Libéré sous la pression de sa corporation, le Pr Broulaye Samaké, en liberté provisoire en attendant son jugement prévu le 24 avril 2025, a été accueilli en héros ce vendredi 4 avril au CHU Gabriel Touré. Ce jour-là, il est apparu comme une victime de l’injustice.
À la veille de l’expiration de l’ultimatum menaçant de paralyser le système sanitaire, le Pr Broulaye Samaké, placé sous mandat de dépôt le 24 mars 2025, a été libéré par le tribunal de la commune VI alors qu’il était accusé d’expropriation forcée, selon les affirmations des syndicats.
Les poings levés en signe de victoire, il a été accueilli en véritable héros par les travailleurs du CHU Gabriel Touré lors d’une assemblée générale qui a mobilisé d’autres syndicats solidaires. Un front uni des blouses blanches contre « l’injustice » dont aurait été victime le Pr Samaké a permis sa libération.
« Je vous remercie de votre mobilisation. Je salue les différents syndicats qui se sont engagés en faveur de ma libération. Je remercie l’ensemble des travailleurs du CHU Gabriel Touré, c’est grâce à leur mobilisation que je suis là aujourd’hui. Que Dieu vous récompense », a déclaré le Pr Samaké, entouré des responsables syndicaux. Selon lui, sans cette mobilisation massive exigeant sa libération, il serait peut-être encore en détention.
« Nous remercions tous les travailleurs, de Kayes à Kidal, pour leur mobilisation. Tout le monde s’est mobilisé pour que ce jour arrive », a déclaré le porte-parole du syndicat des travailleurs, Amadou Maïga, après une semaine de grève partielle.
L’incarcération du Pr Samaké dans une affaire foncière l’opposant à un officier de la gendarmerie a suscité une vague d’indignation des syndicats, relançant le débat sur les abus de la justice dans notre pays et la portée du Pacte de stabilité sociale et de la croissance signé en août 2023.
Ce document était censé privilégier la concertation entre les acteurs sociaux et l’État afin de réduire considérablement les mouvements de grève.
Le secrétaire général du syndicat des travailleurs du CHU Gabriel Touré, Loseny Bengaly, invité sur Renouveau TV, a déploré le manque de réactivité des autorités à leur médiation.
« Le Pr Broulaye a été arrêté un lundi. Dans un premier temps, nous avons privilégié la voie de la négociation. C’est lorsque nous avons constaté que cette voie n’était pas porteuse que nous avons décidé de recourir à la grève », a expliqué M. Bengaly.
Si, pour Landoure Guida du Syndicat national de la santé, le motif d’arrestation du Pr Samaké se fondant sur l’expropriation forcée qui ne se tient sur aucune base juridique, son incarcération est une entorse à la loi. Selon lui, l’ordre des médecins devait, en principe, être informé de toute action judiciaire contre l’un de ses membres. Ce principe dans l’affaire impliquant le Pr SAMAKE n’a pas été respecté par le juge chargé du dossier.
“La libération du Pr Broulaye n’est pas la fin de l’affaire. Nous allons veiller désormais que la loi soit respectée pour mettre fin aux abus de justice. Cette situation est profitable à l’ensemble des usagers de la justice, mais seulement aux médecins”, a déclaré M. Guida.
Malgré cette libération obtenue sous pression, les syndicats affirment qu’ils resteront vigilants jusqu’à la fin de cette affaire, qui, selon eux, est loin d’être une affaire personnelle.
« En 2005, nous avons acquis des terrains avec des titres fonciers pour les travailleurs. Ces titres ont été attribués au personnel de Gabriel Touré par un système de lotissement, soit un total de 210 lots, dont la gestion a été confiée à un notaire », a précisé Loseny Bengaly, responsable syndical du CH Gabriel, lors de leur conférence de presse tenue le jeudi 3 avril dernier.
A l’issue de l’assemblée générale, le syndicat des travailleurs a levé ses mots d’ordre de grève partielle au CHU Gabriel Touré, CHU du Point G, de l’hôpital du Mali ainsi que des centres de santé des communes I et II.
Par Sikou Bah