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Chronique satirique: le festin du siècle

Le Conseil des Ministres du 28 janvier 2015 a adopté un projet de loi de programmation militaire. Derrière cette expression rebarbative se cache un projet fort croustillant: il s’agit de dépenser pour l’armée la bagatelle de 1.230 milliards de FCFA sur une période de 5 ans (de 2015 à 2019).

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Le Conseil des Ministres du 28 janvier 2015 a adopté un projet de loi de programmation militaire. Derrière cette expression rebarbative se cache un projet fort croustillant: il s’agit de dépenser pour l’armée la bagatelle de 1.230 milliards de FCFA sur une période de 5 ans (de 2015 à 2019).

Pour ceux qui n’auraient pas la notion des chiffres, 1.230 milliards, c’est à peu près l’équivalent des recettes annuelles de l’Etat malien. Amis compatriotes, vous voilà prévenus: avec la bombance qui s’annonce, marchés de gré à gré et lait Nido au menu, ne perdez plus votre temps dans les champs d’arachide: enrôlez-vous vite dans l’armée pour occuper les meilleures places à la table.

Bon, eh  bien ! Que fera donc l’armée de cette montagne de fric ?

Le gouvernement, qui adore tout cacher sous les buissons, consent, cette fois-ci, à nous donner quelques détails:

– 427.598.785.583 FCFA pour les investissements;

– 442. 577.348.718 FCFA pour le fonctionnement;

– 360.387. 838.048 FCFA pour le personnel.

Vous l’aurez remarquez, les auteurs du projet de festin, pardon!, du projet de loi ont le don de poésie. Jouant sur les mots comme Corneille sur les strophes, ils ne se donnent pas la peine de dire en quoi les dépenses de « fonctionnement »de l’armée diffèreraient des dépenses de « personnel ». Du coup, je me sens en droit de penser que les deux tiers des dépenses prévues sont adroitement éclatés entre deux chapitres qui n’en font en réalité qu’un. Histoire de servir, comme d’habitude, au bon et brave peuple de la poudre de perlimpinpin. Mais passons…

Avec une touchante sincérité, le gouvernement annonce ses objectifs:

– Parer à toutes les menaces susceptibles de peser sur la Nation;

– bâtir une force capable de défendre la population et le territoire en combinant les impératifs de défense, de sécurité intérieure, de sécurité extérieure et de politique étrangère.

– préparer les forces de défense à faire face aux crises majeures et aux nouvelles formes d’insécurité;

– améliorer la  capacité opérationnelle et la mobilité des unités combattantes;

– améliorer le cadre de vie et de travail du personnel et du commandement.

Les buts ci-dessus indiqués sont, en soi, merveilleux: à moins d’être un indécrottable « hassidi »,  tout le monde doit reconnaître qu’« unité combattante » mérite un équipement digne de ce nom. Le hic, c’est qu’en fait d’« unités combattantes », le Mali n’en a plus une seule depuis la chute de Balla et des Balladins. Les officiers appelés à diriger les troupes sur le terrain sont devenus, à la faveur des multiples promotions exceptionnelles « diagnè watti », des bureaucrates trop hautement galonnés pour affronter le soleil et le désert du nord. Le seul nom de Kidal donne la fièvre Ebola aux soldats rescapés du 24 mai 2014. Les contingents formés par la mission militaéire européenne portent, certes, des surnoms pompeux (« Balanzan », « Waraba », etc.) mais, en pratique, ils s’avèrent plus prompts des jambes que de la gâchette. L’armée de l’air est, pour sa part,  mangée par les termites depuis le siècle de l’almamy Samory Touré: c’est là que l’on rencontre les avions-cercueils, les (vrais) avions sans papiers et les colonels motocyclistes. Par ailleurs, la France, à la fois tuteur du Mali et protecteur des groupes rebelles du nord, bloque toute livraison d’avions de combat au Mali. Ladji a eu beau se dire Charlie et marcher à Paris aux bras de François Hollande et de Netanyaou, il n’obtiendra pas la levée de sitôt la levée de l’embargo français. Résultat: faute d« unités combattantes », notre pays en est réduit à sous-traiter sa défense à des milices d’autodéfense comme le GATIA et les dissidents du Mouvement Arabe de l’Azawad. Pour toutes ces raisons, mon petit doigt me dit que le plus clair des dépenses servira, non à équiper des « unités combattantes » chimériques, mais à dorloter le peuple des garnisons. Ainsi, pour les soldats, ce sera des galons neufs, des uniformes griffés Pierre Cardin, de belles bottes d’acteur de cinéma, des képis dorés et patatati et patata! Pour ce qui est du « commandement » (entendez les généraux, colonels et assimilés), ce sera des climatiseurs, des 4X4 Toyota V8 et quantité de pain au raisin. On fera défiler tout ce beau monde bien sapé tous les 20 janvier et la messe est dite.

Bien entendu, pour dépenser 1.230 milliards en 5 ans, de nouveaux marchés de gré à gré sont inévitables avec, à la clé, des chaussettes climatisées à 20.000 FCFA l’unité et des chars immatriculés aux îles Caïmans. La pluie de milliards à dépenser étant trop épaisse pour un vieux retraité comme le colonel Ba Ndaw, celui-ci est débarqué sans sommation du ministère de la Défense au profit d’un jeune allié personnel de Ladji Charlie : Tiéman Hubert Coulibaly. Au nez et à la barbe du RPM qui, après avoir convoité en vain la primature, se retrouve encore une fois le bec dans l’eau. Soit dit en passant, Tiéman Hubert Coulibaly est diplômé de communication; il excelle donc dans l’art de prévenir les « fuites » médiatiques qui ont conduit en enfer les marchés du Boeing et des équipements militaires dont les montants varient comme le climat, selon qu’on écoute les officiels ou qu’on lit les rapports d’enquête.

En définitive, sous son premier mandat, Ladji Charlie sera heureux comme l’empereur Soudjata après la victoire de Kirina.

Non seulement il va dépenser 1.230 milliards, mais en outre et surtout, il se donne toutes les chances de re-dépenser le même montant en préparant en douce le renouvellement de son bail à Koulouba. Voilà pourquoi il vient de verrouiller à quadruple tour la machine électorale en nommant à la tête du ministère de l’Administration Territoriale son ancien directeur de campagne, Idrissa Maiga. Au lieu de s’inquiéter de ce petit tour de magie, l’opposition fait du tourisme à Gao. Elle aura un réveil brutal, inch Allah!

 

Tiékorobani

 

Source: Procès Verbal

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