un tel état de catastrophe à Bamako, dû à la pluie, c’est du jamais vu !»

Le Républicain : Monsieur le Directeur régional de la protection civile, Bamako est sous les eaux, situation d’une rare gravité après la pluie diluvienne qui s’est abattue sur la capitale?niger pluie diluvienne inondation

Le colonel Faguimba Keita : Effectivement Bamako a reçu une très grande quantité de pluie cet après midi, qui a causé beaucoup de dommage. C’est l’une des premières fois que je vois un état de  catastrophe  qui dégénère sur Bamako à travers la pluie. Le bilan est assez catastrophique, il y a plus de 20 morts et la plupart des personnes ont moins de 10 ans, deux femmes et des hommes.

C’est une pluie qui a arrosé la ville pendant plus de trois heures d’horloge. Le bilan humain est extrêmement lourd. C’est du jamais vu à Bamako. Des maisons se sont écroulées et certains ont perdu leurs vivres et des  effets personnels. Il y a eu beaucoup de dégâts matériels.

Le Républicain : Quels sont les quartiers les plus touchés ?

Les quartiers les plus touchés sont en commune I notamment Banconi dans quatre secteurs qui sont extrêmement touchés et c’est à ce niveau qu’on a enregistré une vingtaine de morts. En plus de la commune I, la commune IV du district de Bamako précisément à Lafiabougou Taliko, la zone de Djicoroni para et environnants. L’eau a fait de grand ravage dans ces domaines et il y a eu plusieurs victimes.

Mais il s’agit d’un bilan provisoire car il faut s’y attendre, dans les heures et les jours à venir le bilan peut s’alourdir en termes de perte en vie humaine. A noter qu’il y beaucoup de personnes disparues qui j’espère seront retrouvées dans les heures et les jours à venir.

Le Républicain : quelle était la nature de vos interventions durant la journée ?

Pendant ce jour, notre première intervention était le sauvetage. Il y a  des personnes qui étaient coincées dans les maisons et on a pu les extraire et d’autres étaient en état d’être emportées par l’eau qu’on a pu sauver par le biais de nos éléments.

Il y a eu aussi la mise en sécurité des personnes dans les lieux sûrs. On pu extraire l’eau dans des zones inondées avec les moyens du bord (motopompes). Ces lieux seront habitables dans les jours à venir.

Aujourd’hui ce qu’il faut retenir, c’est que beaucoup de personne sont en état de sinistre ce qui fait que l’aide d’urgence s’impose. Cette aide d’urgence sera les lieux d’accueils et l’apport en nourriture, en matériel sanitaire etc.

Le Républicain : Avez-vous un appel à l’endroit de la population ?
L’appel que j’ai à lancer à l’endroit de la population, c’est d’être vigilant aujourd’hui parce que les enfants sont les premières victimes. Plus de 80% des victimes sont des enfants de moins de 15 ans donc c’est aux parents de veiller sur les enfants surtout quand il pleut.

Les gens qui habitent dans des concessions anarchiques (les maisons en banco)  qu’ils se mettent dans des lieux sécurisées pour éviter d’être des victimes potentielles.

Il y a le problème d’assainissement aussi car les 90% des caniveaux de Bamako sont bouchés alors que ces caniveaux sont des passages naturels d’eau.

A cet effet, les chefs de famille, de quartiers et les autorités politiques et administratives doivent prendre des dispositions nécessaires pour procéder à l’assainissement afin de limiter les dégâts. Je profite de votre micro pour dire que les médias se doivent aussi d’être des relais.

Aujourd’hui, beaucoup de personnes  sont menacées, la mentalité de notre population est telle que même si la maison est en état de délabrement, les occupants ne sortent pas.

J’invite donc les médias à lancer un appel pressant à toutes les personnes qui sont dans le risque, de rapprocher les services de protection civile afin de prendre les dispositions idoines. Dorénavant, s’il y a des situations de ce genre, chacun à son niveau doit prendre les dispositions nécessaires.

Le Républicain : les autorités ont un grand rôle à jouer ?

Naturellement nos moyens sont limités, nous sommes entrain de nous débrouiller avec les moyens du bord. Mais qu’à cela ne tienne, cette précarité ne nous empêche pas de faire face à nos missions.

Même aujourd’hui (ndlr, mercredi le 29) nous étions débordés. Avec l’aide de la population, nous essayons de faire mieux malgré nos maigres moyens.

Tout le monde doit aider la protection civile, ce n’est pas seulement l’affaire des Sapeurs pompiers. Nous sommes en plein hivernage, les pluies diluviennes vont certainement continuer pendant ce mois. Tout le monde doit prendre les dispositions nécessaires pour se mettre à l’abri.

Aguibou Sogodogo
Moussa Samba Diallo
B. Daou

Source: Lerepublicainmali

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