Préféré au vieux Tienan Coulibaly le 22 avril 2019 pour occuper le très convoité fauteuil de Premier ministre, chef du gouvernement, le jeune technocrate Boubou Cissé, docteur en sciences économiques, précédemment ministre de l’économie et des finances dans le gouvernement SoumeylouBoubèyeMaiga, a bénéficié d’un soutien populaire ponctué par la signature d’un inédit accord politique de gouvernance qui a su débaucher certains ténors de l’opposition politique. Ce boulevard royal qu’il s’est offert pour mettre en application la lettre de mission du 13 mai 2019 a lui confiée par le président IBK, se rétrécit progressivement. Le perceptible blocage à plusieurs niveaux, commence à faire des grincements de dents partout principalement chez plusieurs partenaires.
La nomination d’un nouveau Premier ministre a toujours apporté un déclic psychologique au sein de l’opinion publique. Celle du Dr Boubou Cissé n’a pas fait exception à la règle : D’abord elle est intervenue à un moment où il y avait méfiance et rupture de confiance entre son prédécesseur et la population (multiplication des manifestations de tout genre), la classe politique (majorité et opposition confondues) … Ensuite, fraichement nommé, Boubou Cissé a proposé avant la mise en place de son équipe gouvernementale, un accord politique qui aura l’adhésion de l’EMP (Ensemble pour le Mali) dans son entièreté, du COFOP (Collectif des Forces Patriotiques) et une partie du FSD (Front pour la Sauvegarde de la Démocratie). Il s’agit du Parena, et du PSP. Aussi, le nouveau chef du gouvernement a eu le soutien des religieux à travers MohamoudDicko, président du Haut conseil islamique d’alors. En somme, un parterre de soutien qu’aucun de ses prédécesseurs n’a pu avoir. Ce qui l’ouvra un boulevard royal pour la mise en application des priorités et objectifs à atteindre comme le stipule la lettre de mission du président IBK. Il s’agit de poursuivre l’exécution et le prolongement des chantiers déjà ouverts dans l’apaisement du climat social, la lutte contre le terrorisme, la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger ainsi que la mise en œuvre du programme présidentiel d’urgences sociales. Boubou a su bénéficier d’une bonne période de grâce de la population qui voyait en lui un messie.
Même si l’heure du bilan n’a pas encore sonné, après 10 mois à la tête du gouvernement, le PM Cissé peine à imprimer sa marque et pire. De par ses actes maladroits, il a créé et entretenu un bicéphalisme au sein de son équipe désormais scindée en proche du PM et autres. Ces derniers qui sont nombreux ont la malchance de voir toutes les activités de leur départementignorées ou négligées. Il est bien facile de remarquer que le PM nese déplace qu’avec ses ministres qui lui sont proches. Ces bisbilles entre le chef du gouvernement et des ministres peuvent avoir 2 explications : La 1ére, c’est la configuration du gouvernement qui place Boubou Cissé comme acteur principal dans l’accomplissement cumulatif des postes de Premier ministre, chef du gouvernement et de ministre de l’économie et des finances. Ce qui fait que dans la pratique, en cas de problème (ou d’incompréhension) entre le ministre de l’économie et des finances et un autre collègue du gouvernement, c’est l’arbitrage du premier ministre qui est sollicité. Pour le cas typique du gouvernement Boubou Cissé, c’est la même personne qui devient juge et partie à la fois. Plusieurs ministres ont fait les frais de cette injustice et sont presque écartés des activités et missions primatoriales contrairement à ceux du cercle restreint. La 2e explication se situe au niveau de l’ambition présidentielle mûrie par le jeune PM pourtant réputé technocrate. Cette ambition qui est un secret de polichinelle s’expose graduellement. Normal ! car comme on le dit souvent, le pouvoir change l’Homme. Boubou y a pris goût depuis qu’il a fait son entrée dans le 1er gouvernement du 1er mandat d’IBK sous la conduite du jeune Premier ministre d’alors Oumar Tatam Ly, dans lequel il occupait le poste de ministre de l’Industrie et des Mines. Et depuis, il n’a manqué aucun gouvernement jusqu’à nos jours. Au fil des ans, il a su tisser discrètement son réseau jusqu’à ce qu’il soit bombarder chef du gouvernement. Aussitôt après sa prise de service, le nouveau patron s’est défait des collaborateurs jugés très proches de son prédécesseur. Son audience à l’Elysée en septembre 2019 lui a donné des ailes dans son ambition de prendre les rênes du pays. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il multiplie beaucoup d’efforts dans sa communication personnelle que dans celle du gouvernement. Dans les salons feutrés à Bamako, l’actualité dominante concerne le fossé qui s’agrandit entre le Dr Boubou Cissé et des ministres de son gouvernement qui ne sont pas de son cercle restreint, et qui se voient empêcher ou même marginaliser dans l’exercice républicain de leur fonction. Cette forme d’injustice freine la bonne marche de l’action gouvernementale au grand désarroi de ceux-là qui jouent auprès du Mali, un rôle d’hercule dans le cadre du développement amorcé. Il s’agit des partenaires.
Fraîchement réélu en 2018, IBK qui a placé sa 2e et dernière mandature sous le signe de la jeunesse, pourrait lui renouveler sa confiance juste après les législatives et l’installation de la nouvelle assemblée nationale (mai juin 2020), à condition bien sûr que le jeune PM arrête ses agissements qui, en réalité ne font que plomber la réussite de tout le gouvernement. Wa Salam.
Oumar Baba TRAORE