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Centrafrique: rétablir la sécurité, défi majeur de Samba-Panza

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Catherine Samba-Panza prête serment ce jeudi après-midi devant le Parlement provisoire qui l’a élue lundi. La nouvelle présidente centrafricaine de transition nommera ensuite son Premier ministre, dans un contexte de violences extrêmes. Une quinzaine de personnes ont été tuées à Bangui ces deux derniers jours.

La sécurité reste un enjeu majeur en République centrafricaine, et la nouvelle présidente va devoir s’atteler à l’un de ses dossiers les plus urgents : celui du désarmement des groupes armés. Dans son premier discours de présidente, ce lundi, Catherine Samba-Panza a tout de suite tendu la main aux anti-balaka et aux éléments de l’ex-Seleka.

L’appel de Catherine Samba-Panza à « ses » enfants

« Je lance un appel pressant à chacun et à chacune d’entre vous, pour soutenir l’œuvre de reconstruction de notre chère patrie. Je lance un appel vibrant à mes enfants anti-balaka qui m’écoutent. Manifestez votre adhésion à ma nomination en lançant un signal fort de dépôt des armes. A mes enfants ex-Seleka, qui m’écoutent également, déposez vos armes. Aux forces de défense et de sécurité, regagnez vos corps respectifs pour apporter l’appui nécessaire aux troupes de la Misca et de Sangaris pour ramener la sécurité et l’ordre public », a-t-elle lancé lors de son discours, lundi.

Pour le moment les forces françaises de l’opération Sangaris ont renoncé à vraiment désarmer la Seleka, comme elles entendaient pourtant le faire au moment de leur arrivée en Centrafrique, début décembre. La force française se contente d’imposer le cantonnement des ex-rebelles sur une dizaine de sites à Bangui. Dans leurs bases, ceux-ci conservent tout leur armement, mais ils n’ont pas le droit de circuler en ville en armes.

La Seleka toujours puissante militairement

Aujourd’hui, avec ses 7 000 hommes rien qu’à Bangui, l’ex-Seleka conserve toute sa puissance militaire. Un argument de poids dans les négociations actuelles pour la formation du gouvernement.

Mardi les leaders de l’ex-rébellion ont été reçus par Catherine Samba-Panza. Ils se disent d’accord pour déposer les armes, mais posent leurs conditions : en contrepartie de la démission de Michel Djotodia, ils demandent certains ministères de souveraineté, comme la Défense. Ils veulent peser, aussi, sur la nomination du futur Premier ministre et attendent un « vrai programme de réinsertion », que ce soit dans la future armée nationale ou dans l’administration.

Un mouvement anti-balaka sans commandement central

De leur côté, les leaders des anti-balaka ont, eux aussi, été reçus par la présidente centrafricaine, mercredi. Ils demandent, eux aussi, des ministères comme la Défense, l’agriculture. Ils réclament une meilleure représentation au sein du Parlement provisoire, mais aussi la tenue d’une « conférence nationale sur le pardon ».

Le problème, c’est que le mouvement anti-balaka – dont les membres sont souvent armés de machettes – n’est pas coordonné. Il n’y a pas de commandement central. Résultats, les exactions continuent. Membre des anti-balaka, le lieutenant Konaté, un jeune homme de 32 ans autrefois membre des forces armées centrafricaines qui se prononce en faveur du dépôt des armes, promet de faire le ménage dans ses rangs.

« C’est à nous, maintenant, de faire la paix entre nous », estime-t-il. « Les anti-balaka sont bien cantonnés. Les responsables sont là, les suivent de près. Donc nous, les cantonnés, on ne fait pas d’opération militaire. Pour l’instant, on reste dans nos coins et on attend le jour où, le moment venu, on va déposer les armes », assure le lieutenant Konaté. Mais il affirme aussi qu’« il y a des gens qui se déguisent en anti-balaka [et] qui font des exactions au nom des anti-balaka ».

Civils contre civils

Pour ce membre des anti-balaka, « il y a des mesures de précaution à prendre pour régler la situation. C’est ce que l’on essaie de faire : dans les huit arrondissements de Bangui, il y a la présence des anti-balaka, on désigne un groupe de combat,[qui] sont là pour patrouiller dans la ville au cas où on a laissé nos numéros de téléphone aux chefs de quartiers. Au cas où, ils nous appellent directement et on envoie une intervention sur le champ. »

En deux jours, rien qu’à Bangui, une quinzaine de personnes ont été tuées et 27 ont été grièvement blessées, la plupart à l’arme blanche. Une violence extrême qui inquiète, d’autant que l’on assiste à une mutation de ces violences, qui sont de plus en plus le fait de civils contre des civils. Ailleurs dans le pays, l’insécurité est encore totale. Des combats ont ainsi eu lieu dans la ville de Bouar, à Bouali.

rfi

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