La propension à l’accumulation excessive des biens et à la prodigalité à tout bout de chemin est ce que le philosophe Aristote appelait la chrématistique. La plupart des délinquants à col blanc s’adonnent à ce luxe ostentatoire par besoin d’affirmation. Cette tendance résulte en effet d’un complexe d’infériorité vivement ressenti, de frustrations autrefois subies, d’un manque de personnalité actuel, ou tout simplement d’une concurrence infantile avec un délinquant à col blanc de même calibre, toutes maladies de la personnalité dont chacun veut triompher par une expression exubérante de sa puissance financière. Mais c’est plus qu’il n’en faut pour une personne, pour une famille. Une ostentation de ce niveau n’est rien d’autre qu’un signe de faiblesse mentale, qui pourrait inspirer l’axiome que dans un pays pauvre, l’acharnement chrématistique des individus est un indice fort du sous-développement de l’ensemble.
Prenons deux exemples pour illustrer les propos d’Aristote :
Au Mali, il est assez fréquent de voir un homme ou une femme surgir ex-nihilo avec une immense fortune parfois sans aucune traçabilité en train de distribuer de l’argent à gauche et à droite sous prétexte d’aider les déshérités/nécessiteux. Pardon ! Dans un État sérieux et responsable la création et le fonctionnement d’une entreprise obéit à des textes et nul ne peut s’enrichir subitement sans qu’on ne sache d’où provient sa fortune.
L’une des meilleures manières d’aider à la lutte contre la pauvreté et l’oisiveté au sein de la population juvénile c’est de leur montrer le bon exemple d’hommes ou de femmes qui ont réussi dans les études ou dans l’entrepreneuriat privé en mettant l’accent sur leur parcours tant académique que professionnel. Ainsi, les jeunes pourront être influencés par la manière dont on crée de la richesse au lieu d’être étourdis par la distribution insolente d’argent ou de biens matériels accumulés dont ils s’efforcent au quotidien de connaître la source de provenance.
Dans son livre “Le défi mondial”, Jean-Jacques Servan-Schreiber raconte son étonnement d’avoir voulu rendre visite à M. Mitsubishi et d’avoir plutôt retrouvé un vieil homme, accoudé sur le balcon d’un appartement, à côté d’une vieille dame. Il leur déclara qu’il voulait voir M. Mitsubishi, et le vieil homme lui répondit tranquillement: « C’est moi ». Il n’y avait aucun parking rempli d’aucune voiture !
Les deux exemples ci-dessus évoqués sont inversement proportionnels:
Dans le premier cas, celui du Mali, il s’agit d’hommes ou de femmes, improductifs, vains, et vaniteux.
Dans le deuxième, celui du Japon, d’un industriel, productif à l’échelle mondiale, puissant, calme et discret.
Les Japonais sont riches et sérieux.
Les Maliens, pauvres, improductifs et vaniteux.
Pareille mentalité ne permet pas à un pays de décoller.
À quand le changement ?
Un adage ne dit-il pas que ce sont les tonneaux vides qui font du bruit ?
PS: Batouly Niane est devenue une personnalité publique du moment où elle est à la tête d’un mouvement politique. Les citoyens Maliens doivent désormais s’intéresser à ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit. Dans ce cas elle doit accepter les critiques provenant de ces adversaires politiques dans un contexte où le Malikoura exige la transparence et la traçabilité dans l’utilisation des fonds utilisés pour faire de la politique.
Si nous continuons à fermer les yeux ou la bouche sur certains faits et gestes de certaines personnalités publiques nous risquons de nous retrouver avec un Président élu financé et soutenu par les narcotrafiquants. Ce qui fera du Mali un narco-État. Qu’Allahou SWT nous en préserve !
Sambou Sissoko